Petits Poèmes d’Automne/Les sept fontaines sont taries

Petits Poèmes d’automneLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 93-94).

XII

Les sept fontaines sont taries
Qui jaillissaient dans la grand’place
De la ville où la populace
Accourait rire aux féeries.

Sur le palais dont les cent porches
Ne s’ouvriront plus à l’attente,
Tombe la nuit épouvantante,
Lourdement, sans bruit ni torches.


La danse est dansée aux terrasses
Où ne vibreront plus de cordes :
Le Conquérant, avec ses hordes,
A passé, fuyant ses traces.

Seule parmi les fleurs fanées,
Celle qui survit la vie
File en chantant à voix ravie
Le lin rouge des années.

Là-bas la route des désastres
Monte vers la montagne sombre
Où la Fileuse entend, dans l’ombre,
Tonner la chute des astres.