Physiologie du Mariage
Œuvres complètes de H. de BalzacA. Houssiaux16 (p. 396-405).

MÉDITATION VI.

DES PENSIONNATS.

Si vous avez épousé une demoiselle dont l’éducation s’est faite dans un pensionnat, il y a trente chances contre votre bonheur de plus que toutes celles dont l’énumération précède, et vous ressemblez exactement à un homme qui a fourré sa main dans un guêpier.

Alors, immédiatement après la bénédiction nuptiale, et sans vous laisser prendre à l’innocente ignorance, aux grâces naïves, à la pudibonde contenance de votre femme, vous devez méditer et suivre les axiomes et les préceptes que nous développerons dans la Seconde Partie de ce livre. Vous mettrez même à exécution les rigueurs de la Troisième Partie, en exerçant sur-le-champ une active surveillance, en déployant une paternelle sollicitude à toute heure, car le lendemain même de votre mariage, la veille peut-être, il y avait péril en la demeure.

En effet, souvenez-vous un peu de l’instruction secrète et approfondie que les écoliers acquièrent de natura rerum, de la nature des choses. Lapeyrouse, Cook, ou le capitaine Parry, ont-ils jamais eu autant d’ardeur à naviguer vers les pôles que les lycéens vers les parages défendus de l’océan des plaisirs ?

Les filles étant plus rusées, plus spirituelles et plus curieuses que les garçons, leurs rendez-vous clandestins, leurs conversations, que tout l’art des matrones ne saurait empêcher, doivent être dirigés par un génie mille fois plus infernal que celui des collégiens. Quel homme a jamais entendu les réflexions morales et les aperçus malins de ces jeunes filles ? Elles seules connaissent ces jeux où l’honneur se perd par avance, ces essais de plaisir, ces tâtonnements de volupté, ces simulacres de bonheur, qu’on peut comparer aux vols faits par les enfants trop gourmands à un dessert mis sous clef. Une fille sortira peut-être vierge de sa pension ; chaste, non. Elle aura plus d’une fois discuté en de secrets conventicules la question importante des amants, et la corruption aura nécessairement entamé le cœur ou l’esprit, soit dit sans antithèse.

Admettons cependant que votre femme n’aura pas participé à ces friandises virginales, à ces lutineries prématurées. De ce qu’elle n’ait point eu voix délibérative aux conseils secrets des grandes, en sera-t-elle meilleure ? Non. Là, elle aura contracté amitié avec d’autres jeunes demoiselles, et nous serons modeste en ne lui accordant que deux ou trois amies intimes. Êtes-vous certains que, votre femme sortie de pension, ses jeunes amies n’auront pas été admises à ces conciliabules où l’on cherchait à connaître d’avance, au moins par analogie, les jeux des colombes ? Enfin, ses amies se marieront ; vous aurez alors quatre femmes à surveiller au lieu d’une, quatre caractères à deviner, et vous serez à la merci de quatre maris et d’une douzaine de célibataires de qui vous ignorez entièrement la vie, les principes, les habitudes, quand nos méditations vous auront fait apercevoir la nécessité où vous devez être un jour de vous occuper des gens que vous avez épousés avec votre femme sans vous en douter. Satan seul a pu imaginer une pension de demoiselles au milieu d’une grande ville !… Au moins madame Campan avait-elle logé sa fameuse institution à Écouen. Cette sage précaution prouve qu’elle n’était pas une femme ordinaire. Là, ses demoiselles ne voyaient pas le musée des rues, composé d’immenses et grotesques images et de mots obscènes dus aux crayons du malin esprit. Elles n’avaient pas incessamment sous les yeux le spectacle des infirmités humaines étalé par chaque borne en France, et de perfides cabinets littéraires ne leur vomissaient pas en secret le poison des livres instructeurs et incendiaires. Aussi, cette savante institutrice ne pouvait-elle guère qu’à Écouen vous conserver une demoiselle intacte et pure, si cela est possible. Vous espéreriez peut-être empêcher facilement votre femme de voir ses amies de pension ? folie ! elle les rencontrera au bal, au spectacle, à la promenade, dans le monde ; et combien de services deux femmes ne peuvent-elles pas se rendre !… Mais nous méditerons ce nouveau sujet de terreur en son lieu et place.

