Passions de jeunes miss/Texte entier

Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre

I[1]


Neuf heures du soir : la longue et large salle de punitions de l’Institution Sticker était toute tendue d’immenses draperies noires, éclairées par des lampadaires aux teintes assombries : sur les quatre côtés de la salle, les divisions des jeunes Miss disposées sur plusieurs rangs, présentaient un aspect saisissant par leurs costumes uniformément blancs, leurs cheveux dénoués flottant sur le dos, leurs mains gantées en peau de chevreau noir, leurs bas noirs apparaissant chez toutes plus ou moins, suivant la jupe plus ou moins courte, les grandes, ayant revêtu pour la circonstance la robe dégageant un peu au-dessus des jarrets, les jambes : au milieu des élèves, les maîtresses formaient contraste par leur toilette noire, à corsage décolleté et à manches courtes, les mains et les bras gantés de blanc, la jupe de la longueur de celle des grandes filles, permettant de voir leurs bas blancs. En avant des divisions des moyennes, deux femmes occupaient deux fauteuils, la directrice, miss Sticker, en toilette de soie noire montante et sévère, et une élève, réputée la mieux notée, en réalité sa protégée, miss Lisbeth de Verwing, jolie et charmante petite blonde de dix-sept ans, vêtue de blanc comme toutes ses compagnes, toute aussi grave d’allures que la directrice. Sur le milieu de la salle, un cheval d’assez haute taille, à mécanique, placé sur un long socle, se tenait debout sur ses pattes de derrière, dans une fière attitude, comme s’il se cabrait ou comme s’il s’apprêtait à s’élancer. À droite et à gauche du cheval, se groupaient une dizaine de servantes, toutes jeunes, robustes et jolies, en tenue de demi-soubrettes ou paysannes, jupe courte à couleur voyante, corsage de velours rouge orné d’une collerette, les bras nus jusqu’au coude, ayant à la main, les unes une badine, d’autres des verges, celles-ci un martinet ou un fouet à petit manche. L’espace au milieu, était assez vaste pour que même les plus petites élèves pussent voir ce qui allait se passer. Le silence régnait dans la salle, sur un claquement de mains de miss Sticker, une porte s’ouvrit, et on vit s’avancer, toute nue et toute tremblante, les poignets liés, les pieds dans des sandales, une jeune fillette de quatorze à quinze ans, annonçant déjà la floraison de l’adolescence par les hanches bien arrondies, les jambes bien dessinées, les seins mignonnets et tendant à pousser, le minet duveté blond, couleur de ses cheveux, des larmes coulant le long de ses joues, sa pâleur augmentant à chaque pas, si possible : en arrivant dans le milieu de la salle, en apercevant le cheval debout qui semblait vouloir s’élancer sur elle, en remarquant celle de ses compagnes, assise près de la directrice, elle eut une contraction nerveuse qui faillit la jeter à terre. Cette jeune fille était miss Hilda Lauthemann, le matin encore la favorite aimée de miss Sticker, la directrice dévergondée qui présidait aux destinées de la maison d’éducation et qui sous ses jupes cachait son sexe masculin, miss Hilda, coupable d’infidélité à l’amant qui la dépucela et qui, l’ayant rejetée, ordonnait son supplice actuel. Deux servantes escortaient la malheureuse enfant. Arrêtée devant le cheval, la tête penchée sur la poitrine, elle entendit la directrice qui, d’une voie vibrante, prononçait ces mots :

— Mistress et Miss, notre cœur, enclin à l’indulgence, souffre cruellement de la nécessité où nous nous trouvons aujourd’hui de sévir contre une élève qui fut de nos plus aimées. Mais par cela même que nous eûmes pour elle un profond attachement, la faute qu’elle commit à notre égard imposait la plus dure des punitions. Raffermissez donc vos âmes devant le châtiment qu’elle va recevoir, observez le silence le plus strict, si vous ne voulez pas vous exposer à la remplacer après sa peine, et tâchez à l’avenir de ne pas vous attirer notre mécontentement.

La directrice, qui s’était levée, se rassit, et les deux servantes qui avaient escorté Hilda la prirent chacune par un bras, pour la placer derrière le cheval, en lui ordonnant de se mettre par-dessus sa queue, dont le panache traînait à terre. La malheureuse semblait plus morte que vive. On lui appuya le ventre contre la croupe de la bête simulée et on l’y ficela par le buste et par les bras : elle apparaissait bien fluette à côté de cet instrument de supplice : des cercles la rattachèrent par les jambes aux pattes de derrière du cheval, les pattes sur lesquelles il se dressait : on aurait juré à la voir ainsi placardée qu’elle ne formait plus qu’un prolongement de la machine imaginée pour cet étrange châtiment. Quelques élèves éprouvèrent un effroi compréhensible à ces préparatifs, et cet effroi augmentait en contemplant le tremblement qui agitait les jambes de la coupable. Hilda ne disait rien : elle ne pleurait plus, elle en appelait à toute son énergie : peu à peu elle parvenait à se surmonter. Un certain amour-propre naissait dans son cœur, celui de ne pas faiblir devant la rivale qui lui succédait si brusquement. Elle avait cru remarquer, malgré sa préoccupation craintive sur ce qui allait lui arriver, que Lisbeth la regardait avec des yeux rieurs, plutôt satisfaits. Cela la secouait, lui rendait des forces pour tout supporter. Hélas, hélas, à ce moment, sur son postérieur si blanc, si séduisant, si bien fait pour la caresse, cette caresse qu’elle appréciait lorsque la gentille Reine la lui donnait ; sur ses fesses si rondelettes et si bien plantées, si solides et si belles, depuis qu’elle savait les manœuvrer pour les délices de l’amant qui l’enfilait, retentit le sifflement d’une badine sous laquelle se marqua un long sillon rougeâtre. Elle lança un cri désespéré, elle ferma les yeux, la terre parut s’écrouler tout autour, un second coup de badine s’ajoutait au premier, zébrait sa peau, et sous le coup, le cheval opérait un brusque mouvement qui le ramenait en avant sur ses pattes de devant, relevait sa croupe, la soulevant en même temps, enlevant ses pieds du sol sur lequel ils reposaient, lui faisait pendre les jambes le long de son arrière-train. Et ce fut un spectacle lamentable et affreux. Les coups de badine pleuvaient sur ce jeune cul, le mettaient en sang, et à mesure qu’ils l’atteignaient, le cheval se courbait sur ses pattes de devant ou se redressait sur celles de derrière, attirant le corps d’Hilda en avant, en arrière, dans une oscillation continue, qui arrachait des cris de peur et de souffrance à la flagellée. Ah, le pauvre et cher petit cul ! Il ne bombait pas en invites gracieuses d’enculage : il se rétrécissait comme s’il fondait sous les coups qui le cinglaient ; il perdait de sa forme si joliette ; le sang giclait de plusieurs déchirures, coulait le long du gras des cuisses. Les badines, maniées par deux servantes, fustigeaient à tour de rôle ! Châtiment implacable, les petites filles ouvraient des yeux hallucinés et effarés ; les grandes pâlissaient et les maîtresses elles-mêmes sentaient mollir leur cœur. Miss Sticker, les yeux durs et secs, les sourcils froncés leva la main. La flagellation était terminée. Le cheval fut remis dans sa posture du début. Hilda ne criait plus : elle n’avait plus conscience de ce qui se passait. Des servantes apportèrent un lit pliant sur lequel on l’étendit, après l’avoir débarrassée de ses liens : une infirmière la pansa pour les déchirures striées qui marquaient ses fesses. Peu à peu elle jetait des regards moins troublés autour d’elle, on lui fit prendre un cordial. Devant ce lit de souffrance, successivement et dans le plus grand des silences, défilèrent toutes les divisions, se rendant de là à la salle de rassemblement, où miss Sticker devait prononcer une allocution. Restée seule avec la coupable, la directrice s’en approcha et dit :

— Si tu as souffert, petite malheureuse, n’en accuse que toi-même. J’étais toute bonté et toute protection, et tu t’es moquée de ma sollicitude. À l’infirmerie, tes plaies se guériront vite ; le mal que tu m’as fait au cœur ne se cicatrisera pas aussi facilement. À ta guérison, tu subiras quinze jours de cachot et tu seras privée de vacances.

Hilda ne regarda même pas la directrice et ne répondit rien. On l’emporta à l’infirmerie et elle y observa le même mutisme.

Miss Sticker, ayant rejoint les divisions, leur ordonna de former le cercle, et d’un ton sévère, prononça ces quelques mots :

— J’espère, Miss, que le spectacle auquel vous venez d’assister portera ses fruits : Vous avez vécu de douces journées de joie et de fête ; je ne demande qu’à vous les redonner. Cela dépendra de votre bonne conduite de ces jours-ci. Retirez-vous avec calme et dormez paisiblement. Les règlements de la maison seront appliqués avec rigueur jusqu’à nouvel ordre.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
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II


Lisbeth ne s’élevait pas contre les sévérités de la directrice, voilà ce que l’on constata dans les jours qui suivirent. Elle exerçait cependant la même influence qu’Hilda. Changeait-elle de caractère avec la faveur qui lui survenait ? Il y eut une fête intime chez miss Sticker, où furent conviées Reine, Aline, Christya, Nelly Grassof et quelques toutes petites filles. On murmura que dans cette fête, il se but beaucoup de liqueurs et qu’on se saoûla à qui mieux mieux. Miss Sticker s’était couchée, et chaque grande, à tour de rôle, alla lui tenir compagnie une bonne heure avec une petite, et toutes les deux, en rejoignant les autres qui continuaient à boire, revenaient complètement nues. Il se colportait d’étranges rumeurs sur cette orgie nocturne. Comme les petites tombaient de sommeil, on leur piquait les mollets et les fesses avec des épingles, elles couraient par le salon de la directrice pour les éviter, et Reine les attrapait, les suçait dans les cuisses, leur apprenait de grosses cochonneries. Oh, elles n’avaient plus envie de dormir ; mais nulle indiscrétion ne trahissait ce que miss Sticker pouvait bien faire avec une grande et une petite dans son lit. Le travail scolaire reprenait son ancien cours ; on éprouvait une sorte de gêne inexplicable ; il ne transpirait plus rien des faiblesses de la chair ; les réfrigérantes ne tremblaient plus de la dépravation qui menaçait leur pudibonderie ; les vicieuses cachaient davantage leurs mauvais instincts ; les rabatteuses de la Française affichaient une prudente réserve. La débauche s’enrayait-elle ? Il semblait qu’une ère d’expectative permettait aux sages de se recueillir pour mieux résister au torrent de luxure Malgré le cynisme éhonté des pourries, la majorité des élèves irréductibles à toute compromission sexuelle, dominait de beaucoup la minorité des dissolues. D’avoir une fois en passant, et pour savoir, donné son cul ou son con à lécher à la Française, cela ne tirait à aucune conséquence. Beaucoup de ces jeunes miss qui s’abattirent, jupes troussées et pantalon ouvert, sur la tête de Reine, considéraient la chose comme une petite saleté sans importance, acceptée par simple bravade de l’autorité directoriale. Puis, cela leur constituait le droit de n’être pas embêtées par les raccrocheuses de la Française, à qui elles pouvaient répondre qu’ayant goûté à la chose, elles trouvaient l’ordure l’emportant sur le plaisir, et que par conséquent, il ne leur plaisait pas de recommencer. Allait-on enfin respirer en paix sans être sollicitées par des perversités, vous proposant d’agréables sensations charnelles, si on se livrait aux manipulations et aux caresses de Reine ! Lisbeth ne s’affichait pas comme Hilda : d’ailleurs elle approchait du terme de ses études, et si la précédente favorite se rangeait parmi les plus paresseuses de l’institution, en revanche Lisbeth marchait presque de pair avec Reine comme travail, intelligence, application, bonne volonté à l’étude pour les devoirs et les leçons. Et c’est de cette application que partit la première mesure annonçant que l’œuvre de la chair ne désarmait pas dans l’institution. On apprit, un beau matin, qu’avec l’autorisation de miss Sticker, Lisbeth s’adjugeait une fillette pour la diriger dans ses études et s’en servir de petite bonne à tout faire, sous le prétexte de l’habituer au travail intérieur d’une maison. À l’exemple de Lisbeth, Reine et Aline obtenaient la permission d’agir de même. Cette liberté, accordée aux trois élèves, affirmait que la puissance de Lisbeth égalait celle qu’exerça Hilda, et établissait que les animosités personnelles de la nouvelle favorite exciteraient de futurs conflits. Il n’était un secret pour personne, que Christya ne bénéficiait pas de l’avantage des trois autres, quoique fréquentant assidûment les appartements directoriaux, à cause de sa rivalité avec Lisbeth auprès de la petite Lucy Barrisson, une ravissante fillette blonde de dix ans. Depuis longtemps cette enfant avait attiré l’attention de Christya, qui essayait de tous les moyens de séduction pour la corrompre, la bourrant de gâteaux et de bonbons. Marchant sur ses seize ans, Christya, dégourdie par Reine, dépucelée par Jean Sticker, rêvait de former une gougnotte, qui la lécherait à toute occasion, en Lucy. Avec tout ce qu’elle entreprit pour aboutir, elle ne parvint qu’à s’en faire branler de temps en temps. Lucy répugnait à se livrer aux minettes ou aux feuilles de roses que lui demandait sa grande amie, pour laquelle néanmoins elle professait une réelle affection. Christya, ne réussissant pas à débaucher entièrement cette enfant, Lisbeth voulut s’y attaquer, et eut encore moins de succès. Dépitée, elle imagina ce droit de se donner une petite élève, et elle la choisit. Si l’existence apparaissait plus calme pour les élèves, il n’y avait pas à douter que celles, admettant en partie ou absolument les plaisirs de luxure, récolteraient punitions et corrections à se placer au travers des fantaisies de l’étoile du moment. Sur un carnet de notes de la directrice, la petite Lucy était marquée avec la lettre C en regard de son nom. Cela signifiait la capacité voulue pour servir, tout au moins comme excitante, aux plaisirs de la chair. De par cette note, la favorite avait droit d’en user à sa fantaisie. Lucy savait par Christya, qu’après la directrice, Lisbeth jouissait des pleins pouvoirs sur la maison. Elle ne protesta donc pas, lorsque celle-ci l’emmena dans sa chambre, pour l’initier au service qu’elle en attendait.

— Lucy, dit Lisbeth sitôt qu’elles furent enfermées, tu as vu ce qui est arrivé à Hilda, il y a quelques jours ?

— Oh oui, la pauvre a été malade, et elle n’a pas encore quitté l’infirmerie.

— Eh bien, tu ne voudras pas t’exposer à subir la même punition ?

— Oh non, oh non, et je serai bien sage pour qu’on ne me fouette pas de cette façon.

— La sagesse consiste à obéir aux grandes filles, et pour toi, de te conformer à mes moindres volontés. Miss Sticker, sur mon désir, te confie à mes soins pour t’aider dans tes devoirs : en revanche, tu me serviras de petite bonne et de petite amie. Ainsi tu apprendras à te conduire plus tard dans le monde.

— Est-ce que je ne m’amuserai plus aux récréations avec mes camarades ?

— Qui te parle de ça ? Tes heures d’étude m’appartiennent, et seront mieux employées sous ma direction que dans la salle avec les autres, où forcément tu as des distractions nuisibles à tes leçons. Grâce à ma sollicitude et à ma protection, tu avanceras plus vite, et je pense que tu m’en témoigneras ta reconnaissance, en me caressant, tu sais comment ?

— Non, je ne veux pas ça.

— Je le regrette bien, ma petite Lucy ; en sortant de cette chambre, je vais te remettre à Rosine, qui a l’ordre de te conduire au cheval.

— Oh ça, ce n’est pas bien, tu es une méchante !

— C’est toi la méchante ! Tu n’ignores pas que j’en trouverais, aimant ce que je te propose.

— Pourquoi ne le leur demandes-tu pas ? Miss Reine est la cochonne qui le fait le mieux, à ce que j’ai entendu dire.

— Oh, elle a bien dû passer la langue sur ton petit cul, et tu es bien niaise de t’entêter à me refuser de me la passer sur le mien et sur l’autre côté. Moi, je tiens à tes caresses, ta jolie petite figure me plaît pour la chose, et je suis certaine que, quand tu auras commencé, tu deviendras la plus gentille des petites amoureuses de la maison.

— Non, je ne veux pas.

Lisbeth, avec un sourire qui ne quittait jamais plus ses lèvres, ouvrit la porte et appela Rosine, occupée dans une chambre voisine.

— Non, non, ne lui dis rien, implora Lucy.

— M’obéiras-tu ?

— Oh, ce que tu es une vilaine et une méchante, Lisbeth !

— Rosine, dit Lisbeth à la servante, miss Sticker a consenti à me donner miss Lucy, pour que je la dresse à s’occuper de mon service ! Elle prétendait se révolter, et c’est pourquoi je vous ai appelée. Elle se montre plus raisonnable, espérons qu’elle va se soumettre ; sinon, je vous la remettrai pour la conduire à la salle de punitions, où nous la dompterons par le cheval.

— Je suis à vos ordres, Miss Lisbeth, répondit Rosine.

Elle se retira sur ces mots, et Lisbeth ferma sa porte. S’étendant sur son lit, la nouvelle favorite retroussa ses jupes à hauteur de sa poitrine, dénoua son pantalon pour bien présenter ses cuisses, son con, son ventre, et commanda :

— Allons, marche, je t’attends, et tâche de me satisfaire ou ton gentil derrière payera pour ton mauvais vouloir.

Lucy avait le visage empourpré, non de pudeur offensée, elle branlait sans trop de façon les grandes qui lui couraient après pour la joliesse de sa personne et de ses traits, mais parce qu’elle se sentait mâtée, et que de plus, elle n’éprouvait pas du tout le goût de gamahucher un con, quelle que fût la fille le portant. Mais elle se reconnaissait la plus faible : elle voyait Lisbeth relever de plus en plus les jupes, sortir son pantalon de ses pieds, se bien poser sur les reins pour prendre une attitude bien cochonne, étaler à ses yeux ses cuisses bien ouvertes, avec le con bâillant sur ses lèvres assez gonflées, avec les poils du minet blond-châtain embroussaillés : elle suivait avec une humeur récalcitrante le doigt impératif qu’elle appliquait sur sa sexualité pour indiquer où elle désirait ses caresses ; elle eut peur de la correction, elle s’approcha avec lenteur, se pencha petit à petit, étudiant cette féminité qui s’imposait, dans ses moindres replis, et Lisbeth ne sentit pas plus tôt son souffle sur ses cuisses, qu’elle lui lança ses jambes autour du cou, et la colla sur sa momiche. La petite voulut échapper à cette pression, Lisbeth lui contint de la main le visage sur son con en disant :

— Lèche donc, petite sotte, ou ton postérieur portera pour longtemps la marque du martinet.

Et la pauvre mignonne de Lucy, d’abord à contre-cœur lécha le con dépucelé de la grande fille ; puis, elle attaqua le clitoris avec plus d’entrain, et enfin, elle patouilla, baisa, suça avec assez de plaisir les sexualités de celle qui devenait sa petite maîtresse. À mesure que sa jolie tête se noyait dans les jambes de Lisbeth, elle savourait le satiné de la peau, les frissons des chairs, l’odeur féminine qui se dégageait sous l’excitation des caresses, et elle y allait avec volupté, sa langue chatouillait avec amour de si séduisantes beautés. Oh, Lisbeth était déjà très bien faite, fine et grassouillette, ce qui ne contribua pas peu à son favoritisme succédant à celui d’Hilda. Longue néanmoins fut la séance libertine. Il fallait que Lucy s’accoutumât bien à l’œuvre du gougnottage : il fallait que les nerfs se détendissent bien de part et d’autre pour obtenir l’union des sens entre la caresseuse et la caressée. La chère petite langue de la gamine commençait à produire son effet. Lisbeth jouissait et obligeait sa suceuse à ne pas éprouver du dégoût pour sa rosée : elle l’attirait dans ses bras pour baiser sa bouche enduite de cyprine, lui assurant que l’humidité amenée par l’intensité de la félicité sensuelle valait mieux que la meilleure des liqueurs. Et, pour la convaincre des douceurs d’une bonne entente, elle, la grande, elle lui léchait son derrière, son petit con, témoignant ainsi sa volonté, d’être plutôt une camarade qu’une tyrannique dominatrice. Lucy s’apprivoisait, l’écoutait avec moins de défiance ; le plaisir goûté, elle s’occupa d’arranger le lit, sur son indication, de classer ses affaires, et elle travailla à ses devoirs avec application. Pour l’en récompenser, Lisbeth lui donna des bonbons ; la gourmandise était le principal défaut de l’enfant.

Christya apprit avec colère cette félonie de sa compagne en débauches : Lisbeth, augurant des quelques coups de queue, dont la favorisait Jean Sticker, qu’elle n’aurait pas de peine, avec une savante coquetterie, à la supplanter dans ses bonnes grâces, elle rêva de lui faire expier durement cet accaparement de sa chère petite Lucy. Mais avant, il importait de profiter de la chute de l’enfant, pour en obtenir ces caresses qu’elle lui avait toujours demandées en vain. Elle guetta l’occasion avec patience et fut assez heureuse pour l’entraîner un soir dans sa chambre. Formée à gougnotter par Lisbeth, Lucy ne refusait plus d’accorder ses suçons lesbiens à Christya, qui avait toujours été très gentille à son égard et qu’elle préférait à toutes les autres. Toutes les deux retirées, dans la résolution de se contenter le mieux possible à la cochonnerie, Christya se mit toute nue et fit entièrement déshabiller Lucy ; elle espérait la garder une bonne partie de la nuit. Elle commença par la gâter, la câliner, ainsi que l’enfant l’aimait tant. Leurs deux nudités, si différentes à cause de l’âge, s’harmonisaient cependant très bien. Assise sur le bord de son lit, Christya tenait Lucy sur ses genoux, la tête appuyée contre ses épaules, pour qu’elle s’amusât à baiser les petits boutons de ses seins, bien peu apparents encore, et elle lui claquait son jeune et gentillet postérieur de petites fouettées chatouilleuses. Soudain la porte s’ouvrit et Lisbeth apparut. Avec le sourire insupportable qu’elle conservait sur ses lèvres, depuis son favoritisme, elle allongea une paire de gifles à Lucy et lui ordonna de se rendre toute nue, comme elle était, à son dortoir, si elle ne voulait pas s’exposer à aller au cachot. Puis, elle cracha à la figure de Christya et la renvoya au lendemain pour régler leur compte. Christya se revêtit sur le champ et courut chez miss Sticker. Elle y entra sous la poussée de Lisbeth.

