Texte établi par Maresq et Cie, Libraires, Vialat et Cie, Éditeurs (p. 341-348).


LXXVII.

la chute d’un ministre.

Les événements que nous venons de raconter s’étaient passés pendant le voyage d’Alliaga et son retour à Madrid. Nous demanderons maintenant à nos lecteurs la permission de revenir au confesseur du roi, que nous avons laissé à l’hôtel de Santarem, au moment où l’officier de l’inquisition, Spinello, venait l’arrêter.

— Je suis prêt à vous suivre, répondit froidement Alliaga, et il fit un pas dans l’antichambre.

Spinello s’était fait accompagner de deux membres du saint-office, et, pour plus de sûreté, d’une vingtaine de soldats de la sainte Hermandad. Piquillo jeta sur eux un coup d’œil, et reconnut dans celui qui les commandait un ancien garçon parfumeur qui lui avait été autrefois recommandé par la senora Cazoleta.

En rencontrant son regard, l’honnête et malencontreux alguazil baissa la tête d’un air qui voulait dire : C’est mon état, je suis obligé d’obéir.

Spinello fit un signe impératif, et la brigade avança d’un pas.

— Un instant, dit Alliaga, je demande à voir en vertu de quel ordre on m’arrête.

— En vertu d’un ordre du grand inquisiteur lui-même, répondit Spinello d’un air insolent.

Et il exhiba un parchemin que Sandoval lui avait envoyé depuis huit jours.

— Les ordres émanés de l’inquisition et du grand inquisiteur doivent être exécutés dans les vingt-quatre heures, répliqua Piquillo.

— Et celui-ci est daté d’hier, répondit Spinello d’un air victorieux en le lui présentant.

En effet la date avait été laissée en blanc par Sandoval, qui, dans une lettre particulière, avait recommandé à son agent de mettre cette date le jour même de l’arrivée d’Alliaga à Madrid.

Piquillo prit le parchemin, le regarda et dit lentement :

— Cet ordre d’arrestation n’a pu être daté ni signé, hier, par le grand inquisiteur.

— Et pourquoi, s’il vous plait ? s’écria Spinello en ricanant.

— Attendu que depuis huit jours Son Excellence Bernard y Royas de Sandoval est tombé dans les mains des Maures de l’Albarracin, et que dans ce moment il est prisonnier. C’est ce que je viens annoncer au roi.

À ce coup inattendu, tous les alguazils se regardèrent consternés et comme si la chrétienté eût été dans le dernier péril.

Spinello lui-même avait été un instant déconcerté ; mais se remettant promptement :

— Il n’en est pas moins vrai que cet ordre suprême…

— Ne peut être valable ; il y a fausseté ou surprise, seigneur Spinello, et j’ai là sur moi un autre acte dont ces messieurs ne révoqueront point en doute l’authenticité, car il est écrit et signé de la main même du roi.

Le remettant alors au chef des alguazils, Piquillo ajouta :

— Cet ordre vous prescrit de m’obéir comme à Sa Majesté elle-mème, et je vous ordonne d’arrêter à l’instant le seigneur Spinello et ses deux acolytes, comme coupables envers le grand inquisiteur et le saint-office du crime de faux.

Le brave alguazil ne se le fit pas dire deux fois. Il fit signe à ses gens d’entourer Spinello, qui voulut vainement réclamer.

— Vous vous justifierez devant Sa Majesté elle-même, s’écria Piquillo ; et je vais de ce pas lui rendre compte de cette affaire.

Spinello, commençant à s’effrayer du tour que prenait la chose, essaya de balbutier quelque excuse. Un geste d’Alliaga commanda à la sainte Hermandad de l’emmener ; et quand ils furent tous disparus, Piquillo sentit près de lui quelqu’un qui venait de tomber à genoux et qui baisait le bas de sa robe.

C’était Gongarello.

— Bravo ! maître ! s’écria-t-il. Voilà ce que j’appelle se tirer d’affaire. Nous sommes sauvés !

— Pas encore. Cela seulement me prouve que nous avons à lutter contre de puissants ennemis dont il faut se hâter de déjouer les manœuvres.

Il se rendit à l’instant même au palais du roi.

Le comte d’Avila, qui, ce jour-là, était de service, était parent du duc de Lerma ; il parut étonné à la vue d’Alliaga.

— Je comprends, se dit celui-ci en lui-même, on me croyait déjà dans les prisons du saint-office.

Et sans faire attention au trouble de l’officier des gardes, il se présenta à la première porte qui conduisait aux appartements du roi.

Le comte d’Avila se plaça respectueusement devant lui, le salua et lui dit :

— Mon révérend, il m’est défendu de vous laisser entrer.

— Moi ! confesseur de Sa Majesté !

— Vous-même !

— Qui a donné cet ordre ?

— Le cardinal-duc.

En effet, et dans le cas où le confesseur du roi se rendrait directement au palais, le ministre avait pris d’avance ses précautions.