Ce n’est pas tout encore : si votre belle-mère a mis sa fille en pension, croyez-vous que ce soit par intérêt pour sa fille ? Une demoiselle de douze à quinze ans est un terrible argus ; et, si la belle-mère ne voulait pas d’argus chez elle, je commence à soupçonner que madame votre belle-mère appartient inévitablement à la partie la plus douteuse de nos femmes honnêtes. Donc, en toute occasion, elle sera pour sa fille ou un fatal exemple ou un dangereux conseiller.

Arrêtons-nous…, la belle-mère exige toute une Méditation.

Ainsi, de quelque côté que vous vous tourniez, le lit conjugal est, dans cette occurrence, également épineux.

Avant la révolution, quelques familles aristocratiques envoyaient les filles au couvent. Cet exemple était suivi par nombre de gens qui s’imaginaient qu’en mettant leurs filles là où se trouvaient celles d’un grand seigneur, elles en prendraient le ton et les manières. Cette erreur de l’orgueil était d’abord fatale au bonheur domestique ; puis les couvents avaient tous les inconvénients des pensionnats. L’oisiveté y règne plus terrible. Les grilles claustrales enflamment l’imagination. La solitude est une des provinces les plus chéries du diable ; et l’on ne saurait croire quel ravage les phénomènes les plus ordinaires de la vie peuvent produire dans l’âme de ces jeunes filles rêveuses, ignorantes et inoccupées.

Les unes, à force d’avoir caressé des chimères, donnent lieu à des quiproquo plus ou moins bizarres. D’autres, s’étant exagéré le bonheur conjugal, se disent en elles-mêmes : Quoi ! ce n’est que cela !… quand elles appartiennent à un mari. De toute manière l’instruction incomplète que peuvent acquérir les filles élevées en commun a tous les dangers de l’ignorance et tous les malheurs de la science.

Une jeune fille élevée au logis par une mère ou une vieille tante vertueuses, bigotes, aimables ou acariâtres ; une jeune fille dont les pas n’ont jamais franchi le seuil domestique sans être environnée de chaperons, dont l’enfance laborieuse a été fatiguée par des travaux même inutiles, à laquelle enfin tout est inconnu, même le spectacle de Séraphin, est un de ces trésors que l’on rencontre, çà et là, dans le monde, comme ces fleurs de bois environnées de tant de broussailles que les yeux mortels n’ont pu les atteindre. Celui qui, maître d’une fleur si suave, si pure, la laisse cultiver par d’autres, a mérité mille fois son malheur. C’est ou un monstre ou un sot.

Ce serait bien ici le moment d’examiner s’il existe un mode quelconque de se bien marier, et de reculer ainsi indéfiniment les précautions dont l’ensemble sera présenté dans la Seconde et la Troisième Partie ; mais n’est-il pas bien prouvé qu’il est plus aisé de lire l’école des femmes dans un four exactement fermé que de pouvoir connaître le caractère, les habitudes et l’esprit d’une demoiselle à marier ?

La plupart des hommes ne se marient-ils pas absolument comme s’ils achetaient une partie de rentes à la Bourse ?

Et si dans la Méditation précédente nous avons réussi à vous démontrer que le plus grand nombre des hommes reste dans la plus profonde incurie de son propre bonheur en fait de mariage, est-il raisonnable de croire qu’il se rencontrera beaucoup de gens assez riches, assez spirituels, assez observateurs, pour perdre, comme le Burchell du Vicaire de Wakefield, une ou deux années de leur temps à deviner, à épier les filles dont ils feront leurs femmes, quand ils s’occupent si peu d’elles après les avoir conjugalement possédées pendant ce laps de temps que les Anglais nomment la Lune de miel, et de laquelle nous ne tarderons pas à discuter l’influence ?

Cependant, comme nous avons long-temps réfléchi sur cette matière importante, nous ferons observer qu’il existe quelques moyens de choisir plus ou moins bien, même en choisissant promptement.

