Le mort (1895)
PleureusesErnest Flammarion (p. 111-114).
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LE MORT


Il dort dans sa fête d’aïeul.
Sur le mur, c’est la même estampe ;
La chambre n’attend plus la lampe,
Et le soir semble entrer tout seul.

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Tout bruit s’est tû — le lit est mort ;
Simplement, le rideau se penche.
Seule — sur la poitrine blanche
La croix d’ébène pense encor.


… Tout doucement c’est lui qui règne.
L’ombre implore ses regards clos.
Voici sur son front en repos
Le malheur de la nuit qui saigne.

Et le silence, hymne qui dort,
Le transfigure d’un vieux charme.
Il est dans la beauté des larmes,
Et nous, nous sommes dans la mort…

Consolé, c’est lui qui console
Les pauvres choses de toujours…
Dans la morne clarté des cours
Le monde contemple l’idole

Il est comme au cœur de l’adieu
Que fait la terre ténébreuse ;
Sa chair est calme et bienheureuse
Et mort, c’est lui qui croit en Dieu !


Vers lui va toute voix qui chante,
Tout amour béni de souffrir…
Le soir achève de mourir
Sur sa tranquillité vivante.