— Je respecte l’autorité de monseigneur le duc de Lerma, répondit Alliaga, mais j’en connais une supérieure à la sienne, c’est celle de Sa Majesté.

Et il lui montra la lettre qu’il tenait du roi.

Le comte d’Avila, placé entre le souverain qui régnait de droit et celui qui régnait de fait, se trouvait dans un embarras inexprimable. Quelque parti qu’il prit, il redoutait une disgrâce ; mais sachant, après tout, que la colère du favori était plus redoutable que celle du monarque, et connaissant l’importance que le duc de Lerma attachait à ne pas laisser pénétrer Alliaga près du roi, le comte d’Avila s’enhardit et balbutia ces mots :

— Mes ordres immédiats et directs me viennent du cardinal-duc ; je ne puis vous laisser entrer, mon père, qu’autant que le ministre lui-même aura changé ma consigne.

À cette fermeté inattendue et qui renversait tous ses projets, Alliaga tressaillit, mais cherchant à cacher son trouble, il répondit :

— Prenez-y garde, monsieur le comte, on ne désobéit pas impunément à son souverain. Un motif des plus graves m’appelle auprès de Sa Majesté, et si quelque malheur arrive, c’est vous qui en assumerez sur vous toute la responsabilité.

L’officier aux gardes hésita un instant, mais il comprit qu’il s’agissait d’une de ces occasions décisives à la cour, occasion de disgrâce ou de fortune éclatante, et comme, pour mille raisons, il avait confiance dans l’étoile du ministre tout-puissant, il protesta à haute voix de son zèle pour le duc, son parent et son protecteur, déclara qu’il lui était dévoué corps et âme, et qu’il ne le trahirait jamais.

Alliaga, ainsi repoussé aux yeux de tous les courtisans qui encombraient l’antichambre, sentit qu’il était perdu, que c’en était fait de lui et de son crédit s’il donnait à cet échec le temps de se répandre. Il sortit précipitamment, et cela lui fut d’autant plus facile que la foule s’écarta vivement de son passage, et que personne, pas même de ses meilleurs amis, ne l’arrêta un instant pour lui serrer la main.

Il se rendit aux anciens appartements de la reine, où il avait toujours conservé ses entrées ; appartements alors déserts et dont les domestiques avaient, presque tous, été placés par lui. La nouvelle de sa disgrâce n’était d’ailleurs pas connue, et chacun s’empressa de l’accueillir avec ce zèle affectueux et prévenant que rencontre partout la faveur.

— Dieu soit loué ! dit-il en franchissant le seuil de l’oratoire de Marguerite, où il avait demandé qu’on le laissât seul, rien n’est désespéré. Ô ma bienfaitrice, protége-nous encore !

Il traversa la chambre à coucher de la reine, s’élança par le passage secret qu’il connaissait si bien et qui conduisait dans la chambre et, de là, dans le cabinet du roi. C’est par ce corridor qu’il avait naguère sauvé Aïxa et l’avait préservée du déshonneur et de la mort. Cette fois encore il s’agissait de ses frères, dont l’avenir et l’existence maintenant dépendaient de lui seul et de sa faveur.

Jamais Alliaga n’avait êté aussi avide du pouvoir ni aussi désireux de s’en emparer.

Il arriva sans obstacle à la chambre du roi. Là se tenait le premier valet de chambre, M. de Latorre, toujours en place, toujours soldé par Sa Majesté ainsi que par la comtesse d’Altamira et par le duc d’Uzède, et dont le zèle, pour servir tant de monde à la fois, se multipliait comme ses appointements.

Il n’avait donc garde de laisser pénétrer dans le cabinet de son maitre le confesseur du roi, qui, dans les circonstances actuelles, lui était signalé par ses deux autres maitres comme l’homme le plus dangereux pour lui, attendu qu’il pouvait lui faire perdre son triple traitement.

M. de Latorre, sans prendre aucun ménagement, répondit brusquement qu’on n’entrait pas dans le cabinet de Sa Majesté, le roi étant triste, malade, et désirant être seul.

— Mais moi, son confesseur ?

— Raison de plus.

— S’il en est ainsi, j’entrerai.

— Le roi l’a défendu.

— Le roi l’a permis et vous commande de m’obéir… témoin cet ordre de sa main. Lisez… Savez-vous lire ?

— Non, mon révérend, répondit effrontément M. de Latorre, qui comprit qu’en ce moment l’instruction devait le perdre et l’ignorance faire sa fortune. Je ne sais pas lire !.. pas plus que mon grand-père, qui était bon gentilhomme, mais je sais observer ma consigne, continua-t-il en se posant fièrement devant la porte, et je vous déclare qu’on n’entrera dans le cabinet du roi que de vive force.

Il prononça ces derniers mots avec un air de bravoure qui voulait dire :

— Et je suis plus fort que vous !