Il est, par exemple, hors de doute que les probabilités seront en votre faveur :

1º Si vous avez pris une demoiselle dont le tempérament ressemble à celui des femmes de la Louisiane ou de la Caroline.

Pour obtenir des renseignements certains sur le tempérament d’une jeune personne, il faut mettre en vigueur auprès des femmes de chambre le système dont parle Gil Blas, et employé par un homme d’État pour connaître les conspirations ou savoir comment les ministres avaient passé la nuit.

2º Si vous choisissez une demoiselle qui, sans être laide, ne soit pas dans la classe des jolies femmes.

Nous regardons comme un principe certain que, pour être le moins malheureux possible en ménage, une grande douceur d’âme unie chez une femme à une laideur supportable sont deux éléments infaillibles de succès.

Mais voulez-vous savoir la vérité ? ouvrez Rousseau, car il ne s’agitera pas une question de morale publique de laquelle il n’ait d’avance indiqué la portée. Lisez :

« Chez les peuples qui ont des mœurs, les filles sont faciles, et les femmes sévères. C’est le contraire chez ceux qui n’en ont pas. »

Il résulterait de l’adoption du principe que consacre cette remarque profonde et vraie qu’il n’y aurait pas tant de mariages malheureux si les hommes épousaient leurs maîtresses. L’éducation des filles devrait alors subir d’importantes modifications en France. Jusqu’ici les lois et les mœurs françaises, placées entre un délit et un crime à prévenir, ont favorisé le crime. En effet, la faute d’une fille est à peine un délit, si vous la comparez à celle commise par la femme mariée. N’y a-t-il donc pas incomparablement moins de danger à donner la liberté aux filles qu’à la laisser aux femmes ? L’idée de prendre une fille à l’essai fera penser plus d’hommes graves qu’elle ne fera rire d’étourdis. Les mœurs de l’Allemagne, de la Suisse, de l’Angleterre et des États-Unis donnent aux demoiselles des droits qui sembleraient en France le renversement de toute morale ; et néanmoins il est certain que dans ces trois pays les mariages sont moins malheureux qu’en France.

« Quand une femme s’est livrée tout entière à un amant, elle doit avoir bien connu celui que l’amour lui offrait. Le don de son estime et de sa confiance a nécessairement précédé celui de son cœur. »

Brillantes de vérité, ces lignes ont peut-être illuminé le cachot au fond duquel Mirabeau les écrivit, et la féconde observation qu’elles renferment, quoique due à la plus fougueuse de ses passions, n’en domine pas moins le problème social dont nous nous occupons. En effet, un mariage cimenté sous les auspices du religieux examen que suppose l’amour, et sous l’empire du désenchantement dont est suivie la possession, doit être la plus indissoluble de toutes les unions.

Une femme n’a plus alors à reprocher à son mari le droit légal en vertu duquel elle lui appartient. Elle ne peut plus trouver dans cette soumission forcée une raison pour se livrer à un amant, quand plus tard elle a dans son propre cœur un complice dont les sophismes la séduisent en lui demandant vingt fois par heure pourquoi, s’étant donnée contre son gré à un homme qu’elle n’aimait point, elle ne se donnerait pas de bonne volonté à un homme qu’elle aime. Une femme n’est plus alors recevable à se plaindre de ces défauts inséparables de la nature humaine, elle en a, par avance, essayé la tyrannie, épousé les caprices.

Bien des jeunes filles seront trompées dans les espérances de leur amour !… Mais n’y aura-t-il pas pour elles un immense bénéfice à ne pas être les compagnes d’hommes qu’elles auraient le droit de mépriser ?

Quelques alarmistes vont s’écrier qu’un tel changement dans nos mœurs autoriserait une effroyable dissolution publique ; que les lois ou les usages, qui dominent les lois, ne peuvent pas, après tout, consacrer le scandale et l’immoralité ; et que s’il existe des maux inévitables, au moins la société ne doit pas les sanctifier.

