Pausanias, Elide-1, chapitre XXII

Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (3p. 180-187).

qu'il s'enfuit la veille du jour où les pancratiastes devaient être appelés. C'est le seul homme, parmi les Égyptiens, et même parmi les autres peuples qui sont admis aux jeux, qu'on se rappelle avoir été condamné à l'amende pour sa lâcheté. Telles sont, à ce qu'on m'a dit, les causes pour lesquelles ont été faites les statues dont j'ai parlé.


CHAPITRE XXII.


Autres statues de Jupiter, érigées par des peuples ou par des particuliers. Autel sur lequel les Trompettes et les Héraults se disputent le prix de leur art. Statues placées près de l'édifice nommé Hippodamium. Le pays pommé Abantis. Statues dédiées par les Métapontins, les Phliasiens et les Léontins.

IL y aussi d'autres statues de Jupiter qui ont été érigées, soit par des peuples, soit par de simples particuliers. On voit dans l'Altis, près de la porte qui conduit au Stade, un autel qui ne sert point pour les sacrifices, mais il est d'usage que les trompettes et les héraults s'y placent pour disputer le prix de leur art. Il y a près de cet autel une statue de Jupiter; elle est en bronze ainsi que son piédestal. Cette statue a six coudées de haut et tient un foudre de chaque main. Elle a été dédiée par les Cynaethseens. Le Jupiter encore enfant, qui a un collier autour du col, est une offrande de Cléolas de Phlionte.

Il y a près de l'édifice nommé l'Hippodamium un socle de marbre demi-circulaire, sur lequel sont représentés Jupiter avec Thétis et l'Aurore, qui le supplient chacune pour leurs fils. Ces trois figures sont au milieu du socle ; Achille et Memnon sont aux deux extrémités, déjà en attitude de combattants ; après eux on voit successivement quatre Grecs en présence de quatre Barbares; savoir, Ulysse et Hélénus qu'on a opposés l'un à l'autre, parce qu'ils étaient chacun dans leur armée les plus renommés par leur sagesse ; Alexandre et Ménélas, à cause de leur ancienne rivalité ; Diomède et Énée, et enfin Ajax fils de Telamon, et Deïphobe.

Ces sculptures sont l'ouvrage de Lycius, fils de Myron, et elles ont été dédiées par les Apolloniates de la mer Ionienne. Sous les pieds de Jupiter est une inscription élégiaque en caractères anciens, la voici : Nous sommes un monument de la piété des Apolloniates, qu Apollon établit jadis sur les bords du golfe Ionien. Après avoir conquis le pays des Abantides et la ville de Thronium, ils nous ont placé ici pour la dîme du butin. Le pays nommé Abantis et la ville de Thronium qui en fait partie, étaient dans la Thesprotide de l'Épire, près des monts Cérauniens; car les vaisseaux des Grecs ayant été dispersés par la tempête au retour du siège de Troie, les Locriens de Thronium, ville sur les bords du fleuve Boagrius, et les Abantes de l'Eubée furent jetés avec huit vaisseaux vers les monts Cérauniens ; ils s'y établirent, fondèrent une ville qu'ils nommèrent Thronium, et donnèrent d'un commun accord le nom d'Abantis à tout le pays qu'ils occupèrent; dans la suite des temps ils en furent chassés par les Apolloniates leurs voisins, après une guerre où ils avoient été vaincus. Apollonia avait été fondée par les Corcynéens, suivant quelques-uns; d'autres disent que les Corinthiens eux-mêmes avaient contribué à sa fondation.

En avançant un peu, vous trouvez, tourné vers le soleil levant, un Jupiter qui tient un aigle d'une main et un foudre de l'autre : il a sur la tête une couronne de fleurs printanières. Cette statue qui est l'ouvrage d'Aristonus d'Égine a été dédiée par les habitants de Métaponte. On ne connaît pas le maître de cet Aristonus, et on ignore à quelle époque il florissait lui-même.

Les Phliasiens ont aussi dédié une statue de Jupiter, celles des filles d'Asopus et d'Asopus lui-même. Voici comment elles sont placées. Némée est la première de toutes, on voit ensuite Jupiter qui enlève Égine; Harpinna est debout auprès d'Égine : les Éléens et les Phliasiens disent que Mars eut commerce avec Harpinna, et qu'elle en eut Oenomaüs roi de Pise. Corcyra vient après; ensuite Thèbe, et enfin Asopus qui est le dernier. Neptune eut, à ce qu'on dit, les faveurs de Corcyra, et Pindare a chanté les amours de Thèbe et de Jupiter.

Il y a ensuite un Jupiter qui a été dédié par quelques particuliers de Léontine et non par la ville. Il a sept coudées de haut, il tient un aigle d'une main, et de l'autre l'arme que les poètes lui donnent ordinairement. Cette statue a été offerte par Hippagoras, Phrynon et Aenésidemus, que je ne crois pas le même qu' Aenésidemus, tyran de Léontine.