Piquillo, qui avait eu un moment d’espoir, voyait encore tous ses projets renversés par un nouvel obstacle aussi impossible à prévoir qu’à franchir. Le confesseur du roi ne pouvait pas lutter contre un valet de chambre, surtout d’une taille aussi supérieure et d’une encolure aussi avantageuse que celle de M. de Latorre.

N’importe, il n’y avait pas à réfléchir ; il n’y avait pas non plus de temps à perdre, et d’un mouvement rapide il s’élança vers le cabinet du roi.

M. de Latorre l’arrêta par le bras, mais de l’autre Alliaga se mit à frapper rudement à la porte. En vain le zélé valet de chambre voulut l’entraîner : l’intrépide moine, s’accrochant au bouton de cuivre doré de l’un des panneaux, se mit à crier à haute voix :

— Sire ! sire ! c’est un de vos serviteurs qui revient vers vous.

Le roi ne répondit pas.

— C’est moi ! c’est Alliaga !

On entendit marcher dans le cabinet du roi.

— J’ai à vous parler des affaires les plus importantes, du salut de votre royaume.

Les pas s’arrêtèrent.

— J’ai à vous parler de la duchesse de Santarem.

On entendit un pas vif et précipité, et au moment où M. de Latorre, redoublant d’efforts et d’énergie, venait de détacher la main d’Alliaga de son seul appui, et l’entraînait à l’autre bout de la chambre, la porte du cabinet s’ouvrit, le roi parut.

— Je suis sauvé ! s’écria Piquillo.

— Je suis perdu ! se dit en lui-même M. de Latorre.

Alliaga se précipita sur les pas du roi, dont la porte se referma.

— C’est toi ! c’est toi ! s’écria Philippe avec émotion ; toi, mon seul ami, ma consolation, mon soutien ! Si tu savais combien j’ai pensé à toi, avec quelle impatience je t’attendais et je désirais te voir !

— Et Votre Majesté tardait bien à m’ouvrir.

— Je n’osais pas.

Le roi prononça ce mot à voix basse, mais si vivement qu’il sembla lui avoir échappé malgré lui. Puis, comme honteux de tant de faiblesse, il courba la tête et garda quelques instants le silence.

Alliaga, qui pendant ce temps l’examinait, fut étonné et presque effrayé du changement de ses traits, de sa pâleur, des rides précoces qui sillonnaient son front et surtout du désordre de sa personne et de ses vêtements.

Le roi leva vers lui des yeux où roulaient quelques larmes :

Et Piquillo se jeta à ses genoux en s’écriant :

— Mon maitre ! mon maitre, parlez, qu’avez-vous ? Si je ne puis venir en aide à Votre Majesté je puis, du moins, mourir pour elle. Me voici, disposez de moi !

— Ah ! je suis bien malheureux ! s’écria le monarque.

En effet, depuis le départ de Piquillo, ne pensant qu’à la duchesse de Santarem, tout entier à son amour et à sa douleur, il avait manifesté devant le duc de Lerma le désir d’être seul, et ce désir le ministre en avait étrangement abusé : depuis ce moment, en effet, les appartements du roi avaient été fermés à tout le monde, et nul, excepté le ministre, ne pouvait plus approcher du souverain, désormais prisonnier dans son palais.

— Oui, s’écria Philippe, je ne vois plus que ce duc de Lerma, qui m’est odieux, que je déteste ! tous les autres m’ont abandonné !

— Tous, sire !

— Excepté… mais il ne faut pas en parler, excepté deux amis dévoués qui viennent, parfois, le soir, en secret.

— Et qui donc ?

— Le duc d’Uzède et la comtesse d’Altamira.

— Est-il possible ! s’écria Alliaga en pâlissant.

— Oui, cela t’étonne, poursuivit le faible monarque, mais le duc d’Uzède est mal avec son père ; tout le monde est mal avec lui ; et d’Uzède, ce fidèle serviteur, se cache du ministre pour venir voir et consoler son souverain ; mon valet de chambre Latorre, un autre encore qui m’est dévoué, introduit presque tous les soirs ici le duc d’Uzède et la comtesse.

— Et ce sont eux qui consolent Votre Majesté ?

— Ils le voudraient, je le crois bien, mais ce qu’ils me disent redouble mes tourments ; car ils sont comme le cardinal-duc : ils prétendent tous que ce fatal amour me conduira à ma perte ; que Dieu me pardonnera peut-être d’aimer une Maure ; mais que songer à l’épouser, c’est encourir les foudres de l’Église, c’est m’exposer à la damnation éternelle.

— Eh bien ! sire, répondit tranquillement Alliaga, il faut y renoncer.

— Je ne le puis, je l’aime plus que jamais ; je l’aime malgré eux, malgré le ciel, que je brave, et dont j’ai peur !.. Aussi tu vois, poursuivit le malheureux roi, en lui montrant ses traits amaigris, tu vois quels sont mes tourments, c’est à en perdre la raison.