Il est facile de répondre, avant tout, que le système proposé tend à prévenir ces maux, qu’on a regardés jusqu’à présent comme inévitables ; mais, si peu exacts que soient les calculs de notre statistique, ils ont toujours accusé une immense plaie sociale, et nos moralistes préféreraient donc le plus grand mal au moindre, la violation du principe sur lequel repose la société, à une douteuse licence chez les filles ; la dissolution des mères de famille qui corrompt les sources de l’éducation publique et fait le malheur d’au moins quatre personnes, à la dissolution d’une jeune fille qui ne compromet qu’elle, et tout au plus un enfant. Périsse la vertu de dix vierges, plutôt que cette sainteté de mœurs, cette couronne d’honneur de laquelle une mère de famille doit marcher revêtue ! Il y a dans le tableau que présente une jeune fille abandonnée par son séducteur je ne sais quoi d’imposant et de sacré : c’est des serments ruinés, de saintes confiances trahies, et, sur les débris des plus faciles vertus, l’innocence en pleurs doutant de tout en doutant de l’amour d’un père pour son enfant. L’infortunée est encore innocente ; elle peut devenir une épouse fidèle, une tendre mère ; et si le passé s’est chargé de nuages, l’avenir est bleu comme un ciel pur. Trouverons-nous ces douces couleurs aux sombres tableaux des amours illégitimes ? Dans l’un la femme est victime, dans les autres, criminelle. Où est l’espérance de la femme adultère ! si Dieu lui remet sa faute, la vie la plus exemplaire ne saurait en effacer ici-bas les fruits vivants. Si Jacques Ier est fils de Rizzio, le crime de Marie a duré autant que sa déplorable et royale maison, et la chute des Stuarts est justice.

Mais, de bonne foi, l’émancipation des filles renferme-t-elle donc tant de dangers ?

Il est très-facile d’accuser une jeune personne de se laisser décevoir par le désir d’échapper à tout prix à l’état de fille ; mais cela n’est vrai que dans la situation actuelle de nos mœurs. Aujourd’hui une jeune personne ne connaît ni la séduction ni ses piéges, elle ne s’appuie que sur sa faiblesse, et, démêlant les commodes maximes du beau monde, sa trompeuse imagination, gouvernée par des désirs que tout fortifie, est un guide d’autant plus aveugle que rarement une jeune fille confie à autrui les secrètes pensées de son premier amour…

Si elle était libre, une éducation exempte de préjugés l’armerait contre l’amour du premier venu. Elle serait, comme tout le monde, bien plus forte contre des dangers connus que contre des périls dont l’étendue est cachée. D’ailleurs, pour être maîtresse d’elle-même, une fille en sera-t-elle moins sous l’œil vigilant de sa mère ? Compterait-on aussi pour rien cette pudeur et ces craintes que la nature n’a placées si puissantes dans l’âme d’une jeune fille que pour la préserver du malheur d’être à un homme qui ne l’aime pas ? Enfin où est la fille assez peu calculatrice pour ne pas deviner que l’homme le plus immoral veut trouver des principes chez sa femme, comme les maîtres veulent que leurs domestiques soient parfaits ; et qu’alors, pour elle, la vertu est le plus riche et le plus fécond de tous les commerces ?

Après tout, de quoi s’agit-il donc ici ? Pour qui croyez-vous que nous stipulions ? Tout au plus pour cinq ou six cent mille virginités armées de leurs répugnances et du haut prix auquel elles s’estiment : elles savent aussi bien se défendre que se vendre. Les dix-huit millions d’êtres que nous avons mis en dehors de la question se marient presque tous d’après le système que nous cherchons à faire prévaloir dans nos mœurs ; et, quant aux classes intermédiaires, par lesquelles nos pauvres bimanes sont séparés des hommes privilégiés qui marchent à la tête d’une nation, le nombre des enfants trouvés que ces classes demi-aisées livrent au malheur irait en croissant depuis la paix, s’il faut en croire M. Benoiston de Châteauneuf, l’un des plus courageux savants qui se soient voués aux arides et utiles recherches de la statistique. Or, à quelle plaie profonde n’apportons nous pas remède, si l’on songe à la multiplicité des bâtards que nous dénonce la statistique, et aux infortunes que nos calculs font soupçonner dans la haute société ? Mais il est difficile de faire apercevoir ici tous les avantages qui résulteraient de l’émancipation des filles. Quand nous arriverons à observer les circonstances qui accompagnent le mariage tel que nos mœurs l’ont conçu, les esprits judicieux pourront apprécier toute la valeur du système d’éducation et de liberté que nous demandons pour les filles au nom de la raison et de la nature. Le préjugé que nous avons en France sur la virginité des mariées est le plus sot de tous ceux qui nous restent. Les Orientaux prennent leurs femmes sans s’inquiéter du passé et les enferment pour être plus certains de l’avenir ; les Français mettent les filles dans des espèces de sérails défendus par des mères, par des préjugés, par des idées religieuses, et ils donnent la plus entière liberté à leurs femmes, s’inquiétant ainsi beaucoup plus du passé que de l’avenir. Il ne s’agirait donc que de faire subir une inversion à nos mœurs. Nous finirions peut-être alors par donner à la fidélité conjugale toute la saveur et le ragoût que les femmes trouvent aujourd’hui aux infidélités.

