Pausanias, Elide-2, chapitre I

Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (3p. 232-237).
DESCRIPTION
DE LA GRÈCE
Par PAUSANIAS
LIVRE VI. ÉLIDE

chapitre I.

Statues des Athlètes qui ont remporté des prix, et d’autres particuliers.

Après avoir décrit les offrandes, il me reste à parler des chevaux qui ont remporté des prix, des athlètes ; et même de ceux qui ne l’étoient pas. On n’a pas érigé des statues à tous ceux qui ont remporté la victoire à Olympie ; il y a même des gens qui se sont distingués, soit dans les jeux, soit de toute autre manière, qui n’ont cependant point eu de statues, et il n’entre pas dans mon plan d’en parler, puisque je n’ai pas entrepris de faire le catalogue des athlètes qui ont remporté des victoires aux jeux olympiques, mais seulement la description des statues élevées par motif de religion ou pour honorer quelqu’un.

Je ne parlerai même pas de tous ceux qui ont eu des statues, sachant combien il y en a qui n’ont dû la couronne qu’à un effet surprenant du hasard et non à leur propre force. Je me contenterai donc de rappeler ceux qui se sont plus particulièrement fait remarquer et dont les statues ont quelque mérite qui les distingue.

Il y a à la droite du temple de Junon la statue d’un lutteur Eléen, Symmachus fils d’Æschyle, et tout auprès Néolaïdas fils de Proxène, de Phénée en Arcadie, qui remporta le prix du pugilat parmi les enfants ; ensuite Archidamus, fils de Xénius, aussi Eléen, qui remporta également parmi les enfants le prix de la lutte. Ces trois statues sont l’ouvrage d’Alypus de Sicyone, élève de Naucydes d’Argos. L’inscription qui est sur la statue de Cléogène, fils de Silène, nous apprend qu’il étoit aussi de l’Élide, et qu’il avoit remporté le prix de la course à cheval avec un cheval de son propre haras.

Tout auprès de la statue de Cléogène sont celles de Dinolochus, de Pyrrhus et de Troïlus, fils d’Alcinus, tous trois Eléens ; leurs victoires cependant ne furent pas du même genre, car il arriva à Pyrrhus de remporter le prix de la course du char et d’être Hellanodice en même temps. Troïlus fut vainqueur à la course des chars attelés de deux chevaux d’âge fait, et à celle des chars attelés de poulains. Il remporta ces deux victoires en la cent deuxième olympiade.

Ce fut à l’occasion de la victoire de Pyrrhus que les Eléens ordonnèrent par une loi, qu’à l’avenir aucun Hellanodice ne pourroit faire concourir ses chevaux pour les prix. Sa statue est l’ouvrage de Lysippe. Quant à Dinolochus, il étoit encore enfant lorsque sa mère eut un songe où il lui sembla qu’elle tenoit son fils couronné entre ses bras ; d’après ce songe Dinolochus s’exerça pour les jeux, et il remporta le prix de la course parmi les enfants. Sa statue est de Cléon de Sicyone.

En parlant des rois de Sparte, j’ai déjà fait mention de Cynisca, fille d’Archidamus, de sa famille et de ses victoires olympiques. On voit à Olympie, auprès de la statue de Troïlus, un soubassement de pierre sur lequel il y a un char attelé, le conducteur et la statue de Cynisca elle même, le tout de la main d’Apelle. Il y a aussi des inscriptions en l’honneur de Cynisca. On voit ensuite auprès de Cynisca différentes statues de Lacédémoniens qui ont remporté la victoire en faisant courir leurs chevaux. Anaxandrus fut le premier couronné pour la course des chars ; l’inscription qui est sur sa statue nous apprend que son aïeul paternel avoit été couronné pour le pentathle.

Anaxandrus semble adresser des prières au dieu. Polyclès, qu’on surnommoit Poly chalcos, a aussi été vainqueur à la course des chars à quatre chevaux ; sa statue le représente tenant de la main droite une bandelette, il a auprès de lui deux enfants, dont l’un tient une toupie et l’autre lui de mande la bandelette. L’inscription nous apprend que Polyclès avoit remporté avec ses chevaux d’autres victoires à Pythos, dans l’Isthme et à Némée.