— Je viens vous la rendre, sire, et faire cesser de pareils combats ; car je crois que tout espoir est désormais perdu.

Il lui raconta alors ce qu’il avait appris : la duchesse de Santarem et son père abandonnés sur un vaisseau au pouvoir de Juan-Baptista et des bandits, ses compagnons ; le San-Lucar, échoué sur les côtes de Carthagène, sans un seul passager à bord, et enfin les mesures, infructueuses jusqu’ici, qu’il avait prises ; la caravelle la Vera-Cruz et le vaisseau le San-Fernando expédiés à la découverte et qui, avant peu, sans doute, enverraient leurs rapports à Sa Majesté.

Les tourments dont le roi se plaignait tout à l’heure n’étaient rien auprès de ceux qu’il éprouva en écoutant ce récit. Le regret, la jalousie, la rage, se disputaient tour à tour son cœur. L’idée seule que la duchesse de Santarem était perdue pour lui rendait sa passion plus vive, plus ardente, plus délirante, plus déraisonnable que jamais. En ce moment, malgré son ministre, malgré la cour de Rome et malgré l’inquisition tout entière, il eût épousé la duchesse à la face de l’Espagne et de l’Europe.

À ce premier mouvement de colère succéda un accès de désespoir. Le pauvre roi se mit à fondre en larmes, et voyant Piquillo, dont la douleur moins expansive n’était pas moins profonde que la sienne, et qui, retiré dans un coin de l’appartement, détournait la tête et pleurait sans rien dire, il courut à lui et le serra dans ses bras.

Lui aussi pleurait Aïxa ; lui seul comprenait sa douleur et son amour, et dès ce moment Alliaga était tout pour lui. C’était son confident, son ami le plus cher, sa plus douce consolation ; sa présence lui devenait indispensable.

— C’est trop, s’écria Piquillo en étouffant ses sanglots et en essuyant ses larmes ; c’est trop vous occuper de ma douleur, sire ; pour m’empêcher d’y penser, parlons de la vôtre, parlons des autres chagrins qui tourmentent Votre Majesté. Ils sont donc bien grands ?

— Plus que je ne peux te dire ! le cardinal-duc, qui me vient voir tous les matins, est arrivé l’autre jour, la figure toute bouleversée, m’annoncer que Dieu était irrité contre nous, que tous les fléaux allaient accabler l’Espagne, et qu’enfin le grand inquisiteur, son frère Bernard y Royas de Sandoval, était tombé entre les mains des Maures.

— Je le savais, dit froidement Alliaga.

— Et ce n’est rien encore ! Hier matin, il est revenu m’annoncer une nouvelle manifestation de la colère céleste : le grand inquisiteur avait été massacré par les infidèles.

— Ce n’est pas possible, sire.

— Son corps avait été jeté du haut des rochers dans le camp même de don Augustin de Mexia. C’est horrible ! n’est-ce pas ?

— Oui… oui… j’en conviens, balbutia Alliaga. Et il se dit à lui-même en frissonnant :

— Pedralvi a manqué à sa promesse ; je ne l’aurais jamais cru.

Puis s’adressant au roi :

— Que voulez-vous, sire, des gens qu’on a réduits au désespoir sont capables de tout. Ce n’est point par des massacres, c’est par la clémence qu’il eût fallu d’abord les réduire.

— Tu crois ?

— J’en suis persuadé.

— Et le cardinal-duc m’a soutenu qu’il fallait redoubler de rigueurs. Il a envoyé à don Augustin de Mexia l’ordre de ne point faire de grâce aux hérétiques. En même temps, et pour choisir, disait-il, un digne vengeur de son frère, il m’a fait donner la place de grand inquisiteur…

— À qui donc ?

— À Ribeira, l’archevêque de Valence.

— Ô ciel ! et Votre Majesté a signé ?

— Vraiment oui, et la nomination est partie le jour même pour Valence, où le saint prélat est en ce moment.

— Mais ce saint prélat est encore plus rigide, plus impitoyable que celui auquel il succède ; c’est notre ennemi mortel… je veux dire celui des Maures. Il a juré leur extinction totale, et si Aïxa nous était rendue…

— Eh bien ? dit le roi avec joie.

— Eh bien ! vous trouveriez en lui le plus grand obstacle à vos desseins.

— C’est vrai !.. c’est vrai !.. s’écria le monarque avec effroi ; mais tu n’étais pas là ; pas un conseil, pas un ami à qui je puisse me fier. Ceux à qui je m’adresse ne sont pas même d’accord entre eux ; et puis si tu savais, si j’osais te l’avouer…

Saisi alors d’un élan de courage, le roi s’écria :

— Eh bien ! oui, tu sauras tout ; pourquoi te le cacherais-je, à toi, qui es mon seul et mon meilleur ami… Ce cardinal-duc que je vois ici tous les jours…

— Vous est odieux… insupportable… je le sais, sire.

