Petits Poèmes d’Automne/L’étendard que mon bras de rebelle

Petits Poèmes d’automneLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 71-72).

V

L’étendard que mon bras de rebelle
Déroula sur les terres du rêve
Tremble aux tours du palais de la Belle
Pour que son peuple en rie. Et le glaive

Que trempa dans le sang des chimères
Quelque héros aïeul de ma race,
S’est brisé dans mes mains éphémères
Contre l’Ange à la rouge cuirasse.


Prince de si triste renommée,
Me voici, revenu des désastres,
Sur la route où jadis mon armée
Chevauchait en chantant vers les astres.

Nul, hélas ! n’enguirlande de roses
Cette lance où miroite la lune.
Ah ! les jours de retour sont moroses
Aux maudits de la mâle fortune !

La douce diseuse d’aventure
Qui pleura sur le seuil de sa porte
Quand je lus dans l’occulte écriture,
Je sais par les signes qu’elle est morte.

Et mon âme qui d’amour tressaille
Revole vers la terre du rêve,
Où vaincu dans l’ultime bataille
Je perdis l’Étendard et le Glaive.