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Pauvres fleursDumont éditeur Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 305-306).



ANGELUS.


À genoux ! l’angelus appelle !
Le pasteur monte à la chapelle ;
L’aveugle accorde son vieux luth ;
C’est le moment de la prière
Qui veut notre âme tout entière :
Silence, amour ! silence… chut !


À genoux ! l’église promène,
Dans les airs sa fervente haleine,
Et le ciel répond au salut !
La fleur s’incline sur sa tige :
Tout s’émeut sous l’humble prodige :
Silence, amour ! silence… chut !

À genoux ! le village prie,
Et c’est demain qu’on nous marie ;
Dis un ave pour mon salut !
Hélas ! pour songer à moi-même
Je suis trop près de ce que j’aime :
Silence, amour ! silence… chut !

À genoux ! la vierge regarde !
Et la cloche nous dit : « prends garde ! »
Car c’est l’heure où l’ange apparut ;
Les cierges ont mêlé leurs flammes,
Comme tout à l’heure nos âmes :
Silence, amour ! silence… chut !