— Bien plus encore, sa présence me cause une répugnance et un effroi mortels.

Puis baissant la voix, il ajouta :

— J’en ai peur !

— Vous, sire ! s’écria Alliaga, vous ! avoir peur de votre ministre !

— Oui ! oui ! continua le roi à voix basse, je ne l’avoue qu’à toi ; c’est lui qui a empoisonné la reine ! je le sais, j’en suis sûr !

— Qui l’a dit à Votre Majesté ?

— Des gens dont le témoignage est terrible, accablant, et ne peut être révoqué en doute.

— Mais qui, encore ?

— D’abord… autrefois… il y a déjà quelques mois, le père Jérôme me l’a attesté ici même sur l’Évangile.

— Lui !.. se dit Alliaga avec indignation, en froissant sous sa robe le papier écrit et signé par le père Jérôme et Escobar, et dans lequel ceux-ci signalaient le duc d’Uzède et la comtesse d’Altamira comme les auteurs de ce crime ; mais modérant son trouble, il leva les yeux vers le roi et écouta tranquillement.

— Et puis, continua le monarque, il m’est aisé de voir que je ne suis pas seul à savoir que le cardinal-duc est coupable, que d’autres connaissent cet horrible mystère, et s’ils ne me le disent pas formellement, ils ne peuvent du moins le nier, et ici, le soir, bien des fois, ils m’en ont fait presque l’aveu.

— Et qui donc ?

— La comtesse d’Altamira et le duc d’Uzède.

Piquillo poussa un cri d’horreur.

— Oui, oui, dit le monarque, en se méprenant sur son indignation, son fils, son fils lui-même n’ose pas dire le contraire. Mais seulement lui et la comtesse m’engagent, m’exhortent tous les soirs à prendre un parti. Ils me supplient, dans mon intérêt même, de ne pas laisser le cardinal-duc au pouvoir. La comtesse surtout m’a prouvé combien il serait avantageux pour moi de le remplacer par son fils le duc d’Uzède. Moi, franchement, je le voudrais, poursuivit le roi avec bonhomie ; d’abord, je l’ai toujours aimé, et puis celui-là je n’ai pas peur de lui ! Ensuite cela ferait moins d’éclat, moins de révolution, cela ne sortirait pas de la famille. Mais comment prendre une résolution pareille ? comment se passer du duc de Lerma, qui, depuis plus de seize ans, mène tout, conduit tout ? Qu’est-ce que cela deviendrait sans lui ? et où irions-nous ?

— On irait autrement, sire, et on irait mieux.

— Crois-tu ? demanda le roi, horriblement indécis. Mais ce n’est pas le seul embarras où je me trouve. Le duc d’Uzède me demande tous les jours le renvoi de son père, et le duc de Lerma, depuis avant-hier, me demande formellement l’exil de son fils… Oui, oui, il s’agit de l’exil ou de la prison. Il reviendra encore à la charge aujourd’hui. Je ne peux pas toujours refuser comme je le fais depuis deux jours ; il faut prendre un parti, il faut se prononcer entre eux… et ce n’est pas tout encore, poursuivit le roi avec un tressaillement nerveux dont il n’était pas le maître, j’ai reçu un avis… un avis secret d’une écriture que j’ai déjà vue plusieurs fois, un avis que j’ai trouvé comme toujours, là, sur mon bureau, et dans lequel on m’annonce que la main qui a immolé la reine est levée sur moi et menace mes jours !

Qu’est-ce, mon frère, en levant la tête, et que voulez-vous dire.

— Une telle audace ! s’écria Alliaga avec colère.

— Tu en es indigné… effrayé… et moi aussi. Ne sachant ni ce que je dois craindre ni ce que je dois croire, n’osant me décider entre le père et le fils, j’ai vingt fois déjà changé d’idée, et dans le doute, dans l’indécision, je ne dors pas, j’ai la tête en feu, j’ai la fièvre ! j’en mourrai ou j’en deviendrai fou ! Il n’y a que toi, Alliaga, qui puisse me tirer de ces tourments, ou plutôt de cet enfer ; c’est en toi que j’ai confiance, et c’est toi que je veux croire. Donne-moi un conseil… Oui, s’écria-t-il vivement en regardant autour de lui, nous sommes seuls et personne ne peut nous entendre ; qui des deux faut-il envoyer en exil ? lequel faut-il garder ? Prononce toi-même, ce que tu diras, je le ferai.

Jamais personne ne s’était trouvé dans une situation pareille. Jamais sujet, parti de si bas, n’était arrivé si haut. Lui Alliaga, le Maure, le mendiant, appelé à prononcer sur les destinées de la monarchie espagnole, et pouvant à son gré conserver ou renverser le ministre qui, depuis dix-huit ans, régnait en souverain absolu[1] !

