Pendant l’Exil Tome II Le dîner des enfants pauvres 1866




LE DÎNER DES ENFANTS PAUVRES

Pour faire tout à fait comprendre ce qu’on a pu lire dans ce livre sur la petite institution du Dîner des Enfants pauvres, il n’est pas inutile de reproduire un des comptes rendus de la presse anglaise.

Voici la lettre de lady Thompson et l’article de l’Express dont il est question dans le discours de Victor Hugo :

« À VICTOR HUGO
35, Wimpole Street, London, 30 novembre 1866.

« Cher Monsieur, — Après l’intérêt que vous avez pris au succès de nos dîners aux pauvres enfants, j’ai beaucoup de plaisir à vous envoyer le compte rendu de l’année passée. Notre plan marche toujours bien, et je viens de recommencer pour l’année qui vient. J’aime à croire que vous vous portez bien, et que vous trouvez votre généreuse idée de plus en plus répandue.

« Croyez à mon profond respect,
« Kate Thompson.

« Cette fondation des dîners pour les enfants pauvres a ce rare mérite parmi les institutions d’assistance d’être simple, directe, pratique, aisément imitable, sans aucune prétention de secte ni de système. Il ne faut pas oublier l’homme qui le premier a eu l’idée de ces dîners d’enfants indigents. L’Angleterre a dû beaucoup dans les temps passés aux exilés politiques français. Cette « société des dîners d’enfants pauvres » doit sa création au cœur généreux du plus grand poëte de notre temps, à Victor Hugo, qui, depuis des années, donne toutes les semaines, dans sa maison de Guernesey, à ses propres frais, des dîners pour quarante pauvres enfants, dont il ne considère ni la nationalité, ni la religion, mais seulement la misère. À Noël, Victor Hugo augmente le nombre de ses petits convives et les pourvoit, non seulement de quoi manger et boire, mais d’un choix de jolies étrennes pour égayer et consoler leurs jeunes cœurs et leurs imaginations enfantines, sans oublier de nourrir leurs bouches affamées et de couvrir leurs membres grelottants. Une société qui a été formée à Londres d’après l’exemple de Victor Hugo, s’adresse à tous « ceux qui ont de la sympathie pour les misères des enfants en haillons et demi-morts de faim dans cette vaste métropole ».

« Le nombre des dîners donnés en 1867, dans trente-sept salles à manger spéciales, a été a peu près de 85,000. Depuis ce temps, des dons nouveaux ont été faits représentant 30,000 dîners. La somme entière dépensée alors a été 1,146 livres, et le nombre entier des dîners 115,000. »

(Express du 17 décembre 1866.)