— Miss, Miss, s’écria-t-elle, je vous demande justice. Miss Lisbeth a envahi ma chambre et m’a craché au visage.

— Pour quelle raison ?

Lisbeth intervint :

— Je l’ai surprise nue, avec ma petite Lucy aussi peu vêtue, sur les genoux : j’ai expédié à son dortoir l’enfant qui était irresponsable ; j’ai marqué mon mépris à Christya de la façon la plus claire et la plus nette. On ne débauche pas une fillette de dix ans.

— Tu la débauches tous les jours.

Miss Sticker manda Rosine et lui ordonna de conduire Christya au cachot, en attendant la flagellation qu’elle recevrait le lendemain matin devant sa classe.

— La flagellation à moi, s’écria Christya, après l’injure de Lisbeth et après… mes complaisances.

— Hilda a été plus cruellement châtiée, répliqua Lisbeth, et cependant elle pouvait être épargnée ! Mais miss Sticker veut la justice égale pour toutes celles qui s’oublient. Vis-à-vis de toi, je n’ai fait que devancer sa justice.

Le lendemain, à dix heures, en présence de ses compagnes de classe, Christya, les jupes et la chemise épinglées aux épaules, sans pantalon, le derrière aux fesses très dodues et très fermes, le buste courbé sur le dossier rembourré d’un fauteuil bas, pour mieux développer l’ampleur de sa lune, reçut la flagellation par les verges, vigoureusement appliquée par Lisbeth elle-même, désireuse de savourer sa vengeance. La douce correctrice fut impitoyable : les belles rondeurs blanches de Christya n’émurent pas sa pitié : elle visait avec adresse les jolies pommes pour que les verges les mordissent bien, cherchant même à atteindre entre les cuisses pour déchirer le con qui osait s’offrir aux velléités galantes de Jean Sticker. Elle ne s’arrêta de frapper que le bras fatigué, et les chairs de la flagellée bien marquées par les coups de verges. Quoique n’ayant pas enduré un supplice pareil à celui d’Hilda, Christya dut garder deux jours l’infirmerie, pour rétablir le joli satin de sa peau. Quant à Lucy, ayant rejoint Lisbeth après sa classe, elle n’échappa pas non plus au châtiment, Lisbeth la jeta en travers, sur ses genoux, le dos en l’air, releva ses petites jupes, exhiba son jeune postérieur dehors du pantalon, gentil et beau petit cul aux contours bien pris, avec sa petite raie rosée et effrontée, et avec la main, elle lui distribua une magistrale fouettée, rougissant les chairs : le pauvre derrière se trémoussait en vain pour esquiver la claque ; les doigts de Lisbeth se séparaient et tapaient avec plus de dureté : la fente se resserrait sous la souffrance, les jambes de l’enfant gigotaient ; la fessée s’étendait, se transformait en une pince méchante sur les mollets, et les coups redoublaient d’intensité. Lisbeth disait :

— Petite Lucy, lorsqu’on est au service de l’amie de la directrice, lorsqu’on lèche le devant et le derrière de cette amie, on n’écoute pas les sales propositions des autres élèves, tu m’entends. Si d’autres osent encore te prier de cochonner avec elles, tu me préviendras, et je me charge de leur en enlever l’idée.

— Ah bien, ah la la, ah, ne me fouette plus, assez, Lisbeth, je te ferai tout ce que tu voudras, oui, oui, je te promets de tout te raconter ! Il y a madame Clary qui me poursuit, ah, je ne pourrai pas toujours l’esquiver ! Comment que tu t’y prendras pour elle ?

— J’étudierai l’affaire, et j’en aurai raison ! Je ne suis pas une poule mouillée comme Hilda.

Sur ces mots, elle remit Lucy sur pied et la fît s’occuper de ses devoirs.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
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III


Les vacances survinrent et se passèrent sans que rien ne modifiât, à la rentrée, les situations. Parmi les élèves qui ne revinrent pas, peu nombreuses cette année, pas une des vicieuses ne manqua. Les mécontentes de la débauche qui se propageait dans l’Institution, ne se plaignirent pas à leurs parents : en somme si la Française et ses rabatteuses les travaillaient pour les entraîner à la cochonnerie, on ne les forçait pas à accepter des habitudes perverses que leur moralité et leur sang calme réprouvaient, et, en revanche, elles menaient une existence bien moins pénible que dans d’autres pensionnats similaires. Pour les dissolues, elles jouèrent dans leurs familles un rôle de sagesse hypocrite qui enchantait leurs parents et les éloignait de penser à la pourriture qui gangrenait leur âme. Jamais Reine ne fut autant complimentée par son père et par sa mère, jamais elle n’afficha, autant de soumission, de réserve et de modestie. Elle se considérait comme étant au vert, pour reprendre des forces, afin de continuer ses débauches durant cette dernière année d’internat qui lui restait à faire. Lisbeth, Aline, Christya, toutes les autres agirent de même de leur côté. Si, au retour, Jean Sticker ne baisa pas de suite sa favorite Lisbeth, ainsi qu’il agit les années précédentes avec Reine, il ne la combla pas moins, dans un court tête-à-tête, de prévenances et de chatteries qui la ravirent, la poussèrent à demander et à obtenir certaines choses. Il lui donna à choisir la chambre qui lui conviendrait le mieux, avec l’autorisation d’en modifier l’ameublement selon son goût, lui abandonna de nouveau la petite Lucy pour la diriger à sa fantaisie, la traita en un mot comme une épouse absente pendant quelque temps, et qu’on retrouve avec joie. Malgré sa condamnation à être privée de vacances, Hilda ne fut retenue qu’une quinzaine de jours, et elle revint plus assagie, plus prudente et aussi plus joliette, plus fine, plus coquette. Elle avait gagné en corps et en beauté : Reine le constata non sans émotion, et l’embrassant avec beaucoup de tendresse, lui dit :

— Je ne suis pas de celles qui te tournèrent le dos, et j’ai bien été peinée du mal que tu souffris. Je ne renonce jamais à mes petites amoureuses, je serais bien heureuse de te conserver parmi les meilleures, voudras-tu, dis ?

— Nous en recauserons, Reine ; je ne sais pas comment on me traitera dans la maison, mais si je suis libre, je voudrais être une de tes amoureuses les plus tendres.

On ne dissimulait pas les désirs d’une entente de luxure réciproque ; on savait employer les mots les plus convenables : il n’en fallut pas davantage pour que Reine l’embrassât avec plus d’expression perverse dans le coin d’une oreille et lui décochât une langue sur le bord des lèvres, à laquelle il fut répondu sur le champ du tac au tac.

Cela se passait dans le grand vestibule d’entrée, où les sous-maîtresses s’apprêtaient, sous les ordres de la surveillante générale, à constituer les divisions d’étude. Lisbeth, qui voyait du coin de l’œil le manège des deux jeunes filles, sans perdre l’insipide sourire, sous lequel elle voilait ses intimes pensées, s’approcha et dit :

— Tu sais, Reine, la directrice, de peur de s’attirer des observations de tes parents, a supprimé l’étude qu’on t’avait confiée. Tu te diminuais dans cette fonction. Une élève de ta caste, ne se destinant pas au professorat, ne peut être sous-maîtresse.

— Ah, pourquoi Miss ne m’en a-t-elle pas parlé à mon arrivée ?

— Elle n’a décidé cela qu’après le départ de ta mère.

— Bah, que m’importe ! Je dois te dire que si je t’aime beaucoup, parce que nous sommes des amies de longtemps, je ne te conseillerais pas cependant de me traiter comme tu fis avec Christya. Je ne doute pas que tu es intervenue pour cette décision, dont je me moque, mais j’espère qu’on ne me gênera pas plus que par le passé.

— Oh, Reine, ce que tu te méprends sur mon compte ! Je ne me mêle pas des classes et des études, et je ne cache pas mes actions. Je suis tellement ton amie, comme par le passé, qu’avant de partir pour les vacances, craignant que tu ne te compromettes niaisement avec ton professeur d’équitation, j’en ai recommandé un autre à miss Sticker, avec qui tu profiteras encore mieux, sans courir le risque… de trop engraisser.

Reine devint toute pâle à cette nouvelle, mais elle eut l’habileté de se contenir et d’embrasser avec une effusion exagérée Lisbeth, la remerciant de veiller ainsi sur elle, comme un petit ange gardien. Dans le fond du cœur elle enrageait, devinant bien que Lisbeth, favorite, accaparerait la directrice et évincerait peu à peu toutes celles que Jean dépucela.

De fait les premiers temps de la nouvelle année scolaire, on observa une attitude très réservée. Les élèves pressentaient qu’un danger invisible planait sur toutes. Certes, la sévérité ne s’exerçait toujours pas aussi implacablement que par le passé, mais il y avait des condamnations inattendues au cachot, des privations de récréations, des observations interdisant certains jeux ; de petites vexations qui témoignaient l’éveil d’esprits hostiles. Lisbeth affichait son lien avec la directrice audacieusement, effrontément. Elle vivait presque de la même vie, mangeait à sa table, veillait tard avec elle, avait sa chambre tout près de ses appartements, ne frayait plus avec ses compagnes qu’aux heures de classe. Une surveillance occulte pesait sur toutes les divisions, et on se défiait de ses moindres actes. Reine elle-même n’osait pas se risquer à courir comme auparavant. Les jeunes filles atteignant leur seize ans, dispensées de la surveillance d’une sous-maîtresse, faisaient leurs devoirs dans leurs chambres et conservaient la faculté de se rendre des visites : elles n’en usaient pas, ayant remarqué que dès leurs premiers pas hors de chez elles, une servante, ou même un serviteur ne les perdait pas de vue : elles savaient que leurs plus petites promenades étaient rapportées à la direction. Cette contrainte, cette gêne qui pesaient sur les esprits, engendraient de sourdes colères, avivaient des énergies et provoquaient des rêves où le fruit défendu acquérait du troublant et du tentant. Les passions commençaient à couver avec plus d’intensité que naguère, et bien de celles qui jadis affectaient du dédain pour les saloperies auxquelles se livraient certaines de leurs compagnes, aspiraient à l’atmosphère de vices qui, si elles ne les pratiquaient pas, leur ouvraient l’intelligence sur les mystères des sexes. Les sens ne trouvant plus à se satisfaire, on échangeait des lettres d’amour avec beaucoup d’adresse où, si on s’étendait en périodes sentimentales, on ne craignait pas de chatouiller la petite bête perverse en s’informant des velléités charnelles personnelles caressées au point de vue voluptueux. Reine se plaisait à entretenir une correspondance des plus actives, non seulement avec ses amies les plus intimes, mais aussi avec quelques timides, quelques fausses vertueuses, qui se lançaient et s’adressaient à la plus savante, à la plus séductrice des amoureuses. Sa pensée voltigeant du côté d’Hilda, avec qui elle se rencontrait très rarement, à supposer qu’une habile intervention s’appliquait à les séparer, elle lui écrivit :


« Comment vivons-nous, que les jours s’écoulent, et que nous ne mettions pas à exécution les promesses contenues dans notre chère caresse, au moment de la rentrée ! Quel dieu puissant, ou plutôt quelle déesse jalouse s’oppose à nos rencontres ! Il y a là un machiavélisme dont est seule capable l’ingrate amie, ton usurpatrice, qu’hélas, j’eus la sottise de pousser dans le lit de Jean ! Voyons, chérie, un bon mouvement, cela ne saurait se prolonger. Écris-moi vite quelles sont tes habitudes, et je trouverai le moyen de nous réunir. Tu es dans une étude où les licences régnaient, même à l’époque des plus dures sévérités : ta sous-maîtresse n’est pas une féroce vigilante. Indique-moi si de temps en temps, elle sort de votre étude, et je m’arrangerai pour te causer à un de ces instants la surprise de ma venue. Une langue de celle qui t’en enseigna le charme. Reine.


Hilda répondit en envoyant sa lettre par Rosy Cherchuff, laissée au service de Reine, et que Jean n’avait pas voulu qu’on lui enlevât :


« Je ne sais pas non plus pourquoi nous ne parvenons pas à nous rencontrer ! Il semble que chaque fois où je guette ton passage, quelqu’un devine et m’appelle ailleurs. Je remarque cependant qu’on se montre en « haut » bien bon et bien prévenant à mon égard. Pour nous réunir, il n’y a pas d’autre possibilité que de nous donner rendez-vous dans ta chambre. J’y viendrai demain dans l’après-midi, au milieu de la récréation du goûter, quand on me croira bien en train de jouer : Je me glisserai de façon à n’être pas vue. Laisse ta porte entrouverte pour que je pénètre bien vite. Nous nous entendrons pour ensuite. Je t’aimerai, comme tu m’aimeras. Si par hasard un empêchement quelconque survenait, j’irai à cinq heures dans le water-closet de ma division, tâche de t’y trouver, nous prendrons un acompte de ce que nous désirons, en attendant mieux. Hilda. »


Heureusement rien n’entrava le rendez-vous dans la chambre : il fallait à Hilda une finesse d’Apache pour dépister la surveillance des élèves et des servantes, chargées certainement de signaler ses pas et démarches. Dès qu’elle fut entrée, Reine, en dépit des règlements, poussa la targette et dit :

— La maison s’écroulerait que je n’ouvrirais pas.

— Oh, Reine, et si on nous condamnait au cheval !

— Ne crains rien ; j’ai réfléchi à ta lettre. Si on nous surveille toutes les deux, c’est que Jean Sticker, notre brave dépuceleur, tient à l’une comme à l’autre, malgré qu’il me néglige, comme il ne l’a jamais fait, même quand tu étais sa mignonne. On redoute notre accord. Mais, nous ne sommes pas ici pour penser à autre chose qu’à nous. Sais-tu que tu embellis tous les jours, et que si tu n’es pas encore une femme toute formée, tu as un genre plus délicat, plus fin, plus mignard que nous toutes, et bien mieux approprié à un amant comme Jean. Ah, ma belle mignonne, je revois enfin tes jolies cuisses, oh ce qu’elles ont gagné depuis la fois où je te léchai dans le parc, tu te souviens, et ton minet, il s’est fourni, chérie, chérie, tu avais envie, tu frissonnes déjà, et ma langue ne travaille pas encore. Là, là, ne bouge pas, que je t’admire à mon aise, sans ton pantalon, voilà ton ventre, ton petit nombril, et ton con, à peine ouvert, l’adoré, laisse-toi faire, chérie, depuis la rentrée des vacances, je n’ai encore pu me fourrer que sous les jupes de ma gentille Rosy, et elle ne jouit pas encore ! Et moi, on te l’a dit, j’aime d’avoir le nez, la bouche, sur le con et le cul de mes amies : tu prenais aussi ce goût, oui, chérie, oui, on fera tout ensemble ; parce que tu me produis un effet extraordinaire ! Est-il possible que ce gentil con, si mignon, si étroit, se soit donné à une autre queue que celle de Jean ! Dis, conte-moi avec qui tu as baisé ?

Hilda, toute rouge, ne recula pas à confesser son baisage avec Hippolyte Grandsen, et Reine reprit :

— Tu as eu confiance en moi, je t’en adore davantage ! Je savais l’histoire par Jean Sticker ! Et je t’assure, ma chérie, qu’il en éprouvait un réel chagrin ! Tu parlais à ses sens, à son cœur, mieux que nous toutes, et si je n’avais pas jeté Lisbeth dans ses bras, il te serait revenu depuis longtemps déjà, et on vivrait comme des bienheureuses. Oh, ce que j’ai fait, je pourrai peut-être le défaire ! Si tu veux m’en croire, tu coquetteras avec miss Sticker et, ou je me trompe fort, tu finiras par l’emporter sur cette chipie de Lisbeth, que je voudrais bien voir attacher au cheval, comme on t’y mit, toi, ma chérie, mon a dorée.

— Non, non, Reine, cela jamais. Je ne veux plus recommencer avec Jean Sticker, il a été beaucoup trop méchant et trop cruel.

— Sois juste ! Le galant que tu lui donnais comme coadjuteur n’était pas pour le flatter.

— Ah, Reine, ne parlons pas du passé, et dépêche-toi de me caresser que je te caresse aussi ! Tu es une de nos plus jolies filles, même la plus jolie de toutes, c’est à toi qu’on devrait le faire, et c’est toi qui le fais, même à des petites guenons.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre

IV


Hilda, étendue sur le lit, renversée sur le dos, les jupes bien remontées, sa nudité bien étalée de la ceinture aux genoux, offrait un charmant spectacle, bien propre à exciter voluptueux et voluptueuses. Ses cuisses, développées et pleines, grâce sans doute au dépucelage, son ventre d’une blancheur de lait orné du fin minet blond, ses fesses grasses et rondes apparaissant sous les jambes qu’elle ramenait à mesure que les minettes, maintenant très actives de Reine, l’excitaient ; ses jeunes mollets qui s’élevaient brusquement en l’air sous une plus forte sucée de la gamahucheuse ; tout cela était pour inspirer l’amour et le désir de baisage. La science libertine de la Française s’en donnait à cœur-joie sur cette jeune beauté, qui imposa sa volonté à toute l’Institution, en régnant, enfant-femme, sur les sens de Jean Sticker, et sa langue marchait avec une vélocité qui poussait Hilda à se tordre, à se pâmer. La cyprine mouillait à peine, qu’une longue et expéditive langue l’enlevait ! C’était un délire de gestes lascifs et de sauts, où l’ardeur passionnée gagnait de plus en plus les deux filles, où elles s’attrapaient à bras-le-corps pour se baiser sur la bouche, se proposer mille tendresses. Reine, un peu sevrée de ses charnelles habitudes, s’affolait ; elle avait quitté sa robe, et, en petit jupon, sans corset, elle présentait les seins à Hilda, pour qu’elle les tétât ; s’accroupissait à cheval sur ses cuisses pour la branler en se branlant elle-même, clitoris contre clitoris. Hilda la supplia de se laisser gougnotter, elle se jeta en soixante-neuf avec elle pour ne rien perdre de son ivresse sensuelle. Alors les deux langues se marièrent, fonctionnant à merveille. On apercevait, au milieu des rondeurs blanches des fesses et des cuisses, les têtes qui émergeaient et se noyaient dans la fougue des ardentes caresses ; de longs soupirs, de profonds halètements s’entrecroisaient, les jupons et les chemises s’entortillaient, les lèvres se précipitaient sur les sexualités : le plaisir ne cessait de s’accroître. Ah, quelles délices de se sentir aussi amoureuses l’une que l’autre, et d’apprécier avec la même fièvre ces chairs secrètes, vibrant sous la passion, se magnifiant sous les désirs qui les enflammaient ! Elles se reconnaissaient sœurs en volupté ! Hilda, cette petite mijaurée des années précédentes, qui s’indignait à l’idée qu’une langue se promènerait entre ses cuisses ou dans la fente de son cul, enfonçait maintenant la sienne au plus profond du derrière de Reine, criant qu’elle serait heureuse de lui faire feuilles de rose, même en sortant du cabinet, et sa langue ne quittait le trou du cul que pour voltiger sur le con, le clitoris, dans le vagin. Reine lui rendait ses dévotions : elle jurait de son côté qu’Hilda possédait le plus joli petit con qu’il soit possible de rêver, et que son postérieur n’avait rien à envier au plus beau de la maison. Elles perdaient la raison, elles se donnaient des coups de cuisses au visage pour s’encourager à ne pas suspendre de si délicieuses lascivités, leur salive se mêlait à la cyprine, et leur minet se collait sous l’humidité qu’elles y entretenaient. La récréation était finie, et elles ne songeaient pas à se séparer. Elles n’en avaient jamais assez, et elles parlaient de rester ensemble toute la nuit. C’eût été de la folie. Heureusement Rosy survint, et, voyant la porte fermée, sut frapper avec assez de discrétion, pour que Reine reconnût sa manière et lui ouvrît. Rosy devina la scène de saphisme ardent, au désordre de leur toilette : elles s’étaient débarrassées de leur corset, de leurs jupons, et leur chemise toute fripée, leurs traits tirés, l’expression érotique qui animait leurs yeux, trahissaient leur satisfaction, leur volonté de renouveler bientôt leurs ivresses sensuelles.

— Ferme la porte, commanda Reine à Rosy, nous allons continuer, tu feras tes devoirs, et tu surveilleras en regardant par la fenêtre.

— Reine, répliqua la petite, dépêchez-vous de vous quitter, la sous-maîtresse d’Hilda la cherche, et elle s’est rendue chez miss Sticker.

Un seau d’eau, tombant sur leurs épaules, n’eût pas mieux calmé leur fièvre ; elles se jetèrent sur leurs vêtements, et prestement se rajustèrent. S’embrassant encore une fois, elles se promirent de se retrouver avant peu, et Rosy protégea la fuite d’Hilda, qui arriva à son étude, sa sous-maîtresse n’y étant pas de retour. Ses camarades la dévisagèrent pour tâcher de deviner d’où elle venait. Avec le plus grand calme, elle leur conta qu’elle s’était assise sous un arbre, dans le parc, qu’elle avait tout oublié, dormant et rêvant. Et elle fit la même réponse à miss Sticker, accourue dans l’étude avec la sous-maîtresse ! La directrice la contempla avec étonnement, et baissa les yeux sous ceux d’Hilda, la fixant avec froideur et candeur en même temps. Elle accepta cette réponse, et dit :

— Miss Hilda, je veux bien croire à votre récit, mais si un autre jour vous éprouvez le désir de vous asseoir sous un arbre pour rêver, prévenez votre maîtresse, afin qu’elle ne s’inquiète pas à votre sujet. Je vous donne toute autorisation, comme par le passé.

Miss Sticker partit sans ajouter un mot de plus : toute l’étude demeura stupéfaite, se doutant bien que si on accordait des faveurs à Hilda, elle en profiterait et pourrait bien reconquérir son ancienne influence. La sous-maîtresse, Rina Dobrin, une brune de vingt-cinq ans, fort jolie femme, s’informa de suite si sa chère petite élève n’avait besoin de rien.