S’il avait osé, et ce fut là sa première pensée, il eût dit au roi : « Au lieu des deux concurrents que me propose Votre Majesté, je lui conseille d’en choisir un troisième. » Mais le roi, effrayé à l’idée seule de se donner un nouveau ministre, c’est-à-dire un maître nouveau et inconnu, aurait préféré garder l’ancien ; d’ailleurs, il fallait brusquer l’événement, se décider à l’instant même ; et Alliaga n’avait ni les moyens ni le temps d’étudier et de proposer l’homme d’État le plus capable.

La question resta donc posée entre le duc d’Uzède et son père. Il était aisé à Alliaga de justifier le duc de Lerma. Il le pouvait d’un mot, et le premier ministre, conservant la faveur royale, lui aurait d’abord témoigné peut-être quelque reconnaissance du pouvoir qu’il lui aurait dû. Mais la reconnaissance du duc de Lerma (Alliaga le savait par expérience) n’était pas de longue durée, et tant qu’il resterait en place, il n’y avait aucun espoir pour Piquillo d’atteindre son unique but et de voir son rêve se réaliser. Le duc de Lerma, qui avait pendant si longtemps combattu pour obtenir l’expulsion des Maures, ne pourrait vouloir leur rappel, et ne travaillerait jamais franchement à la révocation d’un édit qui était son ouvrage.

Le duc d’Uzède, au contraire, n’y avait pris aucune part, et sur ce sujet, comme sur beaucoup d’autres, il n’avait aucune idée arrêtée. Uzède, nommé par Alliaga, resterait constamment dans sa dépendance, car Alliaga avait toujours les moyens de le perdre avec la déclaration du père Jérôme et d’Escobar, attestant sa complicité dans l’empoisonnement de la reine. D’Uzède aussi pouvait être ingrat, mais il aurait toujours peur, et si dans un cœur tel que le sien la reconnaissance était fugitive, la crainte ne l’était pas. Grâce à ce sentiment, Alliaga devait toujours commander et d’Uzède toujours obéir. Le nommer ministre était donc se nommer lui-même, et frappé de l’immense avantage qui devait en résulter pour lui et surtout pour les siens, Piquillo n’hésita plus, son choix fut fait.

— Sire, lui dit-il, je suis prêt à répondre à l’honneur que me fait Votre Majesté ; mais si elle approuve le parti que je vais lui proposer, je demande que cette résolution soit exécutée, non pas demain, mais aujourd’hui, sur-le-champ, à l’instant même.

— Soit ! dit le roi, un peu ému déjà de l’idée de se décider aussi vite.

— Eh bien ! et puisque Votre Majesté est assise devant son bureau, je la prie de vouloir bien écrire les mots suivants.

Le roi avait déjà pris la plume et écoutait avec une curiosité inquiète. Alliaga continua :

« Monsieur le cardinal-duc sortira aujourd’hui même de Madrid et se retirera dans tel lieu qu’il lui plaira de choisir.

moi, le roi[2]. »

— Que cela ? dit le monarque étonné.

— Pas davantage, sire ! Votre Majesté n’aura pas même besoin de revoir M. le duc ; il comprendra.

— Je n’aurais jamais cru, dit le roi, que ce fût aussi facile.

Et il respira avec satisfaction, comme un prisonnier qui hume le grand air après une longue captivité.

— Mais, reprit-il gaiement, et le duc d’Uzède ?

— Puisque Votre Majesté tient la plume, elle n’a qu’à continuer :

« Monsieur le duc d’Uzède prendra dès ce jour le titre de premier ministre, et en exercera les fonctions.

moi, le roi. »

Si Votre Majesté veut maintenant me confier ces deux ordonnances, je me charge du reste.

— Volontiers, s’écria le monarque.

En ce moment l’officier de service, le comte d’Avila, parut à la porte du cabinet, et resta frappé de surprise en voyant Alliaga qu’il venait de renvoyer. Son air étonné semblait dire :

— Par où est-il entré ?

Se remettant cependant, il annonça en balbutiant que monseigneur le cardinal-duc demandait à présenter ses hommages à Sa Majesté.

Le roi pâlit, et son émotion fut si grande, que sa main, qui tenait encore les deux ordonnances, trembla convulsivement.

— C’est vrai, dit-il à demi-voix à Alliaga ; c’est l’heure à laquelle il vient d’ordinaire ; mais je ne veux pas le voir, je ne le veux pas !

— Votre Majesté en est la maîtresse. Elle peut se retirer dans ses appartements, je recevrai le duc.

Le roi, soulagé d’un second fardeau, remercia son conseiller par un regard de reconnaissance, et ajouta :

— Que vais-je faire pendant ce temps ?

— Votre Majesté n’est pas sortie depuis plusieurs semaines, le grand air ne peut que lui faire du bien, et je l’engagerais à aller à la chasse.

— J’y pensais, dit le roi.

Il sonna, donna ordre que l’on préparât ses équipages et se retira dans sa chambre à coucher au moment où entrait le cardinal-duc.

