Petits Poèmes
Revue des Deux Mondes, 2e périodetome 66 (p. 477).
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L'HIRONDELLE.

Oui, madame, je vois que vous êtes très belle.
Madame, regardez là-haut cette hirondelle :
Pour la grâce du vol, c’est un oiseau sans pair.
N’est-elle pas jolie alors que d’un coup d’aile,

Dans les rayures d’ombre et dans le soleil clair,
Elle passe en criant, vive comme un éclair,
La faucheuse d’azur? et dirait-on pas d’elle
La navette de jais d’un tisserand de l’air?

Votre œil aime à la suivre où son vol s’évertue;
Vous croyez qu’elle joue? Hélas! non, elle tue!
Sa souplesse est un piège et son charme un moyen ;

Dieu la fit pour séduire et pour tuer ensemble...
Sauriez-vous d’aventure à qui l’oiseau ressemble?
Moi je ne le sais pas, si vous n’en savez rien.