Philosophie anatomique. Des monstruosités humaines/Préface

Chez l’auteur, rue de Seine-Saint-Victor, no 33 (p. vii-ix).
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Préface

PRÉFACE.



Je me disposais à donner la suite de mon Ostéologie comparée. Je ne changeai de résolution qu’après en avoir lu quelques parties dans le sein d’une société savante. Cette suite est ce que j’avais promis de publier. Mon motif pour changer fut bien frivole, et je m’en punis par cet aveu naïf.

On interrompit ma lecture à l’occasion de quelques propositions d’anatomie générale que je venais d’énoncer : on ne pouvait admettre qu’elles fussent applicables à l’anatomie humaine, qu’on regardait comme une science achevée. Les débats furent vifs.

Un peu susceptible, et dominé par le sentiment qui donnait du mordant à la muse de Juvénal, je me décidai à écrire de suite un Mémoire tout d’anatomie humaine et tout en considérations et faits nouveaux ; et le volume sur les monstruosités humaines, que je publie aujourd’hui, est le fruit de cette résolution.

Il n’y eut toutefois d’écrit sous l’influence de cette excitation que le premier Mémoire ; car pour les autres, je fus irrésistiblement entraîné à les composer par l’attrait d’une lutte difficile que me promettait l’importante question de la monstruosité, lutte dans laquelle mon esprit ne craignit pas de s’engager.

Cependant je ne puis encore publier la seconde partie de mon Traité d’ostéologie : car j’ai en portefeuille tout rédigé un troisième volume, auquel, à raison de la diversité des sujets qui y seront traités, je donnerai pour second titre le nom de Mélanges.

L’attachement de mes collaborateurs m’a valu la continuation de leurs soins. Les habiles artistes, MM. Huet et Plée, se sont surpassés ; et l’on remarquera qu’en effet les planches de la seconde livraison sont encore plus soignées et plus belles que celles de la première.

M. Delalande, de retour de son mémorable voyage au Cap de Bonne-Espérance, s’est de nouveau associé à mes recherches ; et plusieurs chapitres de ce livre feront connaître ce que je dois à la coopération de mon excellent ami, M. le docteur Serres, qui m’a généreusement communiqué ses précieux manuscrits sur l’encéphale et sur la formation du tissu osseux.

Enfin j’ai de plus été assisté par deux de mes élèves intimes, MM. les docteurs Flourens et Presle-Duplessis : le premier vient de se placer dans les rangs des maîtres de la science par un travail éminemment remarquable sur les fonctions du cerveau et de la moelle épinière ; et le second a lui-même écrit sur les questions dont je traite ici.

Mais, au nom de Presle-Duplessis, mon âme se remplit des plus douloureux regrets. Nous venons de perdre cet intéressant jeune homme. Collaborateur du Dictionnaire classique d’histoire naturelle, ses articles diront quelles furent et l’étendue de son esprit et la solidité de son jugement : mais à combien d’autres suffrages lui donnaient droit aussi les aimables qualités de son cœur !