Le mauvais souffle qui semblait régner sur l’Institution était-il vaincu ? On l’espéra pendant quelques jours. La surveillance se relâchait ; les récréations seules demeuraient isolées par divisions : une poussée se produisit où les malsaines débauches se déchaînèrent encore plus violentes que jamais. On surprit un après-midi trois élèves enfermées dans le même water-closet, riant et se claquant les fesses avec un aplomb extraordinaire. Il y avait une fillette de neuf ans et deux de douze. Obligées d’ouvrir sous la brutale injonction de la servante, les ayant entendues, elles eurent l’audace de lui proposer de lécher son cul chacune leur tour, pour qu’elle ne les dénonçât pas. Indignée, elle les mena chez la surveillante générale Clary. Or, l’affaire n’eut aucune suite, ce qui laissa supposer que Clary pactisa avec les effrontées coquines. Le water-closet se présentait comme tout désigné pour conclure un accord actif : la maison en possédait plusieurs à tous les étages, et si les galeries des chambres ou dortoirs, les salles de réunion, les massifs du parc avoisinant les bâtiments, se voyaient souvent inspectés, par une aberration peut-être voulue, on dédaignait de guetter ces lieux de retraite. Les vicieuses s’en aperçurent vite, et elles y donnèrent leurs rendez-vous. Ils ne furent jamais autant courus. Luxueusement installés, entretenus avec cette propreté méticuleuse des Anglais, ils devenaient des petits salons de luxure, où s’ébauchaient de futures ententes plus complètes et plus intimes. Si Reine et Hilda ne pouvaient se voir ou s’écrire, comme elles le désiraient, à cinq heures de l’après-midi, elles se rencontraient toujours dans le cabinet réservé aux lingères, généralement très peu employé. Elles échangeaient quelques rapides caresses, quelques mots, pour savoir si elles se réuniraient dans la nuit, et se quittant avec peine, Reine catéchisant Hilda pour qu’elle coquetât avec la directrice, ou fasse en attendant de l’œil à sa sous-maîtresse qui certainement la favoriserait dans ses escapades. Elle lui avouait du reste avoir eu quelques relations avec Rina (avec qui n’en avait-elle pas eues !), relations qui s’interrompirent parce que Rina, très chaude et très ardente, ne pouvait supporter ses minettes trop passionnées. Ses conseils portaient leurs fruits. Hilda se secouait des tristes impressions laissées par sa flagellation sur le cheval, elle reprenait de son assurance et de ses aspirations vicieuses, elle s’étudiait dans des poses alanguies et prometteuses qui excitaient non seulement la sous-maîtresse, mais aussi ses compagnes, et peu à peu on tournait autour de ses jupes, on la courtisait, ou lui offrait de la consoler, on lui écrivait de toutes les divisions, en des termes plus ou moins francs. Oh, sa collection épistolaire s’augmentait, et elle ne craignait pas de la lire et de la relire dans les allées solitaires du parc, où elle s’égarait pour rêver, chercher comment elle retriompherait comme cela fut, avant sa sottise avec Hippolyte. Une fillette de huit ans lui écrivait ceci :


« Je voudrais savoir l’heure où tu vas quelque part, pour y aller avec toi, et je te lécherai bien tes bottines pour que tu me permettes de boire ton pipi. Denise. »


Elle ne connaissait même pas cette petite dont elle comptait s’informer le jour où les divisions se révéleraient aux créations ! Et les lettres se suivaient des unes et des autres :


« Ma jolie Hilda, tu es donc bien amoureuse de Reine, que tu ne regardes plus autour de toi celles qui ne demanderaient qu’à mal faire, si tu voulais leur apprendre le bonheur qu’on éprouve à se sentir embrasser, caresser sous les jupes. Une ancienne et encore vertueuse. »


« Ô Hilda, je me rappelle tes robes longues, où tu apparaissais comme une bonne fée, protectrice de tes camarades ! Je t’aimais déjà dans le fond de mon cœur, et je souffris à ton martyre de la flagellation, comme tu ne saurais te l’imaginer. Maintenant ce n’est plus de l’amour que tu m’inspires, c’est de l’adoration. Ô ma chérie, si tu ne dois pas écouter la passion qui me dévore, aie pitié de moi et donne-moi un de tes gants, une de tes fleurs, que je conserverai précieusement toute la vie ! Antonine. »


« Chère Hilda, l’an passé, tu me donnas quelques-unes de ces caresses qui font toujours battre le cœur. Pourquoi ne recommences-tu pas ? Reine ne marche presque plus, et vous vous absorbez peut-être trop toutes les deux. Voyons, un bon mouvement, et tu me rendras folle de bonheur. Tu sais, j’ai beaucoup profité depuis les vacances, et tu verras un bien joli chat, si ta langue veut s’y aventurer de nouveau. Ta Grégoria. » Etc., etc.


Oui, ces lettres l’intéressaient, l’amusaient, et si elle ne répondait pas, elle disait à propos un mot qui encourageait, donnait le gant ou la fleur demandés, laissait comprendre qu’elle se réservait, qu’elle attendait un événement heureux, grâce auquel elle retrouverait la liberté de tous ses mouvements. Qu’espérait-elle ? Marchait-elle à la directrice, selon le conseil de Reine ? Et miss Sticker se détachait-elle de Lisbeth ? Elle ne possédait pas assez de politique pour examiner tout cela ! Hilda se sentait poursuivie par une influence heureuse qu’elle n’analysait pas : elle voyait peu la directrice, et observait à son égard une attitude plus que réservée, imputable à la dure correction subie ; tout au plus si un long regard, décoché à leurs rencontres, révélait à Jean Sticker qu’elle pensait encore au passé. Mais son jeu se dessinait avec Rina qui redoublait ses attentions. La sous-maîtresse pensait-elle qu’elle éprouverait moins sous ses caresses qu’avec la Française ? Elle ne cachait pas son feu pour l’ancienne favorite, et un soir où celle-ci rentrait à l’étude, après être allée rêver sous un arbre, Rina vint s’asseoir à son côté, à une place inoccupée, et lui murmura que si elle voulait chercher, elle trouverait dans sa poche un cadeau qu’elle lui destinait. Hilda n’hésita pas : elle glissa la main, l’arrêta une seconde sur la cuisse qu’elle pressa doucement par dessus la robe, l’enfonça dans la poche et constata qu’elle était trouée. La main voyagea, sans s’embarrasser, à travers les jupons, habilement dénoués, ne rencontra ni corset, ni pantalon, ni chemise, parvint droit au chat. La belle sous-maîtresse eut un frémissement à son contact, mais elle fendit bien les cuisses pour la favoriser dans ce qu’elle en attendait. Le chat de Rina était très touffu, avec les poils assez raides, et au milieu de ces poils, le clitoris se tendait gros et ferme, assez gonflé. La main d’Hilda en prit connaissance avec amour, son médium le caressa d’abord gentiment, puis le branla avec vélocité. De palper ce gros bouton, cela l’émoustillait, elle mouilla, de plaisir, dans sa chemise ; elle s’excitait à la chose, et la sous-maîtresse battait des entrechats très caractérisés avec les jambes, se moquant bien de ses élèves, se laissant aller à crier des ah et des oh très suggestifs, qui attiraient sur ce qui se passait les regards de toutes ces fillettes. Soudain, elle se renversa sur la chaise, les jambes allongées en avant, les pieds pédalant sur le sol ; elle jouissait, elle se pâmait, et Hilda, effrayée de ses exclamations, retirait prestement la main pour la lui appliquer sur la bouche et l’obliger à se taire. Rina saisit la main, la baisa, et se redressa d’un mouvement sec et nerveux. Elle jeta un regard trouble autour d’elle, et d’une voix saccadée, recommandant la sagesse, elle se sauva pour courir à sa chambre se rafraîchir, reconquérir son sang-froid. Hilda essuya sa main un peu humide de cyprine, à un mouchoir de dentelle que lui avait donné Reine. Elle avait des nuages sur les yeux, et du feu dans les veines. Ses sens ne demandaient que la luxure entrevue et si vite envolée. Elle sentit sa voisine, du côté opposé à la place inoccupée, qui lui frôlait le dos d’une main très légère. Elle se retourna et l’aperçut, les jupes ramassées sur la ceinture, exhibant son pantalon et ses bas noirs.

— Quoi ! dit-elle, toi, Frédérique !

— Oh, je veux tout, tout connaître !

— Pas elle ! murmurèrent quatre à cinq voix, parmi lesquelles celle de Betty de Rosellen, la rabatteuse de Reine, devenue une jolie fille de quatorze ans. Il me semble que je mériterais mieux qu’elle tes mimis, si tu es disposée à en faire !

— Non, Betty. Frédérique vient à nous, je veux qu’elle sache combien c’est bon d’être caressée sous les jupes, elle qui prétendait me battre l’an dernier, parce que j’avais changé d’avis.

Frédérique de Missenterse était une grande et belle brune de quinze ans, en avance comme formation physique, réputée par son intransigeante vertu, et qui figura parmi celles qui écrivirent à leurs parents pour supplier qu’on les retirât d’une Institution où le vice s’étalait au plein jour. Enfermée au cachot pour la punir d’avoir écrit occultement en essayant de corrompre une servante, elle fut fustigée huit soirs de suite par Clary, à qui elle jura vouer un mépris éternel. Elle était partie pour les vacances dans de fâcheuses dispositions, et miss Sticker avait déjà pris ses précautions pour lui retourner le compliment si elle s’avisait de parler de la débauche de ses compagnes ; elles furent inutiles, elle ne se plaignit pas, et revint plus souple, plus malléable, plus susceptible de pactiser avec les nouvelles mœurs de la maison. Malheureusement pour elle, le vice, qu’elle condamnait l’année précédente, paraissait proscrit cette année-ci, et elle commençait à en prendre son parti, lorsque les relations de Reine et d’Hilda, chuchotées entre camarades, la cour évidente de la sous-maîtresse Rina auprès d’Hilda, et enfin la scène qui venait de s’accomplir presque sous ses yeux, la poussèrent à brûler ses vaisseaux. Elle retroussait ses jupes, elle écartait ses jambes, et déjà Hilda, accroupie à ses pieds, lui ouvrait le pantalon, relevait la chemise, portait la main sur son minet brun, mais fin et soyeux, la branlait d’une main légère pour l’acclimater à la sensation, approchait la tête pour embrasser le con en l’effleurant à peine, posait enfin les pieds de Frédérique sur ses épaules, lui patouillait le derrière pour en bien prendre connaissance, se lançait dans les passionnées minettes. Oh, délices, délices ! Plus elle goûtait à cette volupté, et plus elle s’étonnait d’avoir été récalcitrante à la permettre. Oui, oui, comme Alexandra Corsiger, entraînée par Reine, elle devenait une gougnotte de conviction et de volonté. Tout son être vibrait au plaisir qu’elle procurait, et de s’enfouir la tête sous des jupes, elle aspirait avec félicité l’arôme charnel de ses amies, des nouvelles qui se soumettaient à la débauche, reconnaissant chez chacune comme une essence différente. Ce qui lui répugnait, quand elle ignorait la jouissance, se transformait pour ses sens excités en béates convoitises, et elle aurait bien imité Reine, elle aurait bien accepté que toutes ces petites femelles, à la file les unes des autres, s’accroupissent sur son visage. Ah, que ce joli ventre qu’elle admirait en manœuvrant de la langue, que ce con de pucelle qu’elle enguirlandait de ses lèvres suceuses, ce doux minet qu’elle mouillait de sa salive, et ces belles rondeurs des fesses qu’elle entrevoyait sous les soubresauts émus de Frédérique, parlaient à son esprit corrompu ! Elle comprenait les plaisirs que poursuivait Reine en courant après toutes les jupes de l’Institution, et comme Reine, elle userait de tous les moyens pour s’assurer des cons et des culs à mettre en feu. La langue d’Hilda employait sa science acquise dans les minettes, à exciter le clitoris et leçon de Frédérique. On était tranquille. La sous-maîtresse ne reviendrait pas de sitôt, il fallait qu’elle se calmât, qu’elle se rafraîchît le sang. Trois à quatre fillettes de quatorze à quinze ans, avaient quitté leurs places pour se grouper autour d’Hilda, et la contempler bourrant de lippées les cuisses de leur compagne. Betty, les jupes relevées sur les bras, le pantalon défait, se chatouillait le bouton, se pelotait le derrière, s’impatientait, et disait :

— Hilda, je t’en prie, ne reste pas tout le temps occupée après Frédérique ; pense un tout petit peu à moi ; ne serait-ce pas juste, ne me dois-tu pas d’avoir su apprécier les caresses de Reine ! Voyons, Frédérique, sois raisonnable, puisque maintenant tu passes parmi celles qui veulent se laisser faire, je te mènerai à Reine, et tu n’en auras jamais assez.

— Approche ici, dit Hilda à Betty, je vais te fourrer une langue, et je reprendrai Frédérique, qui soupire, mais qui ne jouit pas encore. Je tiens à ce qu’elle jouisse aujourd’hui.

Promptement Betty se plaça par devant Frédérique, au-dessus d’Hilda : celle-ci, toujours agenouillée, fit volte-face, et sa langue courut toute pointue entre les cuisses de sa compagne, pour lui picoter le conin en quelques rapides léchées ; puis, voyant l’effervescence gagner les autres qui se tenaient debout, tout à côté, les jupes déjà retroussées, elle repoussa Betty et revint aux sexualités de Frédérique. Elle ouvrit sa bouche, toute grande, comme si elle allait lui avaler le con, elle le happa, brouta les poils, suça le clitoris, chatouilla d’un doigt la fente des fesses, la travailla avec une telle furie, que tout à coup elle sentit la cyprine lui humecter les lèvres ; folle du vertige sensuel, elle en poursuivit avec amour la moindre trace, avalant tout, et de plus en plus enfiévrée, prostrée sur ces cuisses auxquelles elle procurait la volupté, elle glissa la main sous ses propres jupes, se branla quelques secondes. Mais elle se jugeait trop surexcitée, elle n’alla pas jusqu’au bout, se redressa et reprit place à son pupitre. Betty devina les bonnes et amoureuses dispositions d’Hilda ; elle pensa qu’elle lui devait une complaisance, et, se faufilant sous le pupitre, elle passa la tête sous ses jupes, vers ses cuisses, aspira avec émotion l’arôme érotisé, se fraya la route à son nez, à sa bouche, en repoussant les rebords du pantalon, releva la chemise, saisit le clitoris entre ses lèvres, expédia la langue au con, le combla de petites minettes chatouilleuses, qui ne tardèrent pas à amener sa jouissance.

— Oh ! dit une voix avec un profond soupir, les cochonneries recommencent dans la maison !


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre

V


Ô bruit confus de voix, ô tempête qui s’annonce ! Un silence absolu régnait dans toutes les divisions ! On n’osait pas bouger, on redoutait quelque terrible expiation pour quelques doux moments de liberté goûtée ! Ah, quel ravissant bataillon de filles Cythéréennes se serait recruté chez ces Miss de la si sévère Institution Sticker ! Le vice n’a pas d’âge ! Une gamine de onze ans n’écrivait-elle pas à une grande fille de dix-sept ans, qu’elle l’adorait de tout son cœur, de toute son âme, et surtout de toutes ses cochonneries, et qu’elle demandait à lui sucer son bouton ! Oui, on se laissait aller trop vite à reprendre confiance, et l’orage s’amoncelait. La veille au soir, la méchante Lisbeth avait parcouru la maison, s’arrêtant dans les chambres de quelques grandes, y pénétrant sous l’escorte de deux servantes, et on avait entendu des gémissements et des cris. Puis, au lever du jour, les potins s’étaient colportés. La favorite, outrée de quelques épîtres moqueuses de ses anciennes camarades, avec l’autorisation de miss Sticker, avait attendu qu’elles fussent couchées pour les surprendre au lit d’où, les jetant en bas, elle les livra aux servantes pour les dépouiller de leur chemise. Alors, avec leur aide et leur protection, elle les avait flagellées à coups de férule. Le beau derrière de Christya, d’une pureté de formes si exquise, que Jane Tirressy composait des vers en son honneur, avait été fouetté avec une dureté inouie. Lisbeth se délectait à le marquer de la férule, à rire de ces belles rotondités qui, en somme, renfermaient la même marchandise que les autres, appliquant avec attention la férule sur les points qui rougissaient, afin d’écorcher les chairs, suspendait par instant la flagellation pour passer la main entre les cuisses, vers le con, disant avec rage qu’elle le refermerait avec du ciment. Christya, maintenue par les servantes, avait supporté avec courage cette brutalité d’une de ses anciennes et meilleures amies. Il lui semblait, sous les coups, que son postérieur cherchait à s’enfoncer dans son ventre, tant il se plissait à l’intérieur, elle ne se plaignait pas. Après Christya, son admiratrice ardente, justement Jane Tirressy fut à son tour servie : mais là Lisbeth rencontra une résistance opiniâtre : malgré les deux servantes qui la lui tenaient, elle dut s’accroupir à deux genoux sur ses reins pour frapper le derrière. Jane le soulevait en tous sens ; il offrait une surface si volumineuse que la férule l’atteignait quand même : il ne souffrit pas du moins la répétition de la férule sur les mêmes coins. Puis, ce furent Loti Dordan, Hellyett Patters, etc., et elle rentra dans sa chambre, le bras fatigué de cette distribution de coups de férule. Ah, on verrait bien qu’elle ne plaisantait pas. Oui vraiment, toutes ces pécores osaient faire des yeux doux à la directrice, et parce qu’elles en avaient été dépucelées, elles s’octroyaient le droit de lui écrire de tendres billets, où elles s’étendaient sur l’exécration qu’on vouait à sa préférée ! Oh, ce n’était pas chose facile que de la rester, avec toutes les occasions qui la guettaient. Car, elle n’en doutait pas au ton des lettres, Loti, Hellyett avaient perdu leur pucelage dans ses bras. Où et comment, elle n’en savait rien. Mais Loti lui disait :


« Petit chéri, j’ai eu bien bobo aux cuisses ! Ça brûle toujours après, mais c’est drôle, on aime de recommencer. Pourquoi regarder toujours du côté de cette mauvaise viande de Lisbeth ! On n’est pas jalouse entre bonnes camarades, et on s’entendrait bien pour que le petit chéri soit toujours bien heureux ! Je vous embrasse d’amour, votre chère petite Loti. »


Quelle rage sévissait dans la maison ! Toutes écrivaient, et si Reine avait eu son étude, comme l’année précédente, on en aurait appris de belles. Mais voilà, Lisbeth était cause de la suppression de cette étude, et pour s’emparer des correspondances, elles recourait aux moyens extrêmes et malhonnêtes, elle fouillait dans les chambres. Ah, Loti l’avait bien payé son expression de mauvaise viande ! Son cul pendait en loques sous les coups de férule ! Elle pourrait le montrer au petit chéri !

Oui, les missives amoureuses jouaient un rôle important dans l’Institution. Petit à petit, toutes, filles et fillettes s’y adonnaient. Elles s’écrivaient entre elles pour les plus petites choses et ne se gênaient pas pour déblatérer après la favorite, pour appeler la vengeance du ciel contre cette maudite camarade. Lisbeth s’arrangeait pour les saisir, les interceptant si elle pouvait. Ainsi elle en avait intercepté une de Jean Sticker même à Reine, et une autre de la surveillante générale Clary à la même où, en dépit de la prudente réserve qu’elle observait, s’étonnait de cette aventure amoureuse prolongée de la directrice avec une élève n’affichant aucune supériorité particulière, soit au physique, soit au moral.

Le silence continuait à régner dans les divisions, et une certaine angoisse envahissait les cœurs. On pressentait un événement fortuit et on redoutait le retour aux anciennes sévérités. On jugeait la coupe pleine à déborder. Après le déjeuner, Lisbeth avait voulu s’attaquer à la Française, à Reine. Elle avait trouvé à qui parler. Les deux jeunes filles s’étaient battues comme deux portefaix, s’étaient crêpées le chignon, s’arrachant les cheveux à pleines mains, se flanquant des coups sur la tête, à la mode des garçons, se pochant les yeux, se criblant le visage à coups d’ongles, se mordant les épaules et les bras. On ne parvint à les séparer qu’avec beaucoup de peine, et on les descendit aux cachots. Miss Sticker, furieuse, n’avait pas encore prononcé s’il y aurait châtiment ou non pour les coupables, et on ignorait si elle ne rendrait pas toute la maison responsable de cette querelle. Et, des voix confuses s’entendaient dans les couloirs près des portes des salles d’études, et l’on s’effarait devant la tempête qui menaçait de sévir. Les classes terminées, les élèves de toutes les divisions reçurent l’ordre d’aller revêtir la toilette de punition, robe blanche et bas noirs, et de se rendre au grand vestibule d’entrée pour assister à la flagellation de miss Lisbeth et de miss Reine. Quoi, elle subirait la correction ! Pour Reine, l’étonnement n’était que relatif : elle recevait encore de temps en temps la fouettée par la main ou par le martinet ; mais Lisbeth qui dans le passé fut épargnée à cause de sa bonne conduite, ou de sa sagace hypocrisie, allait étrenner dans un réel supplice ! Toutes les cervelles s’amusaient aux conjectures les plus fantaisistes ! Le vestibule, orné de très belles colonnes, permettait de masser les élèves comme dans la salle de punitions ; on les rangea sur trois côtés, en demi-cercle sur le centre, de façon à faire face à la porte du milieu conduisant à la galerie des classes. De cette porte apparurent l’une après l’autre, d’abord Lisbeth, ensuite Reine, en chemise très courte, des bas noirs et des bottines rouges en peau de chevreau, les cheveux défaits, et attachés autour du cou, donnant un cadre restreint très spécial au visage : aucune entrave ne gênait leurs mouvements. Au milieu du vestibule se trouvaient deux tabourets rembourrés, devant un banc en bois recouvert d’une épaisse draperie noire. Les deux coupables s’agenouillèrent sur les tabourets, on leur jeta la chemise par dessus les épaules, et même par dessus la tête, elles courbèrent le haut du corps sur le banc : deux fortes courroies en cuir, placées en croix, leur assujettirent le buste, au risque de les blesser, si elles se laissaient aller à quelque geste désordonné. Ainsi postées, elles présentaient à toutes les divisions la vue de leur derrière, bel astre entièrement formé et bien dodu, avec le gras des cuisses dominant les genoux et dénotant la transformation féminine accomplie, la ligne harmonieuse du dos, s’abaissant vers la tête. Miss Sticker, accompagnée des professeurs, entra à son tour et prit place sur le côté libre du vestibule. Deux servantes, armées d’un fouet à manche court, muni d’une corde à nœuds serrés, se tinrent debout derrière les deux jeunes filles, et la directrice, d’une voix sourde, prononça ces quelques mots :

— Nulle ici n’échappe à la correction méritée. Notre cœur saigne : ce sont deux de nos élèves chères et des mieux notées qui encourent la peine de la flagellation : mais la justice de la maison n’a pas deux poids et deux mesures. Allez, frappez, flagellez, châtiez ces deux grandes filles, qui oublièrent le principal attribut de notre sexe, la bonté. Que leur corps souffre et instruise leur âme. Allez, frappez.