Mais cette discussion nous éloignerait trop de notre sujet s’il fallait examiner, dans tous ses détails, cette immense amélioration morale, que réclamera sans doute la France au vingtième siècle ; car les mœurs se réforment si lentement ! Ne faut-il pas pour obtenir le plus léger changement que l’idée la plus hardie du siècle passé soit devenue la plus triviale du siècle présent ? Aussi, est-ce en quelque sorte par coquetterie que nous avons effleuré cette question ; soit pour montrer qu’elle ne nous a pas échappé, soit pour léguer un ouvrage de plus à nos neveux ; et, de bon compte, voici le troisième : le premier concerne les courtisanes, et le second est la physiologie du plaisir :

Quand nous serons à dix, nous ferons une croix.

Dans l’état actuel de nos mœurs et de notre imparfaite civilisation, il existe un problème insoluble pour le moment, et qui rend toute dissertation superflue relativement à l’art de choisir une femme ; nous le livrons, comme tous les autres, aux méditations des philosophes.




PROBLÈME.

L’on n’a pas encore pu décider si une femme est poussée à devenir infidèle plutôt par l’impossibilité où elle serait de se livrer au changement que par la liberté qu’on lui laisserait à cet égard.




Au surplus, comme dans cet ouvrage nous saisissons un homme au moment où il vient de se marier, s’il a rencontré une femme d’un tempérament sanguin, d’une imagination vive, d’une constitution nerveuse, ou d’un caractère indolent, sa situation n’en serait que plus grave.

Un homme se trouverait dans un danger encore plus critique si sa femme ne buvait que de l’eau (voyez la Méditation intitulée : Hygiène conjugale) : mais si elle avait quelque talent pour le chant, ou si elle s’enrhumait trop facilement, il aurait à trembler tous les jours ; car il est reconnu que les cantatrices sont pour le moins aussi passionnées que les femmes dont le système muqueux est d’une grande délicatesse.

Enfin le péril empirerait bien davantage si votre femme avait moins de dix-sept ans ; ou encore, si elle avait le fond du teint pâle et blafard ; car ces sortes de femmes sont presque toutes artificieuses.

Mais nous ne voulons pas anticiper sur les terreurs que causeront aux maris tous les diagnostics de malheur qu’ils pourraient apercevoir dans le caractère de leurs femmes. Cette digression nous a déjà trop éloigné des pensionnats, où s’élaborent tant d’infortunes, d’où sortent des jeunes filles incapables d’apprécier les pénibles sacrifices par lesquels l’honnête homme, qui leur fait l’honneur de les épouser, est arrivé à l’opulence ; des jeunes filles impatientes des jouissances du luxe, ignorantes de nos lois, ignorantes de nos mœurs, saisissant avec avidité l’empire que leur donne la beauté, et prêtes à abandonner les vrais accents de l’âme pour les bourdonnements de la flatterie.

Que cette Méditation laisse dans le souvenir de tous ceux qui l’auront lue, même en ouvrant le livre par contenance ou par distraction, une aversion profonde des demoiselles élevées en pension, et déjà de grands services auront été rendus à la chose publique.