Pausanias, Elide-1, chapitre XXVI

Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (3p. 215-219).

CHAPITRE XXVI.


Statue de la Victoire. Offrandes de Micythus. Statue du dieu Agon tenant des haltères. Histoire de Micythus. Statue de la Victoire Aptéros. Offrandes des Héracléotes du Pont-Euxin, représentant divers travaux d’Hercule.

Les Doriens de la Messénie, que les Athéniens établirent à Naupacte, ont dédié à Olympie une statue de la Victoire sur une colonne : elle est l’ouvrage de Pæonius de Mende ; ils l’ont fait faire du produit des dépouilles de leurs ennemis ; je crois que ce fut après la guerre qu’ils firent aux Acarnaniens et aux Œniades : cependant ils disent qu’ils l’ont dédiée lorsqu’ils remportèrent la victoire sur les Lacédémoniens à Sphactérie, conjointement avec les Athéniens, et qu’ils n’y ont pas inscrit le nom des vaincus par crainte des Lacédémoniens, crainte qu’ils n’auroient pas eue à l’égard des Acarnaniens et des Œniades.

Les offrandes de Micythus sont très nombreuses, mais elles ne sont pas toutes réunies. Celles qu’on voit dans l’endroit où est Iphitus Éléen et Ecéchiria qui lui met une couronne sur la tête, sont les suivantes : Amphitrite, Neptune et Vesta, toutes trois faites par Glaucus d’Argos. Il en a dédié d’autres vers le côté gauche du grand temple ; savoir : la fille de Cérès et Vénus, Ganymèdes et Diane, les poètes Homère et Hésiode, Esculape et Hygie.

On voit aussi parmi les offrandes de Micythus le dieu Agon tenant des haltères : ces haltères ont la forme de demi-cercles un peu allongés et pas très-arrondis. On y a pratiqué une ouverture où l’on passe les doigts pour les tenir, comme on passe le bras à travers les courroies d’un bouclier. Auprès de la statue d’Agon se trouvent celles de Bacchus, d’Orphée de Thrace, et le Jupiter dont j’ai parlé plus haut. Tous ces ouvrages sont de Denys d’Argos. On prétend que Micythus en avoit dédié encore d’autres avec celles-là ; mais Néron les a aussi enlevées.

Denys et Glaucus, qui ont fait ces statues, étoient tous deux Argiens, mais on ne dit pas quel fut leur maître ; cependant on peut connoître leur époque par celle de Micythus, qui plaça tous ces ouvrages à Olympie. Hérodote dit dans son histoire que Micythus étoit esclave d’Anaxilas, tyran de Rhégium, et le garde de toutes ses richesses ; qu’après la mort de ce prince il se retira à Tégète.

Les inscriptions qu’on voit sur ces offrandes nous apprennent qu’il étoit fils de Chœrus, et qu’on lui donne pour patrie les villes grecques de Rhégium et Messène vers le détroit ; elles nous apprennent aussi qu’il habitoit Tégée. Il fit toutes ces offrandes à Olympie, en exécution d’un vœu qu’il avoit fait pour la guérison de son fils, attaqué d’une maladie de langueur.

Tout auprès des plus grandes statues données par Micythus, qui sont toutes de Glaucus d’Argos, il y a une Minerve debout, couverte de l’égide et ayant un casque sur la tête ; c’est un ouvrage de Nicodamus de Mænale, et une offrande des Eléens. Il y a auprès de cette Minerve une Victoire qui a été dédiée par les Mænaliens. L’inscription ne nous apprend pas à l’occasion de quelle guerre ils firent cette offrande ; cette victoire n’a point d’ailes, et on dit que Calamis l’a représentée ainsi à limitation de la statue en bois de la Victoire Aptéros qu’on voit à Athènes.

Vers les petites statues offertes par Micythus, qui sont l’ouvrage de Denys, on voit divers travaux d’Hercules, savoir : ses combats contre le lion de Némée, contre l’Hydre, son entreprise sur le chien des enfers, et celle sur le sanglier d’Érymanthe. Les Héracléotes, après avoir ravagé le pays des Mariandyniens, peuple barbare de leur voisinage, offrirent ces statues à Olympie.

Héraclée est une ville sur les bords du Pont-Euxin, qui a été fondée par les Mégaréens ; les Bœotiens de Tanayre contribuèrent aussi à sa fondation. En face des statues dont je viens de parler, on en voit d’autres qui se suivent, regardant toutes le midi ; elles sont auprès de l’enceinte consacrée à Pélops.