Pauvres fleurs/L’Agonie du Mineur

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Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 275-276).



L’AGONIE DU MINEUR.


Comme aux inertes flancs de sa mère expirée,
Palpite un pauvre enfant qui demande le jour,
D’une terre en douleur lentement déchirée,
Toi qui viens de subir le lugubre séjour,
Lazare ! es-tu vivant, qui ne comptais plus l’heure,
Qu’à ton pouls ralenti dans ta sourde demeure,
Qu’aux larmes de tes yeux qui regardaient sans voir,
Le ciel, où gravissaient tes ferventes prières ;
Où ton âme montait demander de l’espoir
À Dieu, qui le laissa couler sous tes paupières.

Oui, Dieu qui te voyait te soumettre et souffrir,
Dit qu’il n’était pas temps de te laisser mourir ;
Dieu, couvrant de sa main ton aveugle agonie,
Au bord de ton sépulcre épancha des clartés,
Des âmes et des voix et les flots agités
D’hommes justifiant leur nom divin : génie !
Qui creusaient une route à tes jours ténébreux,
Versaient l’eau pure et l’air en ton sein douloureux,
Comme avec des forceps t’arrachant à la terre,
Renouvelaient ton souffle en ce travail austère !

Jusqu’à l’heure où poussé d’un courage fervent,
Un jeune et pauvre prêtre armé du Dieu qui t’aime,
Adjura ton enfer en s’y plongeant lui-même
Et sous la même croix, te rapporta vivant.




Un ouvrier de Lyon fut englouti vif, et vécut sous terre l’espace de onze jours ; le prêtre qui descendit pour l’assister du dernier sacrement, le rapporta dans ses bras à la foule rassemblée qui les croyait morts tous deux.