On avait pu contempler le visage tuméfié de ces deux anciennes amies. Reine avait l’œil droit marqué d’un gros noir, et Lisbeth montrait une égratignure qui partait de l’oreille gauche et s’étendait jusqu’au dessous du menton. Mais, qu’étaient ces blessures à côté de celles ménagées à leurs fesses. Les fouets sifflèrent lamentablement, tournoyèrent et s’abattirent sur les deux postérieurs en un claquement prolongé. Pas un cri ne sortit des lèvres des fustigées. Les fouets se relevèrent, les cordes s’agitèrent de nouveau, elles cinglèrent avec plus de vigueur, la servante qui fustigeait Lisbeth avait-elle la main plus lourde, le cul de celle-ci se zébra d’une longue déchirure, et elle poussa un cri plaintif, sans pour cela demander grâce. Et ce fut la flagellation impitoyable qui se poursuivit sans arrêt. Les cordes se levaient et s’abaissaient, imprimant des marques rouges sanguinolentes aux surfaces blanches des postérieurs et même des cuisses ; les pleurs ruisselaient sur les joues de Lisbeth, alors que Reine, quoique toute aussi touchée affectant plus de stoïcisme, se mordait les lèvres pour ne pas révéler de faiblesse. À chaque coup qui atteignait les chairs, les corps oscillaient de côté et d’autre, et le banc, sous la pression des bustes, vacillait, prêt à s’effondrer et à entraîner les deux châtiées. Elles le retenaient de leurs bras pendant par devant, craignant de se blesser au ventre et aux jambes si la chute se produisait. La flagellation continuait de plus en plus dure. Miss Sticker demeurait impassible, debout, les yeux fixes. Allait-elle supporter qu’on mît en lambeaux ces culs, dont elle jouissait en pédéraste raffinée ! La chère directrice savait varier ses plaisirs ; elle pratiquait l’amour aussi bien par devant que par derrière, et ne soulevait aucune résistance chez ses houris. Maintenant Lisbeth et Reine haletaient, se contorsionnaient sous les coups : leur jolie croupe ondulait en tressaillements continus ; et toutes les deux, elles pleuraient : les chairs ensanglantées piquaient, cuisaient, sur toute la courbe des reins et des jambes ; les deux odalisques du plus féroce des amants s’estimaient abîmées pour longtemps. Miss Sticker leva une main ; les bras des flagellantes suspendirent la correction ; elles n’en pouvaient plus de frapper, et, dans les derniers coups qu’elles prodiguèrent, on ne distinguait plus rien des cordes qui crépitaient sur les rondeurs des culs ou de ces rondeurs qui se déchiraient sous les cordes. La directrice se recula sur un côté, entourée des professeurs, et successivement, à pas saccadés, toutes les divisions défilèrent autour des fustigées, laissées en posture à l’effroi de leurs regards. De larges plaques de sang marquaient là où les cordes avaient frappé avec plus de fréquence, et, en voyant les jambes des malheureuses animées d’un tremblement convulsif, en voyant même entre les cuisses de Lisbeth filtrer des goûtelettes de sang, un ou plusieurs coups s’étant égarés vers le con, la pâleur répandue sur le visage des jeunes miss prenait une couleur encore plus terreuse. Peu à peu les divisions évacuaient le vestibule, et peu à peu le vide s’y faisait. Miss Sticker et les professeurs se retirèrent à leur tour à la suite les uns des autres, et les servantes, dénouant les courroies qui attachaient Reine et Lisbeth, les soutinrent par les bras pour les mener à l’infirmerie où l’on soignerait et guérirait leurs plaies. La tempête avait-elle fini de sévir !


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
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VI


Miss Sticker, dans son cabinet de travail, accoudée sur un bras, la tête pensive, réfléchissait à la furie de ses passions charnelles, débordant enfin et ne connaissant plus de frein. Elle appartenait au sexe masculin, elle approchait de la quarantaine, et jamais elle ne ressentit avec autant de force l’aiguillon de la luxure. Certes, elle ne prétendait pas rivaliser pour la mesure de la queue avec les moins bien dotés en longueur et en grosseur, mais si elle possédait une pine plutôt fluette, cette pine, à l’érection, s’allongeait, durcissait de façon inimaginable, ne débandant pas même après deux ou trois baisages consécutifs, et s’affirmant encore plus indomptable si la difficulté d’aboutir augmentait. Maîtresse d’une institution comme celle sur laquelle elle régnait, il fallait qu’elle se satisfît de temps en temps en dépucelant quelque jeune tendrette, et elle rêvait de descendre les âges pour éprouver des voluptés plus âcres. La folie, avec le crime au bout, heurtait son cerveau assoiffé d’images lascives. Heureusement que ses favorites, qui la dominaient, apportaient une trêve à ces élans d’une chair trop longtemps morte. Hilda, par sa gracilité et sa joliesse, représentait à ses yeux toutes les pucelles de sa maison, et Lisbeth, petite de taille, l’avait très bien remplacée sous ce rapport, quoiqu’elle lui reprochât sa poitrine un peu trop formée comme tétons, trahissant déjà la femme, atteignant même le développement de celle de Reine, la Française, la précoce. Oui, oui, elle avait déjà mis à mal deux ou trois de ses fillettes de quinze ans, mais en général, elles ne contentaient que son appétit d’un moment, elles ne lui inspiraient pas une fringale de durée, comme le firent par rang d’ordre, Reine, Hilda et Lisbeth. Oh, cette dernière, c’était celle qui la comprenait le mieux. Pourquoi venait-elle de se faire punir ! De plusieurs jours, elle ne l’aurait plus à sa disposition ! Le châtiment devait suivre son cours : après la guérison à l’infirmerie, il se compléterait de la peine de cachot. Et en attendant, comment se satisferait-elle les sens, elle, la directrice, avec la surexcitation qui la gagnait de plus en plus. Bah, il fallait remonter en arrière, il fallait porter les regards vers la précédente favorite, il fallait accomplir le premier pas, apprivoiser de nouveau Hilda, réussir à la reposséder, elle était la seule ayant des chances de la disputer à l’influence de Lisbeth. Mais, Hilda l’évitait, la fuyait, elle ne s’y trompait pas. Déjà, depuis quelques jours, elle la recherchait, sortait dans le parc lorsqu’elle pensait l’y rencontrer, la guetter dans les couloirs, jamais, jamais, elle ne l’atteignait. Elle savait cependant que cette petite coquine reprenait ses instincts de luxure, que travaillée par les théories cochonnes de Reine, elle gamahuchait celle-ci, celle-là ; elle n’ignorait pas ses relations suivies avec la Française, et elle aspirait même en ces relations pour renouer des rapports sous le souvenir desquels elle frissonnait. Oui, oui, cette Hilda lui portait toujours à la peau ! Malheureuse, malheureuse querelle, qui sépara deux des plus actives natures lascives de la maison, Reine et Lisbeth, ces deux amies qui s’entendirent si bien dans le passé ! Hilda, que faisait-elle en ce moment ? La pensée de miss Sticker chevauchait de ses favorites à tout le troupeau dont elle avait la charge, et elle s’assombrissait aux responsabilités qu’elle encourait. Oh, il fallait secouer les sombreurs qui l’envahissaient ! Hilda, Hilda, gentille petite fille, qui eût supposé cette perversité, de la voir se livrer à ce misérable Hippolyte, un valet ! Mais des mois avaient passé depuis, et elle devait bien comprendre que son cœur penchait vers l’indulgence, que ses désirs renaissaient. La terreur régnant dans la maison, à la suite de la correction infligée à deux des meilleures élèves, Hilda se confinait sans doute à sa salle d’études, pour y attendre les événements. Pendant la flagellation, sans paraître la regarder, miss Sticker la dévisagea plusieurs fois au milieu de ses compagnes ; leurs yeux se croisèrent, et il lui sembla lire dans ceux de la fillette, moins de réserve méfiante, moins d’indifférence. Elle ne pouvait la mander dans son cabinet ; ce serait trop accuser sa tentation de pardonner, d’afficher l’oubli de l’infidélité commise. Ô folie honteuse, l’avoir trompée avec un sale inférieur ! Mais Hilda devenait une si gentille et si jolie fille ! Lutter contre le courant qui l’entraînait vers la fillette, il n’y fallait plus songer ; il importait de savoir de suite à quoi s’en tenir, car, elle le sentait, si en la circonstance actuelle, Hilda manquait à son caprice, elle ne reculerait pas à quelque acte désastreux vis-à-vis d’une fillette de treize ans, de douze, de moins peut-être. Est-ce que sa queue les estropierait ? Et puis, le postérieur de certaines de ces enfants n’avait-il pas l’ampleur voulue pour recevoir la visite d’un membre viril, surtout aussi peu formidable que le sien ! En somme, des grands de la terre en usaient à leur fantaisie avec des mioches des deux sexes ! Allons, plus de songerie creuse, elle allait se rendre à l’étude d’Hilda, et elle jugerait bien vite ce qu’il lui était permis d’espérer ! Quoi, elle, la directrice, supposerait-elle qu’une petite pécore oserait résister à son désir ! Le plus sage ne consistait-il pas à dicter ses ordres ! Non, non, avec une fille dépucelée par surprise, il valait mieux montrer patte de velours. Elle prit une toilette d’aspect moins sévère ; sur la jupe de soie noire, elle adopta une longue blouse avec ornementations rouges, laissant la taille à l’aise, et elle quitta son cabinet. Juste, vers le milieu de la galerie sur laquelle il donnait, elle aperçut celle à qui elle pensait, Hilda, qui, à petits pas, se dirigeait vers un palier d’où un escalier conduisait à l’infirmerie. Allait-elle s’informer de l’état de santé de Reine ? Miss Sticker se mit à la suivre ; Hilda se retourna en entendant son pas, et parut hésiter à continuer sa route. Miss Sticker n’osa l’interpeller, et en cet instant, par une contre-galerie, elle vit surgir Clary qui tendait les mains à la fillette. Que signifiait ceci ? Y avait-il accord entre toutes les deux ? Craignant de compromettre son autorité et son prestige, miss Sticker, la tête baissée, continua à s’avancer lentement, sans protester de l’intimité de la surveillante générale et de l’élève qui, toutes les deux enlacées, partaient, et quelques pas plus loin, entraient dans l’appartement de la première. Une crispation nerveuse étreignit le cœur de la directrice. Le doute lui était interdit. Clary attirait Hilda, et elle ne pouvait intervenir. De dépit, elle montra le poing à la porte de Clary refermée, passa et repassa plusieurs fois devant cette porte, et se décida à réintégrer son cabinet, pour prendre une décision ferme. Oh, si elle tenait toujours à Hilda, il n’y avait pas de temps à perdre pour reposer sa patte de chefferesse sur ses épaules. Comment, Hilda acceptait des rendez-vous de Clary ! Cela la renversait. Ah, si elle avait su que ce rendez-vous était tout récent et le premier ! En revenant d’assister à la correction de Reine et de Lisbeth, avant de se rendre à la récréation pour le goûter, Hilda avait trouvé dans son pupitre un billet où Clary lui fixait un rendez-vous près de son appartement, pour se raccommoder du petit différend de l’année précédente, et essayer de s’être réciproquement utiles. Hilda ne refusa pas. Elle avait bien vu que la surveillante lui faisait des avances galantes, la frôlant en passant à son côté, la regardant avec des yeux très cochons, lui grattouillant la main lorsqu’elle se la laissait prendre, lui lançant quelque mot à double entente sur ses minettes de jadis, toutes choses auxquelles elle répondait par une insouciance affectée. Il ne lui convenait pas de trébucher dans les invites à la débauche, venant de si haute personnalité scolaire, sans avoir par devers elle une garantie de proposition directe. D’un autre côté, elle constatait que miss Sticker tournoyait autour de ses jupes, et elle se demandait si, écoutant les conseils de Reine, elle étoufferait la rancune de son cœur pour le dur châtiment du cheval, et ne chercherait pas à reconquérir son influence sensuelle. La naturelle ruse féminine la guida : elle comprit qu’en souscrivant aux fantaisies de la surveillante, elle exaspérait les désirs de la directrice, et qu’il lui serait facile de l’emporter sur Lisbeth. N’ayant pas encore quinze ans, la femme pointait déjà dans son esprit, grâce au dépucelage et aussi au libertinage dont son cœur s’imbibait de plus en plus. Ses idées progressaient, elle savait mieux ce qu’elle voulait, si elle remontait au rang de sultane favorite, elle permettrait à tous ses instincts vicieux de se déchaîner, elle s’assurerait de nombreux caprices, et elle s’arrangerait pour noyer sous son charme Jean Sticker. Ah, elle n’était plus la petite niaise dont on abuse et qu’on jette ensuite au rancart ! Jean, quand il l’avait pour maîtresse, la baisait tous les jours, ne courait après d’autres qu’au moment de ses règles, et elle savait bien par les potins qu’il baisait à peine Lisbeth trois fois dans la semaine. Aussi fut-elle très joyeuse de se voir surprise par la directrice en rendez-vous avec Clary ! Entrée chez la surveillante, elle adopta une attitude demi-savante, demi-ignorante qui lui allait à ravir.

— Ma petite, dit Clary, il serait idiot de se bouder plus longtemps et de piétiner comme des ânesses : l’an dernier, je t’ai porté tort, pour me garer de la mauvaise humeur de miss Sticker. Sois gentille avec moi, et je te jure que je l’aiderai à reconquérir toute ton influence.

— Une question, Clary, n’avez-vous pas trouvé, les autres fois, que je n’entendais rien à la chose !

— Oh, j’ai des tuyaux ! On m’a vanté tes progrès, et je connais tout ce qui s’accomplit d’immoral dans cet institution ! Quand on gougnotte des filles de son âge, on ne peut qu’éprouver grande félicité à gougnotter une femme comme je suis. Tu te rappelles combien je suis fournie… de tout ce qui excite à la cochonnerie ?

— Oui, répondit Hilda en rougissant et d’un ton très décidé.

— Donc, tu ne peux vouloir que ce que je veux, n’est-ce pas ?

— Je le veux, répliqua-t-elle avec fermeté.

— À la bonne heure ! Tâche donc de me faire jouir : ta petite frimousse m’inspire et me plaît bien plus qu’auparavant. Il faut espérer que nous serons plus heureuses que nous le fumes dans le passé, et nous ne nous en plaindrons ni l’une ni l’autre.

Clary lui embrassa une oreille, et la mena dans sa chambre qui, avec le salon où elles étaient entrées et un cabinet de toilette, constituait tout son appartement. Elle se jeta sur le lit, en ramenant ses jupes sur la poitrine, et étala ses cuisses très fortes, son chat très poilu, son ventre très bombé, son con aux grosses lèvres. Elle n’avait rien à apprendre à Hilda qui, à la vue de ses sexualités, enfourna la tête entre les grasses cuisses, souleva le beau et volumineux derrière de ses mains, darda la langue vers le clitoris, en un picotement très subtil, qui arracha à Clary ce petit cri :

— Ah, tu t’y entends à merveille, à présent, va, va vite, que je jouisse promptement sous ta languette. La directrice doit fouiner par là, et pour sûr, elle s’emballe de nouveau après tes jupes.

Hilda ne perdait pas le temps en réponses oiseuses et inutiles : elle manœuvrait de la langue, de la tête et aussi de la main. Ce n’était plus un corps de fillette qui s’abandonnait à ses caresses ! Certes, elle n’en discutait pas le plaisir ! Mais, ici ces belles cuisses, dont la blancheur et la puissance rutilaient à ses yeux, creusaient dans sa cérébralité des forces de luxure, qui s’épanouissaient en actes lascifs et désordonnés sur ces chairs pantelantes. Elle pianotait sur ce ventre au si pur satin comme pour en pomper l’électricité fluidique qui l’incitait à y poser les joues ; elle faisait courir de petites lèvres sur cette forêt de poils touffus où tout l’arôme féminin se concentrait pour jeter le vertige dans l’âme des voluptueux et des voluptueuses ; sa langue pendait, s’appliquait sur le con qui frétillait de sensualité, tendait à l’absorber dans le vagin : elle noyait le visage à l’entre-cuisses, et il lui semblait que sa tête se rapetissait au milieu de cet océan de blancheurs : elle précipitait les léchées et les suçons, profitait des sursauts des fesses, pour les obliger à se soulever, elle picotait de la pointe de la langue, dans la fente, jusqu’au trou, et elle repartait dans des minettes enragées. Elle soufflait dans les cuisses, elle suçait le con, elle léchait le vagin, et sous la volupté qu’elle éprouvait à ces caresses, se tortillait entre les jambes de Clary, les frottant du genou aux hanches de son visage en feu, les brûlait de son haleine surchauffée. Puis, pressentant qu’avec ces femmes, dont l’autorité s’imposait dans la maison, l’habileté résidait à les mâter dans leur nature, elle tourna Clary sur le ventre, avec une force dont elle ne l’aurait pas crue capable, et, ayant sous les yeux ses fesses bien charnues et bien rondes, elles se mit à les fouetter à pleines mains, tout en envoyant de longues et larges lippées vers le con. Ah, quel beau monument ! Et quelle intelligence dans ces fesses si rebondies ! À mesure que les mains claquaient, elles se contractaient et se desserraient, tourbillonnaient sur la longue arête de la fente, le cul prenait une ampleur majestueuse, il semblait que toute la création, affolée sous le rut, y centralisait ses beautés pour inviter aux plus libidineuses oraisons. La langue, perdue entre les cuisses, s’enfonçait dans le vagin ; du front, Hilda repoussait le cul, pour faciliter le jeu de ses minettes, se mélangeant de quelques feuilles de rose, elle ne fouettait plus : sous une prompte inspiration, sa langue ne cessant sa poursuite à la jouissance de Clary, elle enfonçait le médium dans le trou du cul, le retirait et, descendant les mains, chatouillait les mollets. À ces chatouilles inattendues, Clary gigotait des jambes et, profitant de ce qu’Hilda pressait dans ses bras toute la circonférence de ses fesses, elle se retournait sur le dos, fendait toutes ses cuisses, et y repoussait la tête de sa petite gougnotte. À l’ardeur qui s’accusait de plus en plus vive de part et d’autre, l’éjaculation abondante de la cyprine marquait les satisfactions charnelles de la caresseuse et de la caressée. La jouissance se produisit, et Clary se tordit en convulsions spasmodiques, sous lesquelles elle sautait sur le lit, à se détraquer les fesses, pressait avec rage sur son cou, pour l’y maintenir collée, la tête d’Hilda. Dans l’effusion de sa volupté, la surveillante s’écria :

— Ah, ma petite, je suis enchantée, et je reconnais que tu as gagné ton diplôme de cochonne en pratiquant avec Reine ! Je te rends la justice que tu mérites ! Si tu veux reprendre miss Sticker, ce soir, au lieu d’aller te coucher, va donc faire un tour de promenade sur la terrasse des chênes.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
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VII


Reprendre miss Sticker, la terrasse des chênes, cela travailla l’esprit d’Hilda ! Oh, elle conservait bien encore une sourde irritation, mais elle se disait qu’elle jouerait bien son rôle, et que Jean Sticker ne la toucherait pas, si elle ne le voulait pas. Et, à neuf heures, elle se dirigeait, le cœur battant fort, vers cette terrasse, appelée ainsi parce que, située au deuxième étage, elle donnait sur un coin du parc ombragé de très beaux chênes. Elle savait qu’en effet c’était l’heure où la directrice y allait, par le clair de lune, jeter un coup d’œil sur la solitude du parc, prendre l’air quelques minutes, peut-être rêver aux nouvelles amours qu’il rechercherait. Elle éprouvait une impatience de plus en plus marquée, à mesure qu’elle s’avançait dans les galeries, et cette impatience devint de l’inquiétude en passant devant le cabinet de la directrice, route qu’il lui fallait suivre. Comme au moment de son rendez-vous avec Clary, presqu’à la même distance du cabinet, elle en entendit la porte qui s’ouvrait, et comprit que miss Sticker en sortait. D’instinct, elle ralentit le pas, et elle ne tarda pas à être rejointe.

— Vous, Miss Hilda, dit miss Sticker, pourquoi cet oubli du règlement ? Vous devriez être couchée.

— Je souffrais de la tête, Miss, et vous m’avez autorisée à aller et venir à ma guise.

— Pas pour vous rendre chez Clary, entendez-vous !

— Je ne m’y rends pas : j’allais à la terrasse des chênes… pour rêver.

— À la terrasse des chênes ! Vous auriez bien dû y aller tantôt ! Qu’avez-vous fait chez Clary ?

— Elle me témoigne de l’intérêt, depuis qu’elle est cause de mon grand chagrin de l’an dernier.

— Votre grand chagrin, petite éhontée ! Avez-vous pensé à celui que vous causiez aux autres.

Elles marchaient côte à côte lentement, s’arrêtant à quelques-unes de leurs périodes de phrases, miss Sticker plongea les yeux dans ceux de son ancienne favorite, et en ressentit du trouble. À son apostrophe, Hilda répondit, la voix tremblante :

— Pouvais-je supposer, moi une enfant, que vous attachiez tant d’importance à un acte qui ne vous empêchait pas d’aller le commettre avec d’autres de mes compagnes.

La réponse porta, et miss Sticker se tut. Elles sortaient sur la terrasse, inondée des rayons de la lune. S’approchant de la balustrade d’où on contemplait les arbres et une allée solitaire qui serpentait au-dessous, se dirigeant vers des taillis assez sauvages de ce côté, miss Sticker murmura :

— Une belle nuit pour oublier les tristesses, Hilda.

