Pausanias, Elide-1, chapitre XX

Traduction par M. Clavier.
J.-M. Eberhart (3p. 159-164).

CHAPITRE XX.


Autres offrandes dans le temple de Jupiter Olympien. Cadavre d'un homme armé, trouvé dans le temple de Junon. Colonne d'Oenomaus. Temple de la Mère des Dieux. Édifice nommé Philippéum.

ON remarque encore d'autres offrandes dans ce temple, savoir : un petit lit orné presque entièrement d'ivoire, le disque d'Iphitus et la table sur laquelle on dépose les couronnes pour les vainqueurs. Le petit lit était, dit-on, un jouet d'Hippodamie. Sur le disque d'Iphitus est inscrite la suspension d'armes que les Éléens font proclamer pour les jeux olympiques. Les lignes ne sont point droites, mais elles forment un cercle autour du disque.


La table est faite d'or et d'ivoire; elle est l'ouvrage de Colotès, qui descendait, à ce qu'on dit, d'Hercules. Ceux qui ont fait des recherches plus exactes sur les sculpteurs, disent que Colotès était de Paros et élève de Pasitèles, ce Pasitèles avait appris de lui-même son art. Vous voyez sur le devant! de cette table, Jupiter et Junon, la Mère des Dieux, Mercure, Apollon et Diane. Sur le derrière on a représenté les jeux olympiques.

Sur l'un des cotés on voit Esculape, Hygiée sa fille, Mars et un combat auprès de lui; sur l'autre côté Pluton, Bacchus, Proserpine et des nymphes qui portent l'une un globe et l'autre une clef; car Pluton a une clef avec laquelle il ferme, dit-on, si bien les enfers, que rien n'en peut revenir.

Il ne faut pas que j'oublie ici le récit que m'a fait Aristarque, l'exégète d*Olympie. Il m'a dit que de son temps les Éléens voulant réparer le temple de Junon qui était endommagé, on trouva entre le plafond intérieur fait pour la décoration, et la charpente destinée à supporter les tuiles, le cadavre d'un homme armé de toutes pièces qui avait des blessures. C'était un de ces Éléens qui combattirent les Lacédémoniens dans l'Altis même, car les Éléens pour se défendre montèrent sur les temples des dieux et sur tous les endroits élevés. Il paraît que cet homme, prêt à expirer à cause de ses blessures, se glissa dans cet endroit, et que lorsqu'il fut mort, son corps se trouvant à l'abri des grandes chaleurs de l'été et des gelées de l'hiver se conserva parfaitement. Aristarque me dit encore qu'on avait emporté le cadavre hors de l'Altis, et qu'on l'enterra avec ses armes. En allant du grand autel vers le temple de Jupiter, vous trouvez à gauche la colonne que les Éléens nomment la colonne d'Oenomaüs; elle est sous un toit soutenu par quatre colonnes : construction qu'on a faite pour conserver cette colonne qui est en bois, et qui très endommagée par le temps, n'est plus guères maintenue que par des liens. On prétend qu'elle faisait partie de la maison d'Oenomaüs. Le tonnerre ayant frappé cette maison, tout le reste fut consumé par la foudre, et la colonne resta seule.

Sur une plaque de cuivre placée en avant on lit l'inscription suivante en vert élégiaques : Je suis, ô étranger! le reste d'un palais célèbre; j'étais jadis colonne dans la maison d'Oenomaüs : maintenant entourée de ces liens, je suis précieusement conservée près du temple de Jupiter, le feu m'ayant épargnée.

Voici encore ce qui arriva de mon temps.


Un sénateur romain, couronné aux jeux olympiques, voulut, pour laisser un monument de sa victoire, y faire placer sa statue en bronze avec une inscription. En creusant la terre auprès de cette colonne pour poser le socle de la statue, on trouva des fragments d'armes, de brides et de mords, que j'ai vu moi-même tirer de la terre.

Là s'élève aussi un très grand temple d'ordre dorique, qu'on nomme encore maintenant le Métroüm, ancien nom qu'on lui a conservé: on n'y voit cependant plus aucune statue de la Mère des Dieux : et on y a placé des empereurs romains en pied. Le Métroüm est dans l'Altis, ainsi qu'un édifice de forme ronde, qu'on appelle le Philippéum : au sommet de cet édifice un pivot de bronze sert de lien aux poutres qui en forment le toit.

Cet édifice est vers la sortie à gauche par où l'on va au Prytanée ; il est construit en briques cuites et entouré de colonnes. Philippe le fit bâtir après avoir vaincu les Grecs à Chéronée. On y voit les statues de Philippe et d'Alexandre, et celle d'Amyntas, père de Philippe; ces statues sont en or et en ivoire, ainsi que celles d'Olympias et d'Eurydice, et sont aussi l'ouvrage de Léocharès.