Il parut, le regard fier, la tête haute et environnée de cette auréole d’insolence qu’on nomme la faveur. Il resta stupéfait en apercevant Alliaga ; mais il fit signe de la main à d’Avila de se retirer.

— Vous ici, seigneur Piquillo ? dit-il d’un air dédaigneux.

— Moi-même, monseigneur.

Soit distraction, soit à dessein, le duc se jeta dans le fauteuil du roi, pendant qu’Alliaga se tenait modestement assis sur un humble pliant.

— Je ne pensais pas, dit le duc avec majesté, vous rencontrer ici.

— Je le crois, monseigneur, vous vous étiez arrangé pour que je fusse ailleurs : Votre Éminence avait défendu de me laisser entrer au palais, et votre frère avait donné ordre de me jeter dans les prisons de l’inquisition.

— Eh mais, répondit le duc d’un air d’ironie, c’est une idée qui n’était pas si mauvaise et qui peut encore se réaliser. Où est le roi ?

— Le roi, dit froidement Alliaga, vient de partir pour la chasse, et m’a chargé de vous recevoir.

— Qu’est-ce que cela signifie ? s’écria le duc avec un peu d’émotion.

— Je vais vous l’expliquer, monseigneur. Vous rappelez-vous le jour où, malgré la foi jurée, malgré la parole de ministre et de gentilhomme que vous aviez donnée à un vieillard, à Delascar d’Albérique, qui venait vous apporter la rançon de ses frères…

— Eh bien ! monsieur… interrompit le duc avec impatience.

— Ce jour où vous veniez de faire signer au roi un édit qui proscrivait deux millions de ses sujets et enlevait à ces malheureux leurs biens et leur patrie…

— Eh bien, monsieur…

— Eh bien ! je vous déclarai ce jour-là que moi, qui n’étais rien, je vous renverserais, vous, ministre tout-puissant. Je l’ai juré, et je ne suis pas comme vous, monseigneur, je tiens mes serments !

— Que voulez-vous dire ? s’écria le duc en pâlissant et en se levant avec vivacité.

— Voici une ordonnance que le roi m’a chargé de vous remettre, répondit gravement Alliaga en restant assis sur son modeste pliant.

Le ministre, qui ne l’était plus, entr’ouvrit d’une main tremblante le papier fatal qu’on venait de lui remettre. D’un coup d’œil il l’avait parcouru, mais ne pouvant y croire encore, il relut une seconde et une troisième fois ces mots qui lui semblaient impossibles, ces mots terribles, foudroyants et tracés en caractères de feu, car ils lui brûlaient et la main et les yeux.

À sa première pâleur avait succédé un rouge pourpre ; tout son sang, qui d’abord s’était porté au cœur, était remonté à la tête avec une telle violence, qu’il chancela et retomba dans le fauteuil comme frappé d’apoplexie.

Alliaga s’élançait pour le secourir, quand la porte s’ouvrit de nouveau : un huissier de la chambre annonça que l’on sollicitait l’honneur de parler à frey Luis Alliaga.

— Qui donc ?

— Monseigneur le duc d’Uzède.

À ce nom, le cardinal-duc, prêt à perdre connaissance, se releva comme piqué par un serpent, mais il s’arrêta en entendant Alliaga répondre brusquement :

— Je n’ai pas le loisir ! qu’il attende !

Cet affront fait à son fils fut pour le duc de Lerma comme un calmant, comme un baume appliqué sur sa plaie saignante. Il chercha à reprendre ses sens, et d’une voix dont il s’efforçait de cacher l’émotion, il dit :

— Je comprends, c’est lui qui me succède.

Alliaga baissa la tête et ne répondit pas.

— Et vous, seigneur Alliaga, vous ! un homme d’honneur, vous approuvez une telle conduite !

— Je la trouve infâme !

— Je ne méritais donc pas, s’écria le duc avec joie, d’être traité ainsi, d’être renversé du pouvoir !

— Si monseigneur, mais point par votre fils !

Le vieux ministre, qui avait eu un rayon d’espoir, regarda Alliaga avec étonnement, et chercha vainement dans ses yeux l’explication d’une conduite qu’il ne pouvait comprendre, il s’écria :

— Je veux parler au roi, je veux le voir.

— C’est impossible, monseigneur.

— Conduisez-moi vers lui.

— Je ne le puis ni ne le veux, car cette lettre c’est moi qui la lui ai fait écrire.

— Vous, Alliaga, vous qui me devez tout !

— Vous oubliez, monseigneur, répondit Piquillo avec fierté, que je ne suis venu ici que pour vous prévenir des dangers qui menaçaient notre patrie, des complots médités contre elle et contre vous. C’est donc moi, qui, le premier, vous ai rendu service. Je vous suis resté fidèle tant que vous l’avez été à l’Espagne, et ne vous ai abandonné que le jour où vous avez trahi ses plus chers intérêts. Répondez vous-même : De quel côté est la trahison ?

