Poèmes épars (Lenoir-Rolland)/Hommage à la mémoire de Lenoir

Texte établi par Casimir HébertLe pays laurentien (p. 17-18).


Poésie

HOMMAGE À LA MÉMOIRE DE M. JOSEPH LENOIR


Ô muse de la poésie,
Pleure Joseph Lenoir qui n’est plus !
Le sort a, loin de cette vie,
Emporté l’un de tes élus.
Son cœur si noble et si sensible
Est aujourd’hui froid, impassible
Comme le marbre du tombeau.
Et sa muse si gracieuse,
Hélas ! trop tôt silencieuse,
S’est éteinte comme un flambeau !

Il était encor dans un âge
Où l’on espère de longs jours.
Ô mort ! voilà donc ton ouvrage !
Tu nous l’as ravi pour toujours ;
Mais au Canada, sa patrie,
Par lui sincèrement chérie,
Son souvenir ne mourra pas,
Et les doux accents de sa lyre,
Ses vers où la grâce respire
Braveront la faux du trépas.

Nous, ses amis, pleurons sur sa perte funeste,
Honorons ses vertus et son talent modeste,
Comme est tout vrai talent ;
Rendons un juste hommage au caractère
De ce parfait ami, du tendre époux, du père,
Du chrétien excellent.

Ah ! si trop tôt du monde il a quitté la scène
Où tout est éphémère, où plus vive est la peine
Que la félicité,
Son âme aimante et bonne à son Dieu rappelée,
En laissant son argile, au ciel s’est envolée,
Vers l’immortalité.

Ô toi, dont la mémoire
Bien longtemps, pour ta gloire,
Restera dans nos cœurs,
Toi dont l’âme d’élite
Ignorait son mérite,
Semblable aux humbles fleurs !

Toi, qui vois à cette heure
La sublime demeure
Où règne l’éternel,
Dans ce ciel sans nuage
Accepte mon hommage,
Mon adieu solennel !

A. MARSAIS.