Petit manuel de politesse et de savoir-vivre à l’usage de la jeunesse/Ce qu'il faut qu’un Enfant observe par rapport à la conversation

Ce qu’il faut qu’un Enfant observe par rapport à la conversation.

Ne parlez pas, à moins qu’on ne vous interroge, et commencez toujours par dire : Monsieur, Madame ou Mademoiselle, selon la personne à qui vous répondrez. Rien n’est plus impoli que de dire crûment : papa va venir ; mon frère est-il ici ? il convient de dire : Madame, papa va venir ; Mademoiselle, mon frère est-il ici ?

2. N’ayez jamais l’air ennuyé, donnez toute votre attention aux personnes avec lesquelles vous vous
trouvez ; parlez toujours poliment et avec circonspection, ne restez point assis, lorsqu’une personne s’approche pour vous parler.

3. Gardez-vous bien de joindre l’une des qualifications Monsieur, Madame, Mademoiselle, ou autre, à quelque mot qui puisse faire équivoque. Il serait malhonnête de dire, par exemple : j’ai mangé du fromage, du cochon, Monsieur. Mon père avait une belle jument, Madame. Il était monté sur un âne, Monseigneur. Il faudrait dire, pour éviter l’équivoque : Monsieur, j’ai mangé du fromage, du cochon, etc., etc. Il suffit, comme on le voit, de changer la place du mot Monsieur, etc.

4. Il est très malhonnête d’élever la voix, principalement quand on parle à des supérieurs, il faut s’exprimer avec beaucoup de modestie, d’une voix douce et modérée. En s’adressant à la personne même, on ne doit pas la nommer ; dites par exemple : je vous remercie, Monsieur, et non pas : je vous remercie, Monsieur Firmin.

5. On ne doit pas parler à l’oreille de quelqu’un, lorsqu’on est en compagnie. Si deux personnes parlent bas, évitez d’entendre leurs conversation en vous éloignant d’elles, et en vous occupant d’un autre objet.

6. Ne vous mêlez jamais de la conversation des personnes plus âgées que vous ; ne coupez point la parole à celui qui parle ; n’affirmez point ce que dit une personne au-dessus de vous : ne parlez des absents que pour en dire du bien ; parlez de vous le moins souvent possible ; lorsque vous racontez une histoire ou un trait plaisant, ne soyez pas le premier à en rire.

7. Il est affreux de donner un démenti à quelqu’un, surtout lorsqu’on n’est pas interrogé sur l’objet dont il s’agit. Dans le cas où l’on s’en rapporterait à vous sur quelque chose dont vous auriez connaissance, que votre réponse soit telle, qu’elle ne puisse aucunement
indisposer celui contre qui la vérité vous obligerait de prononcer.

8. N’allez pas tourner quelqu’un en ridicule, dans l’intention de faire rire ou de montrer de l’esprit : on se repent très souvent d’avoir parlé, et jamais d’avoir gardé le silence. Si vous vous permettez quelques plaisanteries avec vos égaux, faites en sorte qu’elles n’aient rien de piquant.

9. Prêtez-vous avec complaisance à la plaisanterie : vous vous rendriez insupportable, si vous exigiez toujours du respect, ou des égards, ou si vous laissiez entrevoir du mécontentement, au moindre sarcasme qu’on lancerait sur vous, à la moindre chose désobligeante qu’on vous adresserait.

10. Ne parlez jamais désavantageusement d’une personne qui a quelques défauts naturels, devant une autre qui aurait les mêmes défauts. Ainsi ne parlez pas de boiteux devant un boiteux, de bossus devant un bossu, etc., etc.

11. Ne jurez jamais pour appuyer ce que vous dites. Si l’on conteste ce que vous avancez, bornez-vous à dire que vous vous étiez cru certain de ce que vous rapportiez.

12. Il est très inconvenant de rire, lorsqu’on annonce quelque chose de triste ; de faire des questions indiscrètes qui forcent les personnes à dire ce qu’elles veulent taire, ou à nous faire une réponse désobligeante ; de rapporter dans une compagnie ce qu’on a vu dans une autre : de tenir opiniâtrement à son avis plutôt que de se rendre à celui des autres ; de ramener sans cesse la conversation sur des objets désagréables à quelqu’un de la compagnie.