Petit Manuel d’harmonie/Des quintes et octaves réelles et cachées de suite
§ 11.
DES QUINTES ET DES OCTAVES DE SUITE, RÉELLES ET CACHÉES.
BASSES A CHIFFRER ET A REMPLIR AFIN DE METTRE EN PRATIQUE
TOUS LES ACCORDS DU SYSTÈME.
Il y a deux cas où, en faisant entre la basse et une des parties supérieures un mouvement semblable, on commet une faute contre la pureté harmonique. C’est lorsque, par suite de ces mouvements parallèles, deux quintes justes (Ex. 1), ou deux octaves (Ex. 2), sont écrites soit en montant, soit en descendant.
Exemple 1. — Deux quintes de suite.
Exemple 2. — Deux octaves de suite.
Presque toujours ces deux fautes sent commises simultanément. Afin d’éviter la première (les deux quintes de suite) dont l’effet est très dur, et la seconde (les deux octaves de suite) dont le résultat final appauvrit l’harmonie, on se sert du mouvement contraire.
Exemples dans lesquels les deux quintes et octaves de suite précédemment indiquées sont évitées par le moyen du mouvement contraire :
Pourtant, par le mouvement contraire, on peut faire de suite et des quintes et des octaves ; mais alors il faut absolument écrire l’harmonie à trois parties. Exemples :
Ex. 1. | Ex. 2. |
Les octaves de suite par mouvement contraire, entre la basse et la partie la plus haute, se font de préférence aux quintes, à cause de la crudité harmonique qui résulte du repos de la seconde quinte sur la fondamentale finale ; cependant, placées dans une partie intermédiaire, les deux quintes de suite par mouvement contraire remplissent fort bien l’harmonie.
Exemple de deux quintes de suite par mouvement contraire dans une partie intermédiaire :
On commet aussi assez souvent deux fautes moins légères en faisant, soit deux quintes ou deux octaves de suite, dont la première est cachée (ou sous-entendue), et la seconde réelle (ou écrite). Si ces petites incorrections ne sont pas remarquées dans la partie la plus élevée de l’harmonie, elles deviennent alors bien légères.
Exemple de deux quintes cachée et réelle de suite :
Exemple de deux octaves cachée et réelle de suite :
Lorsqu’entre la basse et la partie haute il y a un intervalle de dixième au lieu d’un intervalle de sixte, ainsi qu’on le voit dans l’exemple précédent, les deux octaves cachée et réelle, quoiqu’existantes, sont de beaucoup atténuées, et cette légère incorrection de style peut être commise sans difficulté. Exemple :
Observons, en terminant cette section, que les quintes et octaves réelles de suite sont également défendues entre les parties supérieures, abstraction faite de la basse.
Voici, pour terminer, une suite de basses dans chacune desquelles un des quinze accords est employé spécialement avec ses renversements. Le lecteur observera que l’accord et ses renversements, qui font l’objet de chacune de ces basses, ne sont pas chiffrés, afin de l’obliger à avoir recours au tableau page 5. De plus, le lecteur devra remplir, sur une ligne qu’il ajoutera, l’harmonie à quatre parties exigée par ces différentes basses.
A. Emploi des accords parfaits majeur et mineur et de leurs renversements :
B. Emploi de l’accord de quinte diminuée :
C. Emploi de l’accord de quinte augmentée :
D. Emploi de la sixte augmentée et quinte juste :
E. Emploi de la sixte et quarte augmentées :
F. Emploi de la septième dominante, ou de première espèce :
G. Emploi de la septième dominante avec quinte augmentée :
H. Emploi de la septième de deuxième espèce :
I. Emploi de la septième de troisième espèce :
J. Emploi de la septième de quatrième espèce :
K. Emploi de la septième de sensible :
L. Emploi de la septième diminuée :
M. Emploi de la neuvième majeure[1] :
N. Emploi de la neuvième mineure[2] :
Les élèves devront transposer ces basses dans tous les tons avec dièses et bémols afin de parvenir en peu de temps à pratiquer facilement tous les accords du système, n’importe dans quel ton composé que ce soit.