Petits Poèmes d’Automne/Ô paix de ce pays d’ici

Petits Poèmes d’automneLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 47-49).

III

Ô paix de ce pays d’ici
Où jadis nous nous aimâmes
Par nos corps et par nos âmes,
Ô paix de ce pays d’ici !


Le crépuscule dans les arbres
Dont tous les oiseaux sont fous
De s’être aimés comme nous,
Le crépuscule dans les arbres !



Et ce fleuve sous la forêt
Où, sœur folle des automnes,
Tu cueillais les anémones,
Et ce fleuve sous la forêt !


Sais-tu ce que nous dit le fleuve
Qui pleurait dans les roseaux
— Soupirs des vents et des eaux —
Sais-tu ce que nous dit le fleuve ?


Il nous dit : Craignez la forêt
Dont au carrefour des doutes
On ne connaît plus les routes.
Il nous dit : « Craignez la forêt ! »


Mais nous n’avons pas peur des arbres
Lourds du tumulte des vols
Et des chants des rossignols ;
Mais nous n’avons pas peur des arbres.



Ô paix de ce pays d’ici,
La voix des eaux est mensonge,
Et tu ne peux être un songe,
Ô paix de ce pays d’ici.