Petits Dialogues philosophiques/Édition Auguis/45

Texte établi par P. R. Auguis, Chaumerot jeune (Œuvres complètes, tome Ip. 330-331).

ENTRE MADAME DE B… ET M. DE L…

Dial. xlv.M. de L… C’est une plaisante idée, de nous faire dîner tous ensemble. Nous étions sept, sans compter votre mari.

Mad. de B… J’ai voulu rassembler tout ce que j’ai aimé, tout ce que j’aime encore d’une manière différente, et qui me le rend. Cela prouve qu’il y a encore des mœurs en France ; car je n’ai eu à me plaindre de personne, et j’ai été fidèle à chacun pendant son règne.

M. de L… Cela est vrai ; il n’y a que votre mari qui, à toute force, pourrait se plaindre.

Mad. de B… J’ai bien plus à me plaindre de lui, qui m’a épousée sans que je l’aimasse.

M. de L… Cela est juste. À propos ; mais un tel, vous ne me l’avez point avoué : est-ce avant ou après moi ?

Mad. de B… C’est avant ; je n’ai jamais osé vous le dire ; j’étais si jeune quand vous m’avez eue !

M. de L… Une chose m’a surpris.

Mad. de B… Qu’est-ce ?

M. de L… Pourquoi n’aviez-vous pas prié le chevalier de S… ? Il nous manquait.

Mad. de B… J’en ai été bien fâchée. Il est parti il y a un mois, pour l’Isle de France.

M. de L… Ce sera pour son retour.