— Peut-on aussi oublier la dure flagellation appliquée en étant attachée au cheval !

Il y avait de l’agression dans le ton : miss Sticker enlaça brutalement la fillette, et la bouche sur sa nuque répliqua :

— Quand on trahit qui vous donne le pouvoir de tout oser, on mérite le plus terrible des châtiments.

— Ah, Miss, ne me faites pas de mal.

— Ne vois-tu pas, enfant, que je t’aime, et que depuis que nous sommes seules ici, tous les souvenirs du passé renaissent, ravivent ma passion.

— Votre passion ! Vous a-t-elle arrêté de prendre Lisbeth, de me la donner comme remplaçante, et de m’humilier de toutes les manières. Laissez-moi, je ne veux plus ce qui fut, et je veux retourner à ma chambre. Vous êtes dangereux, Jean Sticker.

Mais il la tenait dans ses bras, tordue contre la balustrade, le corps en avant, le derrière contre son ventre ; il la serrait de très près, essayait de la retrousser ; elle se débattait, se défendait et ajoutait :

— Non, non, n’insistez pas Jean, on ne remonte pas le courant, je ne suis plus une petite fille, comme il y a quelques mois, vous m’avez dépucelée, et ma raison s’en est formée : Je sais que vous avez commis un crime en me violant : et ai-je assez souffert ! Méritais-je d’être fouettée comme vous l’ordonnâtes ! Et qui vous dit qu’en m’abaissant à accepter d’être le jouet d’un valet, je ne pensais pas à vous faciliter dans votre amour ; j’élargissais la voie que vous aviez ouverte, en m’exposant une bonne fois à une souffrance plus forte, afin de vous procurer un plaisir sans nuage. Mais hélas, quoique vous portiez la toilette de mon sexe, vous êtes pareil aux autres hommes, vous n’écoutez que votre égoïsme dans la volupté. Non, non, décidément, je ne veux plus, oubliez-moi.

— Je ne puis pas, murmura Jean Sticker, la voix blanche.

— Vous, vous ne pouvez pas m’oublier ! Et ne courez-vous pas après Christya, après Aline, après Loti, sans compter Reine et Lisbeth ! Que suis-je pour vous !

Celle qui la première et la seule joignit au plaisir l’étincelle de l’amour !

— L’amour ! Vous vous moquez encore de ma naïveté. Et puis, que fait l’amour dans ces cochonneries recherchées dans la maison, et auxquelles nous initia Reine ! Autant de filles pour vos appétits de la chair, autant d’amour. Quant à moi, il me semble que je ne me lasserais pas d’imiter Reine, et de me vautrer sous le plus grand nombre possible de jupes. L’amour n’a rien à voir dans la luxure.

— Détrompe-toi : il désigne la préférée.

— Eh bien mais, votre préférée n’est-elle pas Lisbeth !

— Hilda, je te le jure, je ne puis renoncer à te posséder ; ne me résiste pas, tu me déchires le cœur.

— Le cœur !

Mais Jean, las de lutter contre ses débiles mains l’empêchait de la trousser comme il le désirait, se laissait tomber à ses genoux. Elle fut toute saisie de cet acte, toute attendrie de son étreinte qui se desserrait, de son attitude suppliante. Quoi, cette terrible directrice, dont la toilette féminine cachait un homme, s’humiliait ainsi devant elle, une gamine malgré tout. Elle ne retira pas ses mains qu’il baisait, et la voix toute changée, s’écria ;

— Oh, Jean, Jean, vous, à mes genoux, à moi, une petite élève !

— Pourquoi te disputer, enfant, au bonheur que tu donnes, et qu’on brûle de te retourner ! Pourquoi me parler des autres, lorsque ta petite personne me conquiert et me subjugue. Ne le sens-tu pas, tu es dans cette maison la véritable étoile qui éclaire l’amour, et tes caresses, tes mignonnes caresses effacent de mon âme le mal qui le domine, comme tes doux yeux font pâlir les regards de toutes tes compagnes, même de ta gentille amie, la Française !

— Oh, ce que vous me dites là est bien joli, mais relevez-vous, je vous en prie, ne restez pas à mes genoux.

— Me repousseras-tu, me résisteras-tu ?

— Moi, que je vous repousse, que je vous résiste, lorsque votre voix me berce d’aussi gentils compliments, lorsque vous vous agenouillez ainsi devant moi ! Oh, Jean, Jean, je crois que moi aussi je comprends la différence de l’amour et de la cochonnerie, et que je vous aimerai, je vous aime de vrai, surtout si vous êtes toujours aussi bon ! Ah, vous savez vous y prendre, pour qu’on perde la tête à vous écouter !

— L’amour et la volupté, Hilda, cela vaut toutes les joies de ce monde et de l’autre ! Le cœur vibrant d’accord avec le désir, la fièvre de la possession s’embellit, et l’on aspire bien à être tout l’un pour l’autre.

— Oh oui, et jamais je n’ai éprouvé une telle sensation de langueur délicieuse !

Elle ne savait si elle voyageait dans le rêve ou dans la réalité ; elle le voyait à ses genoux, l’enlaçant, les yeux rivés sur les siens, et elle frissonnait, se penchait dans ses bras pour l’embrasser sur le front, sur les yeux ; elle sentait ses mains qui hésitaient au bas de ses jupes, et elle s’approchait à coller son buste contre ses épaules ; il la contemplait, il demandait l’autorisation des audaces, contre toutes ses habitudes, et le devinant dans cette délicatesse subite, elle murmura :

— Oui, oui, Jean, va, tu peux ce que tu veux, je ne te défends plus rien, j’ai autant envie que toi.

Alors il engouffra la tête sous ses jupes, ces jupes demi-courtes de la toilette de punitions : il se pressa entre les deux jambes de la fillette, recouvertes du pantalon, il écarta les bords du vêtement, retrouva sous la chemise relevée cette chair qu’il féminisa. Nulle sensation ne rivalisait avec celle qu’il vivait là : ses désirs surexcités, son imagination enfiévrée, ses sens en ébullition, concentraient sur l’ouverture de ce pantalon, à l’apparition de la sexualité de la fillette, un maximum d’aspirations idéo-matérielles qui donnaient satisfaction à l’appétit charnel de l’instant, par la conviction d’un contact où le vertige de la volupté élargissait les horizons de la luxure. Sa langue saluait le petit temple d’amour dont il crocheta la porte, et cette porte du sanctuaire, ce jeune con qui s’abandonnait de nouveau à son ivresse, il le constatait petit, petit, mignon, dans son échancrure, tout comme s’il devrait subir un nouveau dépucelage. Ah, frissons délicieux et exquis dont on voudrait l’éternité ! Hilda se laissait faire, pliait le buste sous un de ses bras qui la tenait par la taille, tendait son ventre à ses lèvres, frémissait aux baisers, aux suçons qui voltigeaient sur son clitoris, sur son minet ; elle se retroussait elle-même pour mieux le favoriser dans ses caresses, et comme il lui dénouait son pantalon, elle lui dit :

— Jean, ne serions-nous pas mieux ailleurs ?

— Oui, tout à l’heure, dans ma chambre.

— Dans ta chambre ?

— Où il me plaira de supposer que tu es ma petite femme ! Le veux-tu ?

— Oh oui, et je serais bien contente si demain tout le monde me voyait dans ton lit !

— Petite folle, petite folle, ne serais-tu pas compromise ?

— Pourquoi ? Seules celles que tu as dépucelées, savent ton sexe véritable, et elles se garderont de parler ! Les autres comprendront que nous sommes amies comme avant, et elles s’en réjouiront, parce que moi, je ne suis pas méchante.

— Je ne puis pas ordonner que toutes les divisions défilent dans ma chambre.

— Tu peux me permettre d’y recevoir la visite d’une délégation de toutes les études, pour me demander ce qu’elles désireraient que je leur fasse accorder.

— Cher petit ange, qui pense encore au bonheur de ses compagnes !

— J’y oublierai tout-à-fait la dure correction que je dus subir.

— Ne parlons plus de cela, ma petite Hilda, ne faut-il pas que j’oublie aussi ce qui la motiva.

— Oui, oui, tu as raison ! Mais, Jean, au lieu d’embrasser mon pantalon, ne vaudrait-il pas mieux que tu m’embrasses !

— Ton pantalon ! Je l’embrasse parce que je lui jure de le garder toujours, afin de ne jamais plus te causer aucune peine.

— Oh, que tu es gentil, vite, allons dans ta chambre.

Ils refirent le chemin en sens inverse, et revinrent chez miss Sticker, sans que rien n’attirât leur attention. Dans la chambre, au moment où Hilda s’apprêtait à se dévêtir, il lui sembla entendre des gémissements du côté du cabinet de travail, peu éloigné. Le doute n’était pas permis, quelqu’un y pleurait. Jean et Hilda y coururent, et tapie sur un fauteuil, ils aperçurent la petite Lucy en larmes.

— Que fais-tu là, demanda avec humeur, miss Sticker ?

— Miss Lisbeth m’a commandé de coucher dans votre cabinet jusqu’à sa guérison, et j’ai bien peur.

— Miss Lisbeth ! Est-elle la directrice de la maison ?

— C’est vous qui lui avez dit qu’elle était la maîtresse, la vôtre ! Alors, elle commande ce qu’elle veut.

— Comment, même punie, même malade, elle prétend imposer sa volonté ! Et d’abord, tu n’es plus à sa disposition. En attendant de remonter à ton dortoir, tu vas aider miss Hilda à se déshabiller et tu la chatouilleras comme tu chatouilles si bien Lisbeth.

— Moi, chatouiller miss Hilda, je ne le veux pas : je ne veux le faire qu’à miss Lisbeth.

— Si tu n’obéis pas, il y a là le martinet qui te mettra à la raison.

— Battez-moi, je m’en moque. Je suis la petite chérie de miss Lisbeth, et je ne le serai de personne autre, pas même de Christya, si vous l’ordonniez.

— Laissez-la tranquille, Miss Sticker, intervint Hilda ; qu’elle aille à son dortoir et reprenne ses habitudes.

Elle ne put en dire plus long : la colère de miss Sticker se déchaînait effroyable : c’était la première fois qu’une gamine lui répondait sur un ton aussi énergique ! Vraiment une pareille petite guenon osait discuter ses ordres ! La directrice s’emparait du martinet, sur son bureau, et d’une première volée cinglait les mains de l’enfant, qui voulut crier, mais dont la voix expira dans son gosier à la vue de la fureur qu’elle venait de provoquer. Miss Sticker l’attrapa violemment et, s’installant sur un fauteuil, la renversa sur ses genoux, lui releva les jupes, sortit du pantalon le petit postérieur mignonnet, bien formé dans ses jeunes rondeurs, et lui administra la correction avec grande rigueur. Lucy essayait de se trémousser, de se dérober ; une main posait sur ses reins à les écraser, et son joli derrière crépitait douloureusement sous les claques qui l’atteignaient. Clic, clac, les coups se succédaient avec une rapidité vertigineuse, et les chairs s’empourpraient. La pauvrette, n’y tenant plus, hurla :

— J’obéis, j’obéis, Miss Sticker, je me soumets à tout ce que vous voudrez, je serai bien sage.

— À la bonne heure, répliqua la directrice, la lâchant instantanément. Allons, vite, déshabille-toi des pieds à la tête, tu te prosterneras aux pieds de miss Hilda, tu lécheras ses bottines et tu lui demanderas pardon.

— Oh, Miss, toute nue !

— Faut-il que je recommence à fouetter !

En tremblant, et en proie à la honte, la petite Lucy fut bientôt nue ; corps étriqué de fillette de onze ans, mais corps gracieux et grassouillet, aux petits mollets ; petites jambes se dessinant pourtant en lignes harmoniques ; petit cul bombé néanmoins à rembourrages charnus relatifs avec la fente bien marquée, petites cuisses cependant assez épaisses ; buste encore à l’état de promesses pour ses futures richesses avec une poitrine sans nichons, point désagréable à contempler. Il fallut même qu’elle se déchaussât, et quand elle fut ainsi, Hilda ne se risqua pas à s’interposer devant la colère qui agitait encore son amant. Lucy se jeta à quatre pattes, courba la tête jusqu’à ses bottines, les baisa pour commencer et les lécha ensuite sur tout leur contour, suppliant qu’on pardonnât sa méchanceté.

— Je la pardonne, murmura Hilda.

— Bien, qu’elle vous serve de femme de chambre, aide à vous dévêtir, vous chatouille, ce qu’elle sait très bien faire, et je verrai après ce que je déciderai à son sujet.

Toute humble et soumise, Lucy se releva et s’occupa de dévêtir Hilda, emportant ses vêtements, sur l’ordre de miss Sticker, dans sa chambre. Lorsqu’elle fut en chemise, la directrice la lui souleva par devant, montra à l’enfant le minet, pour qu’elle s’exécutât ; Lucy, agenouillée glissa son médium sur le clitoris d’Hilda et le branla avec beaucoup d’habileté. On voyait que le jeu lui était très familier, et que pour faire des progrès en lascivité, elle n’attendait pas le nombre des années.

— C’est bien, petit singe, dit miss Sticker, prends le bas de la chemise de ta nouvelle maîtresse, et accompagne-la dans mon lit, où tu lui lécheras le cul, jusqu’à mon arrivée, tu entends ?

— Oui, Miss Sticker.

Hilda ne disait rien ; elle jugeait avec quelque appréhension le degré où était descendu Jean sous l’influence de Lisbeth. Lucy ramassa dans ses mains le bas de sa chemise, comme elle l’eût fait pour soutenir la traîne d’une robe, et elle la suivit ainsi jusque dans la chambre de la directrice. Là, profitant de ce qu’elles se trouvaient en tête-à-tête, elle retroussa brusquement cette chemise et allongea un gros coup de poing au derrière d’Hilda, en criant :

— Je te lécherai, parce que j’y suis forcée, mais je te préviens, j’aime Lisbeth, je lui raconterai tout, et elle me vengera.

— Oh, la petite hypocrite, répliqua Hilda, surprise d’entendre ces menaces, eh bien, puisqu’il en est ainsi, c’est moi qui te commanderai et durement. Lèche-moi le cul à pleine langue, ou je te l’arrache.

On entendait le pas de miss Sticker ; Lucy s’empressa de se précipiter sur les fesses de sa compagne, et les prenant dans les mains, elle lécha la fente avec une admirable ardeur simulée.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre

VIII


Jean Sticker survenait ; il était en chemise. Quelques secondes il contempla le tableau de Lucy travaillant le postérieur d’Hilda ; puis brusquement il se dépouilla de son dernier voile, et apparut, la queue en érection, aux yeux des deux élèves. Il ne se montra pas plus tôt ainsi que Lucy, courant se placer par derrière, le fouetta de ses petites mains, aussi fort qu’elle le pouvait. Étonnée, Hilda, du regard, interrogeait son amant. Il lui apprit que cela représentait un jeu imaginé par Lisbeth pour l’exciter lorsqu’il manquait d’énergie, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui. Il présenta sa queue à Lucy qui, cessant de le fouetter, le masturba avec une lenteur calculée. Hilda, sur son avis, se mettait toute nue et grimpait sur le lit. Il saisit Lucy par une oreille, l’y conduisit et lui commanda de se coucher dans la ruelle, afin qu’elle assistât aux premières loges à ce qui se passerait. La fillette n’en paraissait pas ennuyée, elle en avait sans doute l’habitude avec celle qu’elle considérait comme sa Lisbeth aimée ! Enfin, Jean et Hilda allaient goûter à leurs plaisirs de l’année précédente, et qui seraient bien plus vifs par l’attente endurée, par la pensée du solide accord qui en résulterait. Hilda n’était plus la pucelle de jadis, malgré la petite ouverture de son con : elle écarta les jambes, sitôt que Jean l’eut rejointe sur le lit, et elle le recevait dans ses bras, soupirant après cette possession dont elle s’effrayait tant avant les vacances ; elle frémissait au contact de sa queue contre son con, et elle l’offrait à son désir de jouissance, de toute sa volonté, de tout son échauffement. Cette queue, bien moindre que celle d’Hippolyte, bandait de superbe façon, et dans son émotion, ne pointait pas la petite ouverture qu’elle avait percée. Ce fut Hilda qui, envoyant une main, dirigea le gland vers l’orifice du vagin. Oh, la chère enfant s’aguerrissait ! Ayant placé la queue au bon endroit, elle donna un petit coup de ventre, auquel répondit Jean, et l’enconnement commença, entrecoupé de baisers et de caresses. La queue pénétrait tout entière dans le vagin, et, dès qu’elle y fut logée, Jean ordonna à Lucy de se mettre à cheval sur son dos, pendant qu’il enfilerait Hilda, et de lui lécher le cou, les épaules. Sans doute l’intelligence luxurieuse de Lisbeth se dénonçait encore dans cet acte. La fillette ne fit aucune objection et échela sur les reins de Jean Sticker, passa ses petits bras autour de son cou, lui serra la taille de ses petites jambes, comme elle put, et sa langue courut sur sa nuque, ses épaules son cou : maintenant il possédait bien sa chère Hilda, sa queue s’agitait dans le vagin, le con avait prêté à l’envahissement du membre viril, la fillette ne souffrait pas, ainsi qu’ils l’avaient craint tous deux, et elle se donnait avec une passion véritable. Le saphisme qu’elle pratiquait la disposait à aimer les coups de queue, et elle sentait fondre tout son être sous une fièvre qu’elle n’éprouva jamais auparavant. Plus la queue de Jean s’actionnait dans son vagin, et plus elle tendait le con pour bien la retenir, l’encourageant à multiplier ses secousses. Il n’existait plus rien de la craintive petite pucelle d’antan ! Fillette encore par l’âge, elle s’affirmait femme, et usait des facultés subtiles de son sexe pour engluer, séduire cette terrible directrice, aujourd’hui si entraînée à l’orgie de la chair, qu’elle ne redoutait pas d’y associer des enfants de dix à onze ans. Ah, la délicieuse manœuvre pour amener la décharge : le ventre d’Hilda se collait au ventre de Jean ; ils s’adhéraient de façon absolue, et la friction de la queue dans l’organe féminin produisait une volupté qui se communiquait de l’un à l’autre : la décharge gicla, la même jouissance emportait les deux corps et les deux âmes ! Jean coula son sperme avec la même célérité que les autres fois, et sa queue ressortait du con, encore toute gonflée : d’un coup d’épaule, il rabattit la petite Lucy sur le côté, et la gamine lui présenta ses fesses, pour que dans leur mince fente il essuya les gouttes de foutre qui mouillaient encore le bout de sa pine. L’enfant ne broncha pas. Jean Sticker frottait son membre aux rebords satinés des chairs, sans s’occuper si l’organe froissait dans sa rudesse la peau si délicate et si fine de la mignonnette : il accomplissait en toute conscience ce séchage. Puis, allongeant une forte fessée à la pauvre petite, en signe de remerciement, il se remit en posture entre les cuisses d’Hilda, qui lui mordit les lèvres avec amour dans la joie de ce second assaut. Ah, elle ne s’épouvantait plus d’être la proie du mâle, elle aimait à présent qu’on l’enfilât, et elle aimait que Jean la prît ! Oh oui, elle s’appliquerait à le conserver rien que pour elle, afin qu’on ne le lui enlevât plus comme dans le passé. Félicité du paradis, la queue entrait dans son con sans aucune difficulté, elle y était de nouveau enfermée ! Oui, oui, son chéri la possédait, la tenait aux fesses de ses deux mains crispées, et de son côté, avec les siennes, elle s’emparait de son derrière qu’elle chatouillait d’instinct ; il sautait sur son ventre, et elle bondissait sur son cul pour répondre à son assaut ; la même vigueur les animait, ils se léchaient la bouche, ils se patouillaient mutuellement pour bien prendre connaissance de leurs sexualités, et cette fois Lucy, accroupie sur les genoux, caressait de sa petite main l’épine dorsale de Jean, abaissant de temps en temps pour envoyer la langue à son cul. Le doux combat s’engageait aussi vaillant que le premier. Hilda délirait sous la possession virile, elle ne retenait plus des petits cris de détresse sensuelle, et voyant qu’ils excitaient davantage son amant, elle les exagérait, se trémoussait comme une vraie femme, proclamait Jean son maître et son dieu, jurait qu’elle ressentirait du bonheur à mourir pour lui être agréable, et Jean jouissait, jouissait, déchargeait. Un long jet de sperme mouilla de nouveau le complaisant vagin ; le con pressa sur la queue pour l’empêcher de s’enfuir, Lucy reprit sa position pour tendre le postérieur à un nouvel essuyage du foutre. D’une main brutale, Jean, ayant sorti sa pine du con d’Hilda, attira contre ses cuisses les fesses de la petite fille, et les fourragea dans toute la longueur de la fente les humectant faiblement. Une molle langueur succéda chez les deux amants à ce second baisage ; ils s’étreignirent côte à côte dans les bras l’un de l’autre, et Lucy, fatiguée, affaissée, réfugiée dans la ruelle, finit par fermer les yeux et par s’endormir. Hilda murmura à voix basse :

— N’as-tu pas peur que cette enfant si jeune ne t’attire le malheur.

— Elle croit que je l’enfermerais dans un cachot, d’où elle ne sortirait plus, si sa langue révélait quoi que ce soit. Et puis, la faute en revient à Lisbeth que ça amusait de débaucher cette mauviette.

— Lisbeth te portera malheur, Jean, c’est une méchante fille.

— Non, non, ne dis pas ça : elle aime beaucoup le plaisir, et elle a des idées cochonnes comme n’en avait même pas Reine.