— Oui, je le reconnais, oui, vous m’aviez prévenu ; vous avez agi loyalement, s’écria le duc avec une émotion et une chaleur toujours croissantes ; eh bien ! au nom de cette amitié que je n’aurais jamais dû rompre et qui peut se renouer encore, si vous le voulez… écoutez-moi, daignez m’écouter !

La porte s’ouvrit encore, et l’huissier répéta :

— Monseigneur le duc d’Uzède supplie frey Luis Alliaga de vouloir bien lui accorder la faveur d’un instant d’audience.

— Dites-lui que c’est impossible en ce moment, répondit Alliaga avec un air d’impatience et de mépris ; il peut attendre, je suis avec quelqu’un à qui il doit respect.

La porte se referma.

— Merci !.. merci !.. s’écria le duc en étendant les mains vers lui ; et maintenant, j’en suis certain, vous ne refuserez pas la dernière grâce que j’implore, celle de parler au roi en ma faveur.

Alliaga détourna la tête et répondit :

— Je ne le puis !

Alors… le dirai-je ! il faut donc que le sourire du maître ait un attrait bien enivrant, que le pouvoir, quand on l’a une fois possédé, devienne un besoin si vif qu’on ne puisse plus y renoncer ; que le désespoir de le perdre cause une douleur tellement intolérable, qu’elle fasse oublier tout, jusqu’à l’honneur…

— Alors, sans respect pour sa propre dignité, pour sa grandeur passée, pour les cheveux blancs qui couvraient sa tête, le duc de Lerma, ce ministre, ce cardinal, ce vieillard se précipita aux pieds d’Alliaga et, disputant encore les derniers lambeaux de la faveur qui lui échappait, mendia l’appui de celui qui venant de le renverser[3].

Alliaga, honteux et rougissant pour lui, s’empressa de le relever, en lui disant à voix basse :

— Je n’ai rien vu, monseigneur, je me tairai… je me tairai, je vous le jure !

Ces mots rappelèrent le duc à lui-même, et désormais résigné à son sort, il s’écria :

— Je pars ! je pars ! je saurai défier l’adversité qui m’accable ; mais il est un coup que je ne me sens point la force de supporter, une idée qui me conduira au tombeau : c’est que les calomnies dont on m’a abreuvé sont parvenues jusqu’au roi et qu’il y a ajouté foi. Avouez-le-moi, s’écria-t-il avec véhémence, Philippe m’accuse et me croit coupable ; il est persuadé que j’ai empoisonné la reine.

Alliaga lui fit signe que oui, et le vieillard, poussant un cri d’horreur, leva les mains au ciel en disant :

— Je jure par ce que j’ai de plus cher, par mon salut éternel, par le Christ lui-même, que je suis innocent.

— Je le sais ! je le sais ! s’écria Alliaga en lui serrant la main.

— Eh bien ! que le roi en soit convaincu, c’est tout ce que je demande, c’est mon dernier vœu sur la terre !

— Le roi le saura, le roi en aura la preuve par moi, je vous le promets.

— C’est bien ! c’est hien ! à ce prix j’oublie tout !.. à ce prix je pardonne à vous, et même… à mon fils !

Il sortit par la porte qui donnait dans la chambre du conseil ; un instant après le duc d’Uzède entrait par celle de la salle des gardes.

Nota. La conduite d’Alliaga à l’égard du duc de Lerma est traitée de trahison par plusieurs historiens. Ceux-ci, catholiques et Espagnols, pouvaient avoir raison à leur point de vue ; mais, d’origine musulmane et Maure de naissance, Ali-Aga (car c’est ainsi que son nom devrait s’écrire), Ali-Aga, en rêvant le retour de ses frères en Espagne, avait un but qui devait tout légitimer à ses propres yeux.

  1. Alliaga délibéra en faveur de qui, ou de Lerma ou d’Uzède, il ferait pencher la balance. L’alternative qu’embrassa ce moine est digne de la plus sérieuse attention, à cause des conséquences politiques qui en furent le résultat.
    (Watson, Histoire de Philippe III, 2e vol., liv. vi, p. 260.)
  2. Le roi enjoignit à son ministre en termes exprès, dans un billet écrit de sa propre main, de sortir de Madrid, avec pleine et entière liberté de se retirer en tel lieu qu’il lui plairait de choisir, pour y jouir en paix des effets de ses anciennes bontés.
    (Watson, 2e vol., liv. vi, page 303.)
  3. Dans cette douloureuse situation, Lerma, oubliant sa dignité, ne rougit point de paraître en suppliant aux pieds d’Alliaga, et de conjurer, au nom de la reconnaissance, le moine ingrat d’intercèder en sa faveur auprès du roi.
    (Watson, Histoire de Philippe III, vol. ii, liv. vi, page 303.
    — Vittorio Siri, tom. iii — Gonzalo de Cespedes y Meneses).