Plaisirs cruels/Avant-propos du traducteur

Traduction par Ely Halpérine-Kaminsky.
Plaisirs cruelsCharpentier (p. v-vii).

AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR

Le volume de Tolstoï que nous présentons aujourd’hui au lecteur sous le titre de Plaisirs Cruels complète celui, précédemment publié par MM. Charpentier et Fasquelle, intitulé : Plaisirs Vicieux. C’est contre ces deux lèpres morales : la Cruauté et le Vice, que le comte Tolstoï, comme bien des moralistes avant lui, s’élève particulièrement dans ses nombreux écrits. Il montre que le plaisir que nous croyons éprouver dans certains cas n’est qu’une jouissance factice et dénaturée, parce qu’elle est basée sur la cruauté ou le vice que la saine morale ne peut pas approuver.

Nous avons vu ce que Tolstoï comprend par les mots : « plaisirs vicieux ». Aujourd’hui il nous dit que les tueries d’hommes ou d’animaux sont des « plaisirs cruels ».

C’est évident pour tout le monde, mais cela le devient moins lorsqu’on spécifie davantage ces plaisirs, lorsqu’on y range : la guerre, la chasse et jusqu’à l’abatage des animaux alimentaires.

Ceci est le côté négatif de la morale de Tolstoï. Pour montrer qu’il ne se borne pas à critiquer nos mœurs actuelles, nous faisons connaître en même temps, comme dans le volume précédent, ses idées positives, le remède qu’il croit avoir trouvé pour nous guérir de nos penchants vicieux ou cruels. Il le fait dans l’étude : le Bonheur et, avec une émotion et une sincérité particulières, dans sa Profession de foi.

Dans une préface magistrale, A. Dumas fils, a commenté, approuvant ou rectifiant, les idées exprimées par Tolstoï dans Plaisirs Vicieux. Cette fois, c’est M. Charles Richet, l’éminent professeur de la Faculté de médecine de Paris, qui nous dit, avec l’autorité de l’homme de science, ce qui, dans le principal écrit de l’auteur de Plaisirs Cruels, mérite d’être retenu. Sollicité ainsi pour un examen indépendant, le lecteur pourra porter un jugement plus juste sur les graves problèmes qui se débattent devant lui.

É. H.-K.