Cette femme, directrice d’une maison d’éducation pour jeunes filles, cette femme demi-homme, et cette fillette n’atteignant pas encore quinze ans et qu’elle avait dépucelée, se trouvait en égalité pour la question voluptueuse. La luxure, la folie de la chair les unissaient pour tirer vanité de leurs rapports, et la sévère miss Sticker sombrait définitivement dans l’étalage des vices qu’elle poursuivit avec tant de rigueur. Elle acceptait de garder Hilda dans son lit jusqu’au matin, et de proclamer hautement qu’elle était sa concubine, sa gougnotte, sa mignonne, sa maîtresse, tout ce qu’on voudrait. Elle affichait sans pudeur ses liens, et ce fut le lendemain une grande rumeur dans les salles d’études, lorsqu’on apprit qu’Hilda redevenait la favorite et qu’elle avait couché avec la directrice. Cette rumeur se transforma en violente agitation à la nouvelle qu’Hilda, fière de proclamer son influence, attendrait au lit la visite d’une délégation de chaque classe, pour lui exprimer les désirs généraux au sujet d’une série de plaisirs à se procurer. Et de toutes ces consultations, étrange phénomène d’élèves venant s’incliner devant la prostitution d’une des leurs, s’exprima le souhait d’un bal, où l’on aurait le droit de se costumer à sa fantaisie. Des grandes filles aux petites, cette idée admise sema l’exaltation et l’enthousiasme. Les maîtresses s’intéressèrent à cette fête, on se stimula, on arrangea ses toilettes de ville laissées de côté à la rentrée, on disposa de rubans et de fleurs, on eut la permission de se décolleter, pour flatter les prétentions de petites vicieuses se prétendant déjà munies de nénés, alors qu’elles ne possédaient pas l’apparence d’une noisette sur la poitrine, et la popularité d’Hilda s’accrut dans de considérables proportions. Les belles déclarations l’assaillaient, et s’il lui avait fallu répondre à tous les billets qui la sollicitaient des plus honteuses et des plus naturelles propositions, elle y eut perdu et son doigt branleur et sa langue gamahucheuse. Pour ne pas gêner les élèves dans l’éclosion de leurs rêves, au sujet du bal, miss Sticker s’éclipsait : elle savait ce qui se passait par Hilda.

Il fallut huit jours pour organiser ce fameux bal ; mais, de mémoire d’institutrice, jamais on n’assista dans une maison d’éducation à pareille saturnale. Les pudiques Miss, qui craignaient de se compromettre dans une réunion, où l’on se promettait toutes les licences, s’abstinrent et se couchèrent. Hélas, la gangrène avait accompli son œuvre ; plus de la moitié des élèves tinrent à honneur d’y paraître et d’y écouter leurs exubérantes aspirations. Les maîtresses prenaient bien part à la fête, et veillaient à ce que rien de choquant ne s’y manifestât, mais il leur était recommandé de fermer les yeux aux discrètes polissonneries, pourvu que l’on dansât et qu’on ne provoquât pas du scandale. Du reste, entraînées elles-mêmes à la pente luxurieuse sur laquelle glissait l’institution, elles se montraient effrontées, outrageusement décolletées, affichant ce qu’au moins elles avaient de nichons. Nelly Grassof, bien lancée depuis que Reine la fit entrer dans les concubines de la directrice, étalait de très belles épaules et une gorge appétissante. On dansait au piano, et si les cavaliers manquaient, les lesbiennes actives s’arrangeaient pour les remplacer, et remplissaient à merveille leur soi-disant rôle d’homme.

La graine de gougnottes avait germé : les élèves de Reine levaient la tête et se disputaient la gloire de faire vibrer les sens de leurs compagnes, de quelque maîtresse, ou même de quelque servante. Si Hilda brillait comme favorite de la directrice, elle avait sa petite clientèle qui ne désespérait pas de la conserver ; puis, il y avait Betty et Rosy, cette dernière très bien vue de Clary ; Jane Tirressy, Hellyett Patters, Loti Dordan, se joignaient au bataillon des lippeuses de cons et de culs. La joie la plus vive éclatait à mesure que les heures de la soirée avançaient, parce qu’on espérait à quelque dernière folie qui clôturerait dignement le bal ; cette joie débordait de plus en plus, à mesure que les rangs se clairsemaient, les plus intrépides restant seules, les timorées se retirant en présence de quelques licences trop outrées. Certaines bacchantes s’enhardissaient à passer une main sous la jupe d’une maîtresse, et au mouvement il était facile de juger le branlage auquel elle se livrait. Hilda, la reine de la soirée, entourée, adulée, heureuse des compliments qu’on lui prodiguait, les yeux humides, souriait aux plus cyniques demandes et, si elle n’acceptait pas pour le moment, ne refusait pas pour un autre jour de connaître la saveur de la cyprine de celle qui la sollicitait de la gougnotter. Quelques-unes, plus montées ne lui proposèrent-elles pas de la dévêtir toute nue, pour la porter dans le lit de miss Sticker, qui ne paraissait pas à la fête. Si les maîtresses semblaient ne pas entendre, ne pas voir, des débuts d’actes cochons, où sur les genoux, dans un coin, une petite gamine s’enfournait sous les jupes d’une grande pour lui sucer le clitoris, de même les servantes, qui présentaient des verres de sirop et de gâteaux aux jeunes danseuses, et qui comprenaient que quelque chose d’anormal se créait dans la maison, apportaient leur élément personnel de perversité. Rosine, qui jouissait d’une large indépendance, depuis qu’on l’avait reprise, grâce à la protection de Clary et d’Hilda, ne cessait de murmurer à l’oreille des plus libertines qu’il y avait mieux à faire qu’à danser, qu’elle était prête à montrer aux miss les plus curieuses, la géographie plastique d’une vraie femme, d’une femme bien bâtie. Ces insinuations habilement murmurées, commençaient à exciter de jeunes convoitises. Par le peu qu’on apercevait du corps de la servante, on ne pouvait se tromper en supposant sa peau très blanche, et ses appas très en forme. De petites effrontées ne dissimulaient pas leur tentation de la prendre au mot, et la gentille Rosy, se décidant subitement, sortit sur ses talons. Dans un cabinet demi-obscur, pièce de débarras, Rosine attrapant la fillette par un bras, la poussa dans ses cuisses où elle se trouva de suite en présence du con et du chat très épais : Rosy patouilla, chercha le clitoris, le branla et le suça, saisit dans ses mignonnes mains le gros cul de la forte fille, le pelota et le chatouilla, ne refusa pas quelques feuilles de rose, quand se retroussant par derrière, Rosine le lui plaqua sur le visage. De retour dans le salon de danses, elle communiqua son enthousiasme sur la magnifique charpente de la servante à ses intimes, et à partir de ce moment celle-ci n’eut qu’à jeter un coup d’œil pour entraîner à ses trousses une émule de Sapho. Onze heures venaient de sonner, et on ne comptait plus qu’une vingtaine d’enragées fêtardes, parmi lesquelles deux seules maîtresses, Nelly Grassof et Rina Dobrin. On cherchait Hilda et on ne la trouvait pas, on chuchotait que la directrice l’avait mandée, et on la vit qui revenait avec Rosine. Elle s’était laissée aller à connaître et à caresser les séductions de la servante, et elle en témoignait une satisfaction attendrie. La folie montait chez ces miss, entendant continuer leur plaisir, tant qu’on n’en ordonnerait pas la fin, et elles se défiaient à qui se dépasserait dans les excentricités immodestes. Que ce fût Nelly, que ce fût Rina, on les encourageait à étaler leurs instincts pervers, et quelques-unes n’ayant pas craint d’ôter leur pantalon, elles en jouaient à la balle avec les deux maîtresses, consentant à recevoir une fessée sur leurs deux fesses nues si elles la manquaient. Aline proposa de danser une gigue, et rencontra l’approbation générale. Cette gigue donna le signal à des déhanchements désordonnés, à des impudicités inouies. Rina, oubliant son titre de sous-maîtresse, exécutait la danse du ventre, toutes jupes troussées, en face d’Hilda, se tordant de rire, et essayant de la branler ; Christya, ravissante dans sa blondeur dorée, gigotait, la robe sur la tête, face à face avec Nelly, qui parfois tombait sur les genoux pour lui faire minettes. Et de tous côtés, on se surpassait en gestes obscènes. La débauche se déroulait ; pas une des miss restées là, ne voulaient reculer aux lubricités les plus échevelées, et les plus hardies se recrutaient parmi les plus bambines. Soudain un grand cri déchirant retentit et glaça le sang des plus échauffées. À peine ce cri eut-il été entendu qu’on aperçut courant toute nue, toute effarée, toute tremblante, et se précipitant dans le salon, la petite Lucy, qui semblait perdre du sang par une blessure faite aux cuisses.

— Au secours, à moi, sauvez-moi, criait l’enfant.

On se bousculait pour la recevoir, la rassurer, s’informer de ce qui lui arrivait, on n’en eut ni le temps, ni le courage : les yeux hagards, hors de la tête, les cheveux défaits, miss Sticker poursuivait Lucy, et un cri d’épouvante sortit de la gorge de toutes les élèves, en voyant la directrice toute nue, avec au bas du ventre l’organe viril. L’affolement se propagea d’autant plus facilement qu’à peine trois ou quatre de celles qui étaient là, savaient à quoi s’en tenir. Il importait cependant de sauver les apparences : heureusement que dans leur effroi les élèves s’enfuyaient vers leurs chambres, sans trop arrêter leurs regards sur ce changement de sexe de la terrible miss Sticker. Seules Hilda et Rosine demeuraient, et furent bientôt rejointes par Clary qui, n’ayant pas assisté à la soirée, arrivait au bruit occasionné par la fuite des peureuses. Lucy s’était glissé sous un sopha, et la directrice essayait de la saisir par les jambes, la menaçant du martinet qu’elle avait à la main. Stupéfaite de la révélation inattendue du sexe de sa supérieure, Clary lui lança un tapis de table pour qu’elle en couvrît sa queue. Puis, s’emparant de l’autorité, elle ordonna à Rosine d’emmener de force miss Sticker dans ses appartements.

— Bah, observa la servante, vous deviez bien vous douter un peu de ce qu’il en était !

— Oh, pas du tout ! Je supposais l’hermaphrodisme, mais pas ça.

— Moi, hermaphrodite, rugit miss Sticker, je suis un homme…, un peu court peut-être, mais je suis un homme !

— Chut, Miss Sticker, dit Clary, retirez-vous chez vous, pensez au scandale, aux suites désastreuses qui en découleraient.

— Cette petite gueuse de Lucy est seule dangereuse, aidez-moi à la prendre pour que je la ramène chez moi.

— Je veux quitter cette sale maison, cria l’enfant sous le sopha.

— Retirez-vous sur le champ, insista avec violence Clary, au moins pour l’honneur de la maison et le salut du personnel ; disparaissez de ce salon, je vois aux portes des yeux qui cherchent à se rendre compte.

En effet, des maîtresses, des servantes, et aussi quelques élèves revenaient.

— De quel droit me parlez-vous ainsi, Clary, reprit sèchement miss Sticker ! je suis seule juge de savoir ce qui convient ou non.

— Vous êtes folle, Miss Sticker, et j’agirai à votre égard comme on le fait

d’une folle. Rosine, je prends la responsabilité

des événements ; aidez-moi à saisir la directrice, puisqu’elle ne veut pas se soumettre à la raison ; nous l’emporterons dans sa chambre.

— Non, non, intervint Hilda, laissez-moi la ramener ; elle consentira à me suivre.

— Tu étais là, Hilda, et je ne te voyais pas ! Oui, viens, allons-nous-en, je m’occuperai plus tard de cette affaire. Mais, Clary, notez-le, je me souviendrai de votre usurpation de pouvoir.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre

IX


La terreur planait sur la maison. Les jours qui succédèrent à la soirée de bal, les sévérités se déchaînèrent implacables. On fouettait, on flagellait, un fustigeait pour une peccadille, comme dans les vieux temps. L’autorité de la surveillante générale surenchérissait sur celle de la directrice qui, froide, mauvaise, impassible, exerçait inspections sur inspections dans les classes et les études, s’acharnant après celles qui avaient pu surprendre le secret de son sexe. Un regard douteux croisant le sien, et quelque fût l’âge, la jeune fille, appelée durement au milieu de la salle, recevait l’ordre de relever ses jupes, d’ouvrir le pantalon, de présenter les fesses aux mains fouetteuses ou au martinet cingleur. Miss Sticker sévissait, sévissait, et les jolies rondeurs blanches du postérieur étalées sous ses yeux, elle frappait, patinant par moments le satiné de la peau, pinçant les rebords rembourrés pour bien marquer sa colère, lorgnant avec luxure la largeur de la fente des culs, dans l’idée confuse de les enculer une nuit prochaine.

Ah, la confession de la petite Lucy à Clary, après que miss Sticker se fût retirée avec Hilda, laissait prévoir la rage érotique qui commençait à dominer la directrice, rage susceptible d’exposer à bien des dangers, maîtresses, servantes et élèves ! Elle n’avait pas voulu que l’enfant assistât à la fête, parce qu’elle était descendue au cachot visiter miss Lisbeth pour la consoler, la caresser, la gamahucher, ainsi que cela lui fut rapporté. Lucy, si rétive au début à gougnotter, se prenait de passion pour le cou, le minet, le cul de Lisbeth, et les dévorait de suçons à toute occasion. Pour la punir, miss Sticker la garda dans son cabinet de travail, et peu à peu, entendant les échos des danses, elle finit par lui commander de se dévêtir toute nue, afin d’exécuter sous ses yeux, pour la distraire, quelques gentilles poses mimées. Lucy avait l’habitude de la nudité, que lui demandait souvent Lisbeth, et elle ne pouvait songer de refuser à la directrice. Lorsqu’elle fut nue, elle s’exécuta, se lança dans de gracieuses attitudes, inspirées par l’écho assourdi du piano, et elle réussit à intéresser miss Sticker, à lui plaire. Celle-ci l’assit sur ses genoux et la combla de baisers. Oh, elle était bien contente, bien heureuse d’être ainsi caressée, et de son côté, apprivoisée, elle rendait les baisers, entourant de ses bras le cou de miss Sticker. Puis, la directrice se déshabilla à son tour. Lucy ne s’effrayait pas de la machinette qu’elle avait sous le ventre, Lisbeth lui ayant affirmé qu’elle la possédait à cause de son pouvoir de directrice d’une grande institution de jeunes filles. À partir de ce moment, elle n’éprouva plus le même plaisir aux caresses et aux bonnes manières. Miss la fouettait très fort sur les fesses avec son machin, et par instants elle essayait de le pousser dans son derrière, voulant s’en servir comme d’un clyso. Ça lui faisait si mal qu’elle en pleurait et ne retenait pas ses gémissements, et miss n’insistait pas davantage. Elle le logea alors entre ses petites cuisses, et ça la chatouillait drôlement. Elle ne pleurait plus, mais riait, et miss satisfaite, versa de la liqueur bien sucrée et bien brûlante dans des petits verres ; elles en burent trois ou quatre et la tête lui tournait. La directrice devenait de plus en plus cochonne, et elle s’en amusait bien ; elle lui demanda de sucer le bout de son machin qu’elle avait saucé dans la liqueur, et elle le suça pour bien le nettoyer. Elles jouèrent alors à saute-mouton. Miss se mit à quatre pattes, et elle lui sauta par-dessus le dos, les épaules, et quand elle avait le derrière sur sa tête, elle lui envoyait une lichée. À son tour, elle se plaça sur les bras et les genoux, et miss lui passa pardessus ; dans cette position elle essaya encore une fois de lui donner un lavement avec son machin, mais la souffrance était intolérable, et elle reçut le martinet parce qu’elle se défendait. Elle voulut bouder : était-ce raisonnable d’abuser de sa force et de son autorité pour essayer des choses impossibles ! Miss Sticker eut pitié, se releva, la reprit sur ses genoux et la câlina. Elle ne bouda plus, au contraire, elle lui permit de placer le machin au milieu de ses cuisses où il la picotait. De temps en temps, elle sautait en l’air et le repoussait, parce que le bout se durcissait comme du fer, forçait dans le coin, et qu’elle avait peur d’être trouée. Miss Sticker la rassurait en lui rappelant que Lisbeth et Hilda avaient été trouées, et s’en montraient très heureuses. Elles buvaient de nouveau de la liqueur, et la tête lui pesait tellement que le sommeil fermait ses yeux. La directrice la porta sur son lit, la coucha, la mignarda, et elle s’endormit. Elle ne savait pas combien de temps elle reposa. Elle se réveilla, parce qu’entre ses cuisses et par derrière, elle sentait le machin qui s’escrimait pour la crever, et elle trembla de peur. Oh, que miss Sticker était méchante ! Elle la battait à coups de poing sur les épaules, sur le dos, poussait son machin pour l’enfoncer, et elle aurait bien hurlé de douleur, mais elle avait un mouchoir sur la bouche. Elle se débattait de toutes ses forces, elle se tordait, et le machin glissait ; il se remettait vite en place, il la blessait, elle sentait le sang qui coulait sur sa cuisse. Quel supplice épouvantable ! Elle suppliait le ciel de lui envoyer du secours, et elle fut exaucée : miss Sticker eut une faiblesse, son machin plia, sembla devenir tout mou. Elle lui retira le mouchoir de la bouche, et elle voulut la reprendre sur son cœur pour la caresser. Lucy parvint à s’échapper sans savoir comment, et elle courut en appelant à l’aide.

À cette confession, Clary frémissait. Si l’enfant parlait à d’autres, à des parents, à des amis de sa famille, le malheur s’abattait sur toute la maison. Elle-même se voyait compromise par les débauches qu’elle se permettait et qu’on dénoncerait. Comment arranger l’affaire ! À ce jour, après l’avoir longtemps catéchisée, elle avait envoyé Lucy à l’infirmerie, en lui recommandant surtout de ne parler à personne de cette aventure, sous peine de s’exposer à de très graves périls, où il lui serait difficile de la protéger. Le moins qui lui arriverait consisterait dans le renvoi de la maison, avec un rapport adressé à sa famille où on l’accuserait de mensonge et de perversité. Ses parents croiraient ses maîtresses et non ce qu’elle leur raconterait. Lucy ne manquait pas d’intelligence : la dépravation subsistait dans son âme ; elle jura de garder le silence, à la condition que la directrice ne la molestât plus. Il fallait dissiper tous les doutes, étouffer toutes les mauvaises impressions. Dans un long entretien qu’elle eut avec la directrice, Clary lui signala le danger couru par son fait, s’humilia pour effacer toute rancune de son esprit, approuva sa décision de conserver l’apparence du sexe féminin, la suppliant néanmoins de se modérer dans ses passions, si toutefois elle ne se décidait pas à céder la direction de l’Institution ou à la vendre : elle lui fit lire le châtiment pénal qu’elle encourait, elle et ses complices, si le bruit de ses excès charnels transpiraient au dehors. Elle sut prêcher, elle sut convaincre. De la débauche secrète, hypocrite, tant que cela lui plairait, oui : par compensation, au grand jour, de la dureté et de l’inflexibilité ! Plus de favorite, plus de houris : un terrorisme qui s’appuierait à la rigueur sur l’œuvre de la chair pour punir. Il était aisé de transformer en idée coercitive l’essai de dépucelage de Lucy. Clary se chargeait de semer l’effroi et de rétablir la discipline. Miss Sticker demeura intraitable pour ses préférées : elle maintenait les faveurs dont elle entendait les gaver : du reste, selon les circonstances, elles expiaient cruellement leur influence : Hilda, Lisbeth, Reine, servaient d’exemples. Le régime proposé par Clary, à part cela, lui convenait, et on l’appliquerait. La maison reprit son aspect sévère d’autrefois : maîtresses, sous-maîtresses, élèves et servantes furent de nouveau tracassées par l’appréhension des corrections. Mais, les esprits émancipés de toutes ces catégories d’êtres ne tardèrent pas à remarquer que les règlements fléchissaient à l’heure du coucher. Ni miss Sticker, ni Clary, ni Nelly Grassof, ni d’autres ne renonçaient à la luxure. On prenait plus de précautions, on en parlait moins, on agissait peut-être davantage. Reine servait d’entremetteuse pour les fantaisies charnelles des autorités de la maison. Ne connaissait-elle pas de A à Z les disciples de Sapho, dans leurs goûts particuliers ! Elle pouvait recommander telle grande fille pour la façon dont elle supportait les minettes, pour les gentilles attitudes qu’elle adoptait : elle pouvait citer à côté de celles n’admettant en volupté que le rôle passif, celles dont la langue fonctionnait avec adresse : elle avait des notes sur les acquises à la débauche, sur les aspirantes, sur les intraitables. Oh, elle étudiait son champ de perverses : les branleuses et les suceuses figuraient en regard des vestales et des Diane conquises, les premières se laissant peloter et chatouiller de la main, les autres accordant avec grâce leur devant et leur derrière au travail d’une langue savante. Elle s’inquiétait même des manies personnelles, pouvait indiquer que pour manœuvrer celle-ci, il fallait entièrement disparaître sous ses jupes, afin que nul ne fut à même de soupçonner son vice, qu’au contraire pour celle-là, il était urgent de relever tous ses atours en lui ôtant son pantalon, afin qu’elle vous voit la gamahucher. il y en avait qu’on devait prendre d’assaut, et d’autres rejoindre dans leur chambre pour bien allonger la sensation. Quelques unes ne marchaient qu’au water-closet, et d’autres dans la salle d’études, avec le piment d’être surprises, Aussi, Clary usait-elle de son expérience, et sous ses attitudes d’implacable sévérité, l’envoyait-elle en ambassadrice. « Je voudrais miss A, disait la surveillante générale. » S’il y avait à faire, Reine lui apprenait que miss A faisait une excellente poupée, mais ne possédait pas le mécanisme pour marcher par elle-même. B, au contraire, aimait de fourrager du nez et de la langue, tandis que C jouait des lèvres à donner la chair de poule ; L, par exemple, montrait un des plus beaux postérieurs de la maison, et comme elle en accusait de la fierté, elle trouvait toujours qu’on ne le léchait pas assez. Chargée de décider une de ses compagnes à accepter le caprice de Clary, elle lui donnait rendez-vous dans sa chambre, où elle aboutissait toujours dans sa négociation, et conduisait elle-même la fillette chez la surveillante.

À l’expiration de leur peine pour s’être battues, Reine et Lisbeth avaient réintégré leurs chambres sans aucune manifestation d’intérêt passionnel de la part de la directrice. Lisbeth, dépitée de voir qu’Hilda exerçait à nouveau son influence sur Jean Sticker, se renferma dans une attitude digne et réservée, qui contrastait avec son passé. Elle écrivit pourtant deux fois à son amant et n’en reçut aucune réponse. L’ère de sévérités qui sévissait lui conseillant la prudence, elle voulut oublier la semi-royauté dans laquelle elle vivait, étant favorite. Mais la luxure couvait avec trop d’intensité pour ne pas éclater de ci de là. Les élèves, condamnées à s’observer, échangeaient des regards et des mots qui produisaient encore plus d’effet que l’offre directe impudique. Il y en eut qui plaignirent Lisbeth et qui la courtisèrent. Si elle n’était plus l’astre lumineux de la directrice, elle se vit étoile désirée par beaucoup de ces cervelles détraquées, et elle jeta le mouchoir. Sans reconnaissance pour Lucy, qui affichait un réel amour à son égard, elle accorda ses faveurs à Loti Dordan, qui la gougnotta plusieurs nuits avec tant d’ardeur qu’elle faillit la sécher et la rendit malade. Oh, les passions véritables qui, remplaçant les petites cochonneries collectives, accouplèrent des grandes et des moyennes, ou même des unes et des autres avec des petites. Pour être d’un sang plus froid que les continentales, les jeunes miss s’enrôlaient avec joie dans le bataillon des perverses, et le mal rongeait encore plus chez les enfants que chez les fillettes et les jeunes filles, où subsistait encore un assez fort groupe d’intransigeantes vertueuses. Lucy, dédaignée par Lisbeth, était retournée à Christya, et la suçait selon ses anciens désirs. Si une brusque explosion de colère entraînait de cruelles et dures flagellations, si l’effroi se changeant en terreur dictait une sagesse hypocrite momentanée, les yeux parlaient entre amoureuses, et il s’inaugurait un langage de jupes très habile. Une petite fille qui épinglait un ruban au-dessous de sa ceinture annonçait ainsi qu’elle acceptait de sucer le con de la première venue ; une grande qui agissait de même demandait le contraire, une gougnotte. Entre deux amoureuses si, passant l’une près de l’autre, ne pouvant se parler, l’une troussait très légèrement la jupe, cela signifiait un rendez-vous au water-closet, dont l’heure s’indiquait par un doigt touchant le nez un certain nombre de fois. Si la jupe se soulevait avec les jupons, imperceptiblement même, cela désignait qu’on se réunirait la nuit. Les intelligences éveillées se tenaient au courant des actes des maîtresses, et peu à peu s’affranchissaient du respect qu’on leur devait. Et les sévérités, loin d’enrayer l’épidémie de luxure, la développaient, parce qu’on y devinait des arrière-pensées. On savait les licences autorisées pour la nuit, les gougnottes attitrées avaient un carnet où elles notaient leurs visites nocturnes, se disputant la clientèle des plus chaudes et des plus jolies, la jouant même par des lettres prises au hasard dans un livre. Aux récréations se bâclaient les accords les plus extraordinaires : Betty traitait pour Reine et pour elle-même : on passerait à telle heure dans telle chambre, on y resterait soit l’autre, un quart ou une demi-heure, pour aller satisfaire à une chambre plus éloignée, une deuxième, une troisième camarade, etc. Naturellement le carnet de Reine ne supportait aucune concurrence : cependant, Hilda se trouvait aussi très demandée, et elle devait s’entendre avec Reine pour certaines visites. Étrange, bien étrange maison d’éducation ! L’orgie lesbienne, petit à petit, mordait tous les cœurs, et les passions des jeunes miss s’affirmaient résolues, invincibles. Les billets couraient d’étude à étude pour se lier d’amour ou de cochonnerie, et les sous-maîtresses ne reculaient pas à servir de messagères, depuis que Jane Tirressy avait écrit à Rina Dobrin qu’elle la gougnotterait à onze heures devant toute l’étude, et que cela avait été exécuté. Quelle force eût été capable d’endiguer une telle désagrégation morale ! Clary qui, à cette heure, connaissait le nom de toutes celles ayant été dépucelées par Jean Sticker, et qui supputait le risque couru par la maison, étudiait avec la servante Rosine le moyen de détourner l’orage, inévitable dans un avenir plus ou moins rapproché. Rosine, liée avec des serviteurs de quelques grandes villas voisines, raconta à Clary que leurs maîtres, du moins les fils, se plaignaient de ce qu’un régiment de pucelles, comme celles casernées chez miss Sticker, ne sortît pas du parc, pour qu’on pût au moins essayer quelques flirts. Ce propos suffit pour ouvrir les idées à la sagace surveillante générale. Sur son conseil, Rosine leur fit savoir que s’ils osaient, ils auraient quelque chance de trouver de temps en temps l’occasion d’un flirt, des grandes filles se promenant souvent dans une allée surélevée du parc, qui côtoyait la route, presque toujours déserte, et qu’elles s’appuyaient sur la balustrade qui surplombait pour rêver sans doute à l’apparition d’un amoureux. L’hameçon était lancé, prendrait-il ? À tout événement il s’agissait de créer un courant sur le point du parc désigné, et pour cela Reine s’offrait à merveille pour le rôle d’aimant.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre

X


Un jour, Clary entraîna la Française de ce côté, sous prétexte de causer à l’aise : elles s’assirent sur le bord de la balustrade, admirant la route qui serpentait sous les arbres, et soudain, Clary entendant un bruit de bas, prétexte d’avoir oublié quelque chose pour planter là sa compagne et la prier de l’attendre. Reine n’y vit aucun inconvénient. La surveillante n’avait pas plus tôt disparu, qu’elle aperçut un gentleman de trente à trente-cinq ans, marchant sur la route, les yeux fixés sur un gros livre. Il paraissait si absorbé dans sa lecture qu’elle l’examina à l’aise, et qu’ennuyée du peu d’attention qu’il lui accordait, elle toussa légèrement. Le monsieur sursauta, regarda tout autour de lui et, voyant Reine, il ferma son volume, et sans aucune hésitation, s’avança pour la saluer. La jeune fille était loin d’être timide, elle répondit au salut, et inspectant si rien ne la troublerait, elle dit avec un peu d’ironie :

— Vous lisez un livre bien intéressant, Monsieur !

— Très intéressant, Miss, mais qui cesse de l’être du moment où j’ai la bonne fortune de vous parler.

— Oh, bonne fortune, quelques mots sans portée.

— Que non pas, car si c’est la première fois que vous daignez me voir, je vous ai aperçue bien souvent dans le parc, et je guettais une occasion de vous causer.

— Me causer !

Elle n’en revenait pas, et elle dévisagea l’individu : pas du tout désagréable. Mais qui pouvait-il bien être, elle le lui demanda :

— À qui ai-je l’honneur de causer, Sir ? Je serais heureuse de l’apprendre, puisque vous prétendez m’avoir remarquée.

— Sir Harold de Gromann, propriétaire non loin d’ici, et m’ennuyant beaucoup dans ma maison.

— Vous n’êtes pas marié ?

— Oh, Miss, le ciel me châtierait !

— Si vous étiez marié, et pourquoi ?

— Parce que je ne me permettrais pas de vous causer.

— Ah !

Elle était bien seule dans ce coin perdu du parc, et Clary en avait bien pour vingt minutes avant d’être de retour. Le monsieur paraissait bien gentil et bien convenable, et quelle distraction s’offrait là de bavarder avec quelqu’un d’étranger à la maison. Résolue de caractère, elle dit crânement :

— Eh bien mais, puisque vous voulez causer, ne pourriez-vous monter sur cette balustrade, il n’y a personne pour vous voir, et je ne me tordrai pas le cou pour vous regarder au-dessous.

— Ah, Miss, ah, Miss, quelle gracieuse invitation, mais comment grimper, c’est un peu haut !

— Cher Monsieur, si vous désirez vraiment flirter, vous n’accusez guère d’imagination ! Tenez, par là, il existe des creux dans le mur, on dirait une échelle mise à votre disposition.

L’audacieuse créature tendait les armes pour être battue ! Le voulait-elle déjà ? Sir Harold eut bientôt fait de se hisser auprès d’elle. Il savait n’avoir rien à redouter ; on l’invitait à la causerie. Des intelligences ouvertes avec la maison, guidaient depuis deux à trois jours sa promenade sur la route longeant cette partie du parc. Le travail de Rosine aboutissait. Le Pall-Mall-Gazette, qui avait révélé les scandaleux viols commis par quelques Grands du Royaume-Uni, permettait de tabler sur l’appétit charnel de certains ogres pour les fruits verts. Et le fruit, avec lequel on alléchait Sir Harold, quoique n’étant pas précisément vert, ne pouvait qu’attirer d’autres gourmets de chair fraîche. Leur complicité, acquise à l’Institution, constituait le salut pour miss Sticker et son état-major de luxurieuses. Le chapeau à la main, Sir Harold s’avança de Reine et dit :

— Miss, je me suis présenté, m’accorderez-vous l’honneur de m’apprendre en présence de qui je me trouve.

— Reine de Glady, dix-sept ans passés, française, et ne craignant qu’une seule chose, de ne pas assez… aimer !

— Voilà une profession de foi nette et franche ! Savez-vous que, faite au milieu de cette solitude, elle est pour inspirer toutes les audaces.

— Je ne les défends pas, à la condition qu’elles me plaisent, et qu’elles ne témoignent pas des violences très prononcées et très prématurées. Asseyez-vous près de moi et causons, flirtons, puisque vous m’avez remarquée, ainsi que vous le prétendez. Où ça, cher Monsieur ?

— Dans vos récréations et dans vos promenades.

— Vous ne manquez pas d’aplomb ! Vous m’avez distinguée au milieu de mes compagnes, et quand je m’égarais à travers les allées du parc ? Et d’où, s’il vous plaît ?

— Caché sous les arbres.

— Sous les arbres de la route ! Non, mais me prenez-vous pour une petite dinde !

— Non, non, pas les arbres de la route, mais ceux du parc, où je m’étais introduit.

— Vous ne saviez pas où monter pour me rejoindre ici ! Cher Monsieur Harold, si vous commencez votre flirt par de sottes histoires, ni fini ! Je ne suis pas de vos compatriotes, à l’esprit froid et posé, et qui sont plus faciles à attraper que les françaises les plus affranchies. Dites-moi aussi nettement et aussi franchement que je l’ai fait : « Je vous ai aperçue, il y a un instant, sur la balustrade, votre petit genre ne m’a pas déplu, et votre maîtresse s’étant éloignée, je n’ai pas hésité à me montrer. » N’est-ce pas la vérité ?

— Vous êtes un adorable petit démon !

— Ai-je deviné ?

— Je l’avoue en toute humilité, et vous me subjuguez plus que je ne saurais l’exprimer.

Elle partit d’un joyeux éclat de rire, appuya une main sur son bras, et le visage tout mutin, reprit :

— Nous sommes d’accord sur les préliminaires, ne perdons pas notre temps et flirtons.

Il prit la main et la porta à ses lèvres ; la lui laissant embrasser et caresser, elle l’examina avec plus d’attention, et l’examen étant favorable, elle lui donna une petite gifle, en disant :

— Quel chahut si on nous surprenait ainsi, assis côte à côte.

— En effet, et il importe de ne pas vous créer des ennuis. Ne pourrait-on se dérober aux regards curieux dans une discrète allée, où on ne craindrait pas d’être trahi au beau milieu de notre flirt !

— Si, si, venez par ici, il y a une petite grotte qu’on jurerait avoir été construite exprès.

Une prostituée ne procéderait pas avec plus de laisser-aller et plus de hâte ! Reine n’était plus pucelle, elle avait perdu sa virginité avec Jean Sticker, et de plus elle l’avait outrageusement trompé avec son maître d’équitation Fréfré ! Voulait-elle tâter d’un nouvel amant, pour se distraire de ses instincts lesbiens trop satisfaits ! On ne pouvait en douter à l’ardeur avec laquelle elle entraînait Sir Harold, tout ému d’une aventure se dessinant si promptement heureuse ! Les arbres les entouraient plus touffus, plus serrés, on ne distinguait plus rien autour de soi. Le chemin qu’ils suivaient très rétréci, se compliquait de branchettes qui le coupaient à mi-hauteur de jambes, par ci et par là, les obligeant à se presser l’un contre l’autre. Elle le tenait par la main, en jeune écolière, mais cette main, il l’attirait contre son cœur, et à mesure qu’ils marchaient avec plus d’entraves par les broussailles les enveloppant, il ne reculait plus à l’enlacer pour la soutenir et l’empêcher de trébucher à des lianes qui rampaient sur le sol. Elle n’y voyait aucun inconvénient, et ses sens très éveillés s’excitaient à cette promiscuité mâle, s’échauffaient à l’oppression des désirs qu’elle sentait naître. Plus on avançait et plus la solitude s’accentuait : leur respiration sifflait du même émoi charnel qui les gagnait, tous deux sûrs qu’ils ne cherchaient la grotte que pour y abriter la satisfaction du rut qui leur brûlait le sang au même degré. Adam et Ève, au paradis terrestre, couraient avec le même vertige, sous la feuillée, au contact de leurs épidermes en feu. Entre l’homme dissolu qui chassait sur des terres interdites, et la fille-femme qui jetait son bonnet par-dessus les moulins, l’accord bestial se concluait sans l’échange de paroles. La nature endormait-elle leurs âmes, si différentes et par le sang saxon et par le sang latin, l’instinct sexuel seul les dominait, à mesure qu’ils s’enfonçaient sous des taillis plus épais. Il la tenait presque dans ses bras, veillant à ce qu’elle ne se déchirât ni la peau, ni l’étoffe de ses vêtements, elle lui indiquait les passages qui raccourcissaient, ils laissaient les allées pour arriver plus vite, ils comprenaient la même secousse des désirs qui les agitaient, tant ceux-ci se précipitent lorsque les circonstances aident la bonne volonté réciproque du mâle et de la femelle ; à une éclaircie gazonnée, il se pencha brusquement et l’embrassa sur le front. Elle sourit, se dégagea et dit :

— Oh, ceci est plus que du flirt, Sir Harold, et je ne sais pas si je ne commets pas une grave sottise en vous conduisant à la grotte !

Ne fallait-il pas que sa rouerie féminine couvrît sa défaite, si vite consentie ! Il répondit :

— Enfant, parce qu’on aspire à votre beauté, est-ce renoncer au flirt ! Voulez-vous que je m’agenouille et baise vos petits pieds ?

— Oui, je veux bien.

Il se prostrait immédiatement, et il lui saisissait le pied qu’elle tendait un peu en avant de la jupe, pied mignon et coquet, que moulait la bottine en peau de chevreau. Et ce pied, élégamment chaussé, dont il secoua la poussière de quelques rapides coups de mouchoir, le serrant délicatement dans une main, il le porta à ses lèvres et le baisa. Que n’eût-il pas baisé dans la fièvre qui le secouait et qu’il voyait partager par la belle enfant ! Constatant qu’elle ne se dérobait pas à sa caresse, il remonta vers la cheville, palpa les mollets, et s’arrêta devant le pantalon, comme elle retirait la jambe, en s’écriant :

— Assez, assez, Sir Harold, d’embrasser mon pied ne vous autorise pas à aller plus loin !

— N’avez-vous pas dit que vous autorisiez toutes les audaces !

— Ne confondons pas les mots ; j’ai dit que je ne les défendais pas, à la condition qu’elles me plaisent.

— Et elles ne vous plaisent pas, Miss Reine ?

— Reprenons notre route ! Voyez-vous ce mamelon, derrière ce fourré, c’est le dessus de la grotte.

Elle s’élança légère et vive dans cette direction, et il bondit à sa suite : un chemin en lacet les conduisit à une ouverture très sombre, sous un gros mamelon terreux, et ils pénétrèrent dans une vaste salle circulaire, prenant le jour par des petits trous percés de distance en distance. Sur le sol parqueté, on distinguait vers le milieu de la grotte une table rustique, entourée de chaises en bois, et dans la partie la plus obscure du grands hamacs suspendus. Grotte de silence et de recueillement, où le père de miss Sticker et de mistress Gertrie venait philosopher, et qu’on visitait très rarement depuis sa mort. Mais la gamine française connaissait mieux le parc et ses curiosités que sa propriétaire. Succédant à la grande clarté du jour, l’ombre, qui les enveloppait, prédisposait à toutes les compromissions de conscience, et supprimant tous les discours, feintes d’attaques et de défenses. Dès l’entrée, Harold attrapait Reine par la taille, et la portait, presque défaillante, jusqu’à une chaise sur laquelle il s’installait, en la plaçant sur ses genoux. Elle laissait aller la tête contre son épaule, elle se rendait avant d’être assaillie, et ses lèvres se livraient au fougueux baiser qui les saluait. Alors ce fut la scène délirante de lascivités qui dictait une victoire si inattendue ! L’homme, bête de proie, sur ce corps qui s’abandonnait, fondit comme un vautour, retroussant brutalement les jupes, dénouant le pantalon qui le gênait et l’enlevant, expédiant les mains sur les sexualités, y penchant les yeux pour les scruter dans leurs moindres mystères, secouant la jeune fille saisie de vertige et tendant sa chair, pour qu’on en jouit plus vite. Elle défaisait son corsage sans y réfléchir, et montrait sa poitrine, déjà formée, avec les nichons, globes parfaits de joliesse et de séduction ; elle acceptait de se mettre à cheval sur les cuisses de Sir Harold, et elle caressait de ses doigts fins et soignés la queue assez forte qui s’approchait de son con : elle fendait les cuisses pour faciliter l’attaque, il murmura :

— Tu connais l’homme, ma petite ?

— Ça ne te regarde pas, puisque je me donne, prends-moi, et tais-toi.

— Oh, tu es une merveilleuse créature.

— Ce n’est pas ton affaire, baise-moi et tais-toi.

Dans la passion qu’elle lui inspirait, passion que lui inspiraient ses jeunes grâces, et aussi le stimulant de cette aventure, un peu extraordinaire dans une institution de jeunes miss, il couvrit son visage de baisers enflammés. Puis, lui patouillant les fesses, il la remit debout devant lui, voulant la fouetter à cause de ses brutales répliques. Elle lui rit au nez, lui échappa et courut au fond de la grotte. Il se précipita à sa poursuite, et il la vit qui grimpait à une petite échelle, pour atteindre un des hamacs. Il l’arrêta par la jambe, et comme elle lui tournait le dos, qu’elle se laissait faire, il la retroussa par-dessus les reins, dévoilant son postérieur rond et blanc, aux fesses dodues et pleines qui semblaient le narguer ! Ah, il ne résista pas à la tentation, il fouetta de tout son cœur, à pleines mains, éprouvant de délicieux frissons au contact de cette peau douce et fine, sur laquelle par moments il se délectait à de brûlantes caresses, qui alternaient avec les claques. Avec une teinte d’ironie, elle lui dit :

— Ne tape pas si fort, si quelqu’un errait par là, il t’entendrait, et il nous surprendrait. Hein, quel branlebas dans la maison. Mon derrière ne mérite pas d’être ainsi battu par ta main.

— Oh, les belles pommes !

— Le flirt prend une tournure à laquelle je ne m’attendais guère, ni toi non plus, j’en suis certaine.

— Est-il possible que l’Institution Sticker contienne d’aussi ravissants postérieurs !

— Laisse-moi m’installer sur le hamac : Clary peut me chercher, me découvrir, et ton flirt serait terminé. Viens près de moi, on s’y blottira, on s’y cachera.

Pour mieux le contraindre à agir, l’effrontée française lui lança un petit coup de pied dans l’estomac, et sauta sur le hamac, solidement amarré, et qui se mit à osciller. Harold, ivre de désirs, se débarrassa de sa culotte, et y grimpa, non sans quelque difficulté : elle l’attira, ses jupes déjà relevées vers le cou, ses cuisses étalées pour l’enconnement. C’était bien toujours ce même tempérament de luxure qui s’offrait, comme il s’était offert à Fréfré. Elle connaissait le jeu de l’amour, elle voulait en user. Harold ne s’était jamais trouvé en présence d’un tel caractère féminin : il se sentait pressé dans les bras de Reine, qui le baisait sur la bouche, et arrangeait les jambes autour de sa taille pour qu’il eût toute latitude de la bien posséder : sa queue, enflée et forte, s’élançait vers ce jeune con déjà conquis à l’amour, et qui l’invitait au plaisir ; elle en franchissait l’accès, s’engouffrait dans le vagin, dont elle prenait possession, pour commencer les amoureuses trépidations du coït, au milieu du balancement du hamac que, Reine, par des coups de hanches, s’amusait à activer ; l’adaptation des épidermes se faisait, les poils masculins s’unissaient aux poils féminins, toute la queue était avalée par le con ; folle enfant de volupté, Reine déroulait ses cheveux, bravant tous les dangers, et les éparpillait autour de la tête de l’amant : les mains fiévreuses d’Harold pétrissaient les chairs de ses fesses ; jambes masculines et jambes féminines se heurtaient, s’entrecroisaient ; les ventres se rejoignaient et luttaient pour provoquer le germe viril, la queue allait et venait dans le con, chatouillant le vagin de ses violentes secousses ; tout à coup Reine éclata d’un rire si sincère, qu’elle en décontenança son baiseur.

— Qu’as-tu donc, mauvaise diablesse, demanda-t-il avec humeur ?

— Je pensais que ce serait bien drôle si le hamac se détachait, et si nous nous écroulions tous les deux sur le parquet. Nous nous défoncerions peut-être les côtes, et on nous emporterait sur des civières. Juges-tu de l’effet ? On te mènerait en prison, pour avoir suborné une mineure ; je sais qu’on est très sévère en Angleterre pour ces histoires-là. Quelle que soit ta position sociale, tu ne te sortirais pas facilement de ce mauvais cas, et pour ma part, on me chasserait de la pension, on me renverrait à ma famille, et ça, ce serait encore plus drôle !

— Oh, ma chérie, ne bavarde pas tant, je ne veux pas examiner toutes les horreurs que tu évoques, et que tu dis si drôle ! D’ailleurs, je te tiens et je me moque de l’univers.

— C’est vrai, ça ne t’empêche pas de marcher, vilain homme, tu as repris la place que tu avais désertée… et, je t’y garde. Laisse-moi t’expliquer ce qu’il y aurait de très drôle à ce que je fusse chassée de chez miss Sticker : on m’a mise en pension ici, parce que petite fille, je n’avais pas été sage en France : il fallait me dompter, la sévère miss Sticker répondait de me rendre à la fin de mes classes aussi sainte qu’une madone. Et, comme j’ai toujours eu d’excellentes notes, on me croit corrigée. Vois-tu le tapage si on me chassait pour inconduite ! On dirait partout que je suis une nature pourrie, incorrigible, et pourquoi, parce que les autres me trouvent gentille, je suis assez bonne pour satisfaire leurs cochonneries. Rentrée chez miss Sticker, débauchée, je quitterais la maison tout aussi débauchée ! Ah, quelle farce, et que ce serait amusant ! J’ai bien envie de crier pour qu’on nous surprenne !

Épouvanté, Harold lui appliqua la main sur la bouche pour éviter qu’elle cédât à la tentation : elle lui embrassa la main, la repoussa avec douceur et murmura :

— Va, n’aie pas peur ; tu jouis dans mon petit con, et j’en suis bien, bien contente, trop, pour t’attirer des ennuis. Ah, c’est bon tout de même !

Elle se tordit sur les bras, et eut un court spasme, comme Harold déchargeait son sperme dans la matrice, et perdait la notion des réalités.

L’acte était consommé : Reine, jeune et gentille pensionnaire de l’institution Sticker, venait d’ouvrir ses ailes à son troisième fouteur.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre

XI


Cependant Clary était rentrée dans les bâtiments scolaires, et, sans se préoccuper de ce qui pouvait advenir de sa chère petite amie Reine, montait droit à la lingerie, où elle rejoignait Rosine. Celle-ci s’arrêtait dans son ouvrage et, les yeux interrogateurs, murmurait :

— Sir Harold ?

— Je l’ai entendu sur la route.

— Et vous n’avez pas surveillé !

— Très peu. Il ne convenait pas que je me laissasse soupçonner, j’ai vu pourtant qu’elle l’avait fait grimper sur la balustrade.

— S’il a grimpé, elle y passera. Il n’y a plus qu’à bien tenir la queue de la poële : Vous êtes décidée ?

— Oui, débarrassons-nous de ce lot de perverses, on verra après.

— Dites donc, et nous autres ?

— Les grandes personnes ont tous les droits : les élèves n’ont qu’à se soumettre à leurs fantaisies, sans prétendre exercer les leurs. Puis, il faut enrayer cette stupidité de favoritisme, qui place une pécore au-dessus de tout le monde, en nous exposant à de terribles dangers : il importe d’obliger miss Sticker à vendre la maison, et nous y parviendrons en la plaçant en face d’une dénonciation possible. J’achèterai avec l’argent de…

— Sir Harold et de ses amis ; vous penserez à moi.

— Tu auras de quoi vivre tranquille dans ton pays.

Quand Reine, après avoir été baisée par Harold, et l’avoir ramené à la balustrade, se faufila dans sa chambre pour y faire sa toilette à fond, elle ne fut pas que peu surprise, en ouvrant la porte, d’y voir Clary assise, l’attendant, et qui lui dit :

— Eh bien, ma petite, où donc te cachais-tu, que je t’ai cherchée partout, sans te dénicher.

— Tu m’as cherchée, pourquoi ?

— Parce que je m’inquiétais. Qu’as-tu encore imaginé ?

— Moi, rien ; j’ai rêvé ! Mais, je voudrais bien travailler.

— Je te gêne ! On n’est pas plus gracieuse pour mettre les gens à la porte.

Avant que Reine ne fût sur la défensive, Clary se jetait sur elle, la retroussait et fourrait le nez dans ses cuisses.

— Ah, j’en étais sûre, tu es bien toujours la même putain : tu as attiré cet homme et il t’a baisée.

— Comment savez-vous que j’ai vu un homme ?

— Tu pues le foutre.

— Vous n’êtes pas maligne, Clary ! Me supposez-vous une petite bête ! J’ai bien deviné que la présence du Monsieur et votre prompt départ cachaient une mystérieuse entente, j’ai compris qu’il y avait là un coup monté. Eh bien, le coup m’a plu, et je l’ai accepté. Que mijotez-vous là-dessus ?

Clary demeura interloquée de cette perspicacité, mais répliqua :

— Des hommes qui savent, qu’on a mis au courant de ce qui se passe dans la maison, et qui veulent en profiter, sous peine de dénoncer notre défaut de surveillance et l’immoralité qui en résulte.

— On vous offre de l’argent, Clary, pour livrer des fillettes à des débauchés ! Je m’abstiens de tout commentaire, cela ne me regarde pas. L’homme que j’ai satisfait ne me déplaît pas, mais je ne veux pas être compromise. S’il doit y avoir du grabuge, décidez miss Sticker à écrire à mes parents que je suis assez savante, et que le climat de France m’est nécessaire. On a assez flagellé mon pauvre derrière dans la maison, pour l’avoir suffisamment vu : et, quant à moi, j’ai fourré le museau sous assez de jupes pour éprouver la curiosité de connaître ce que voilent celles du dehors.

— On étudiera cette question, ma petite, mais ton concours m’est trop précieux pour que je m’en prive en ce moment.

— Mon concours !

— Tu recevras ton amant ce soir ?

— Ça oui, et tu veilleras à ce que rien ne m’ennuie, où, je te le garantis, je saurai me venger. Je ne suis plus une mioche, et j’en connais assez sur toutes pour qu’on me traite avec des égards. Si j’accepte les punitions, c’est parce que ça me chatouille d’être fouettée ou flagellée, et non parce que je me soumets.

— Ton amant ne viendra pas seul ?

— Un ami accompagnera mon amant, comme ça te fait plaisir de dire, et j’avais pensé à toi pour cet ami.

— À moi, grand merci ! Je ne mange pas la part des élèves !

— Alors, il veut déjà… quelqu’une. Qui ?

— Tu es de plus en plus perspicace.

— Laquelle ?

— La petite Lucy.

— Une enfant de onze ans, celle que miss Sticker…

— Ton dépuceleur ! Bah, ne t’inquiète pas à son sujet. Le duc Albert d’Ottinicher ne lui fera pas grand mal : il lui faut des gamines, toutes jeunettes.

— Mais, c’est épouvantable.

— Pas tant que ça ! Elle est à demi-déflorée, et le vice est assez dans son âme pour qu’elle consente à être tripotée. Il se peut que les jeux de la main… ou de la bouche lui suffisent.

— Et comment t’y prendras-tu pour la décider ?

— Ne t’en occupe pas ; ne songe plus à ce qui peut se passer dans la maison, puisque tu désires que miss Sticker engage tes parents à te retirer.

— Oh, qu’on ne fasse pas du mal à cette pauvre petite Lucy, ni à d’autres.

— On ne leur fera que du bien.

Le complot ourdi par Clary et Rosine entrait en exécution ; Reine avait marché, on la tenait ; il fallait qu’elle favorisât le début des petites atrocités rêvées par les deux femmes ; et elle était obligée de les favoriser par la complicité qu’on lui accordait, pour recevoir les visites nocturnes d’Harold, et pour préparer son départ définitif de l’Institution. Elle devenait ainsi la première dont on se débarrassait, elle, la cause de toutes les perturbations morales de la maison. Reine, d’ailleurs, commençait à s’ennuyer ; elle avait trop abusé du saphisme, et elle se sentait débordée par toutes les imitatrices qui couraient après les occasions de gougnotter maîtresses et élèves ; s’ennuyant, elle se jetait dans l’amour masculin qui se présentait en la personne d’Harold. Celui-ci avait été encore plus satisfait qu’il ne l’espérait, en enfilant la jolie Française, et il comptait bien récidiver le plus souvent possible. Instruit par son valet de chambre que dans l’Institution Sticker, il se pratiquait des scènes de débauches scandaleuses, il n’avait pas résisté à la tentation d’y participer. Sur son ordre, son domestique s’informa comment il pourrait s’y lancer dans les aventures galantes, et on lui conseilla de se promener du côté de la balustrade, où il fit connaissance de Reine. Mais il n’avait pas été le seul à être mis au courant. Très lié avec le duc Albert d’Ottinicher, un amateur effréné de fruits verts, que ses quarante-cinq ans bien employés rendaient souvent inviril, et dont il partagea nombre d’orgies crapuleuses, il ne fut pas peu étonné d’apprendre que lui aussi connaissait les mystères de l’Institution. Ils s’entendirent de suite pour en profiter. On convint que si Harold obtenait une preuve quelconque de la véracité des bruits colportés, le soir même, il s’introduirait dans la maison avec le duc. Reine lui ouvrait sa chambre : Rosine se mit d’accord avec son valet de chambre, pour faire pénétrer les deux hommes dans la maison. Oh, elle pouvait sans crainte s’engager. Aucune autorité ne s’affirmait plus dans l’intérieur des bâtiments, la nuit venue. La directrice, de plus en plus entichée d’Hilda, la gardait dans son lit ou s’enfermait dans sa chambre, la baisant comme un coq sa poule favorite.

C’eût été cynique si ailleurs il ne s’était pas passé des scènes autrement osées. Les servantes, perverties par le mauvais exemple que donnaient Clary, Nelly Grassof, Rina Dobrin et d’autres, rôdaillaient par les couloirs des chambres, guettaient les rendez-vous entre élèves, pour se glisser chez les fautives, exigeant durement d’être branlées ou gamahuchées par les minois qui leur convenaient. Si une malheureuse essayait de refuser, elle s’empressait bien vite de céder devant la volée qu’elle recevait, devant la menace d’être dénoncée devant tout le monde, dans la maison et au dehors, comme une pourriture viciant ses compagnes. Une nommée Charlotte, une belle fille de vingt-huit ans, brune et solide, une allemande, une de celles, qui, avec Jenny, avaient la poigne la plus dure pour la flagellation, s’imposait à Aline, laquelle tremblait toutes les fois qu’elle apparaissait dans sa chambre malgré son dépucelage par Jean Sticker. Il n’était donc pas difficile à Clary de trouver des aides pour la débâcle qu’elle voulait amener dans l’Institution. Peu avant qu’Harold et le duc Albert se présentassent, Clary, bien renseignée, entra inopinément chez Christya, et y surprit en flagrant délit la petite Lucy, qui la gamahuchait. Simulant la plus sainte fureur, elle attrapa l’enfant par les jambes, la jeta sous un de ses bras, et la fouetta vigoureusement, l’agonisant de sottises sur son ingratitude, qui la poussait à persévérer dans ses mauvais instincts, alors qu’elle l’avait tirée des mains de la directrice. Lucy pleurait, sanglotait, voulant se justifier, mais son petit cul claquait sous la main implacable de Clary, qui finit par lui ordonner de la suivre en chemise au cachot. Quant à Christya, elle aurait de ses nouvelles le lendemain. Celle-ci avait caché sa tête sous les draps. Elle n’ignorait pas le propre dévergondage de Clary, qu’elle refusa quelques jours auparavant de gamahucher, son goût n’y étant pas : elle savait que Jean Sticker, malgré les coups de queue, dont il l’honorait parfois, ne la défendrait pas, et elle redoutait une nouvelle flagellation plus sévère que celles déjà éprouvées. Elle ne s’interposa pas entre la surveillante générale et la pauvre Lucy qui, toute tremblante, en chemise, avec un simple châle sur les épaules, descendit dans les cachots. Ah, si elle avait vu le sourire de triomphe de Clary, combien elle se fût effrayée ! Elle se contentait de verser des larmes en silence, surprise d’être attrapée, alors que dans les chambres voisines, d’autres de ses camarades s’ébattaient aux plus savantes luxures. Le cachot où on la conduisit se trouvait situé à l’extrémité d’un couloir souterrain, et elle ne sut douter être la seule enfermée ce soir là. Elle s’étonna bien un peu qu’on la mît dans un ce ceux destinés aux grandes, le lit en fer étant assez long et assez large, mais elle se laissa tomber sur les deux genoux, les mains jointes, en voyant Clary prendre le martinet qui pendait à sa ceinture, et elle l’implora pour qu’elle ne la frappât plus, jurant qu’elle regrettait d’avoir quitté son dortoir et qu’elle ne recommencerait plus. Clary, qui avait levé le bras pour la flageller, s’abstint de sévir encore sur le gentil petit postérieur, et se radoucit pour recommander à l’enfant d’être bien sage si quelqu’un venait la voir et lui demander de se montrer aimable, complaisante. Suivant la façon dont elle se conduirait, il ne serait plus question de sa faute. La petite Lucy comprit bien que quelqu’un de puissant dans la maison ne tarderait pas à la rejoindre pour solliciter ses bons offices de cochonne, et, heureuse d’en être quitte à si bon compte, elle promit de s’afficher très bonne suceuse, surtout si c’était la bonne madame Clary qui la visitait. Clary sourit à cette réponse et la laissa, ayant mieux à s’adresser qu’à cette gringalette. Commençait-elle à dormir, ou dormait-elle depuis longtemps ! Lucy ouvrit des yeux effarés à la vue d’une grande et forte femme, qui pénétrait dans le cachot. Elle se pelotonna d’instinct dans ses draps, et s’apeura à l’aspect de cette personne qu’elle ne connaissait pas, et qui, en dépit de son visage imberbe, lui semblait être plutôt un homme. Elle frissonna en la voyant s’asseoir sur le bord de son lit, et attirer d’une main rude ses draps sur les pieds. Son petit corps fluet et mince apparut dans toute sa gracilité enfantine, et elle rougit très fort au contact d’un doigt qui errait entre ses cuisses, sans minet, au contact d’une main qui se posait sur son ventre et le couvrait en entier. Elle se souvint de la recommandation de Clary et se surmonta, demanda à l’inconnue si elle était une nouvelle maîtresse. On lui répondit affirmativement par un signe de tête, en même temps qu’on lui indiquait de se lever : elle ne se révolta pas de ce qu’on lui retirait sa chemise. Oh, le pauvre petit corps gentillet et mignon, sans tétons et sans chat, avec son petit cul rond et bien dessiné, ses cuissettes grassouillettes, ses mollets dodus. Déjà le duc Albert, car c’était lui costumé en femme pour apprivoiser l’enfant, bavait sur ce jeune fruit, où se cicatrisait la tentative de viol de Jean Sticker ; il l’installait sur ses genoux, et il pelotait ces mièvres féminités, comme s’il eût tenu dans ses mains la plus jolie femme de la terre : il passait et il repassait la main sur le visage de Lucy, s’effarouchant de ses étranges manières ; il trahissait des fébrilités de gestes qui l’inquiétaient, et où elle retrouvait des symptômes du viol dont elle faillit être victime. Quoi donc, qu’avait cette femme de la fureter tout le temps avec son annulaire entre les cuisses, de la grattouiller dans la fente de son cul, et de gigoter des jambes en la faisant sauter comme un petit agneau ! Aussi, elle ne laissa pas répéter deux fois de se recoucher, heureuse de fuir des attouchements qui l’énervaient et l’épouvantaient. Et, lorsque dans ses draps, après avoir éteint la lumière de nuit qui éclairait la pièce, elle sentit son corps qui se glissait, elle eut un subit recul en reconnaissant dans ce corps tout nu, qui s’approchait du sien, le corps d’un homme, et cet homme avait sous le ventre une plus forte et plus grosse machine que celle de la directrice ; seulement elle était molle et flasque, tout en cherchant à se placer entre ses petites cuisses. Lucy se tordit dans tout son être, tendit en avant les bras, pour repousser cet atroce contact. Pauvre mignonne, que pouvait-elle ! L’homme était robuste et l’écrasait de tout son poids : il lui pressait la tête contre la poitrine à l’étouffer, et sur cette poitrine, à la place des seins, il y avait des poils. Elle mordit, et elle reçut une violente fessée. Une fureur l’animait, elle ne voulait pas de ce qui se préparait. Elle se débattit encore davantage, avec un courage désespéré, essayant de lancer des coups de poing : elle était enserrée par les bras et par les jambes, et dans ses cuisses, elle constatait avec terreur que la machine molle et flasque se durcissait, et poussait avec rage là où la directrice la fit saigner. Que faire, que faire ? Une bête féroce s’acharnait après son petit corps. Non, non, elle ne voulait pas de ça. Plus elle se défendait, plus elle succombait sous l’emprise du méchant ; et hélas, plus elle agissait, plus la machine devenait dure, plus elle la poursuivait. Elle ne pouvait remuer ni ses reins, ni ses cuisses ; cela dépassait les bornes ! Oh, la violence de cette barre de fer qui forçait pour s’enfoncer dans son ventre ! Quel supplice et quel dégoût ! Elle préférait à cela lécher le devant et le derrière de toutes les maîtresses, de toutes les élèves ! C’était vraiment par trop fort de la martyriser ainsi ! Ah, le méchant, le méchant, il n’avait donc pas de cœur de lui donner une telle souffrance ! Elle jeta un cri déchirant qui aurait dû l’arrêter ! Un coup de poing sur la tête faillit l’assommer et la vouer pour toujours au silence. Ah la, la ; ah la, la ! Elle se tenait en boule, elle luttait avec une énergie surhumaine, non, elle ne voulait pas ça, et ça ne serait pas. Oh, cette vilaine machine dure, dure, qui s’entêtait à rester dans ses cuisses, et qui poussait, poussait ! Mais où prétendait-elle donc aller par là ! Dans un mouvement brusque elle évolua, se cramponna au lit pour se retourner, aspirant que son derrière s’intercalerait et empêcherait de continuer la pression entre ses cuisses. Ah ben non, elle ne fit que mieux offrir son petit con à l’assaut de cette saleté ! Dans une dernière inspiration, elle se secoua comme une torpille, pour déplacer sans cesse la machine, et tout à coup elle se sentit mouillée. Elle eut peur d’être assassinée, elle crut avoir blessé l’objet, qui saignait à gros flots bouillants sur sa chair. Dans l’angoisse qui la saisissait, elle ne bougea plus, s’attendant à être durement châtiée ! Ah, quelle chose bizarre, la main de son persécuteur caressait sa peau, tandis qu’il lui disait :

— Oh, la petite coquine, elle m’a fait jouir, parce que je ne la dépucelle pas ! Ce sera pour une autre fois.


Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre
Passions de jeunes miss, Bandeau de début de chapitre

XII


Oh, le silence lugubre qui règne dans les bâtiments de l’Institution Sticker ! Sans doute, c’est la nuit, et la nuit on repose, on dort. D’où viennent les ombres qui glissent à travers les galeries et les couloirs ! Quels sont ces êtres, enveloppés de longs et larges peignoirs blancs, qui se répandent par les étages de la maison ! On ne se parle pas, on se sépare en plusieurs groupes ; il y a là des hommes et des femmes ! Sont-ce des fantômes qui errent pour réclamer les prières des vivants ? Voilà toute une suite de petites portes et devant ces portes quelques-uns s’arrêtent, alors que d’autres continuent leur route, fouillant à droite, à gauche, si rien d’insolite ne se dissimule. Les portes sont fermées, on cherche en vain à les pousser, à tourner le bouton, elles ne s’ouvrent pas. A-t-on mis une targette à l’intérieur ? Non, la serrure est fermée à clef. Il n’y a pas de règlements et d’ordres sévères qui tiennent ! Plutôt la flagellation, avec les fesses écorchées par des lanières en cuir, que d’être exposées à des violences inattendues. Ainsi pensent les élèves. Précaires précautions. Un rossignol a raison de la serrure, la porte s’ouvre, un homme s’élance dans la chambre et la referme. À la tête du lit, blottie dans un coin, une fillette, au visage livide, se croit en sûreté, le lit la séparant de l’intrus. Le peignoir a roulé à terre, un homme nu est devant les yeux d’une fille de treize, quatorze, quinze ans, peut-être plus, peut-être moins.

— Grâce, grâce, murmure l’enfant, ne me faites pas de mal !

— Je ne veux que ton bien : viens sur ton lit.

— Non.

— Tu vas descendre à la salle de punitions, ta chemise déchirée par les coups de martinet dont je te régalerai le derrière et les reins.

— Ne soyez pas cruel.

— Viens sur ton lit.

L’homme a un martinet à la main ; il le lève, la fillette cède, plutôt toutes les cochonneries que d’avoir la peau abîmée par la flagellation ; elle vient sur le lit, et le corps agité de soubresauts convulsifs, ne se recule pas, quand l’homme s’étend à son côté, prend sa main, la guide vers sa queue en demi-érection.

— Allons, brandouilles cet outil, et fais que je jouisse, ou par ta main ou par ta bouche, ou de toute autre façon, si tu veux achever ta nuit en paix.

— Je ne suis pas en pension pour cet ouvrage.

— Qu’est-ce à dire ? Ne débauches-tu pas les petites filles de huit, neuf et dix ans ! Allons, allons, quand on pervertit les autres, on appartient à l’armée de luxure, et on doit obéissance aux plus forts, ma belle enfant. Secoue ma queue avec plus de cœur, ou je te la cloue dans le cul.

Les portes que l’on franchissait ainsi étaient marquées d’un signe, une étoile presque imperceptible dans un angle obscur, que ne voyaient pas les occupantes. L’étoile désignait la chambre d’une brebis galeuse. Pas d’hésitation possible pour agir. Le Monsieur du dehors, invité à se repaître de paillardises, entrait et agissait comme il l’entendait vis-à-vis de la fillette.

Reine avait quitté l’Institution Sticker, et après Reine, Lisbeth et Aline partirent à leur tour. Peu à peu les pensionnaires, présentes à l’arrivée de la jolie Française, se remplaçaient par les nouvelles venues, mais la graine de saphisme germait de plus en plus. Hilda n’était plus la favorite de Jean Sticker. Elle se fit encore prendre, en train d’être enfilée par un godmichet placé sous le ventre de Clary. Elle ne reçut pas la flagellation cette fois : toute sa division réunie, la directrice, lui ayant fait attacher jupes et chemises sur les épaules, la condamna à exécuter trois fois le tour de la salle de travail, en la poursuivant à grands coups de pieds dans le derrière. Au troisième, elle la flanqua à la porte et lui commanda de marcher dans cette tenue tout autour du bâtiment, pendant une demi-heure. Toute rouge de confusion, le visage en larmes, surveillée par une sous-maîtresse rigide, Hilda subit cette honte, rencontrée par les serviteurs des deux sexes, lui décochant force quolibets, et, sur la porte de sa chambre, dans le petit angle obscur et insoupçonné, s’apercevait l’étoile de luxure. Lassée de son favoritisme, finissant toujours mal, écœurée des actes obscènes qui se commettaient avec une audace sans cesse croissante, jalousée et enviée de celles qui aspirèrent à lui succéder et qui, n’ayant pas abouti, la dénigraient auprès des grandes et des moyennes ; elle revenait à des sentiments de sagesse. La nuit, elle dormait paisiblement sans plus se préoccuper des tentations charnelles : le sang posé des Anglaises reprenait le dessus dans son tempérament. Elle pensait n’avoir rien à redouter de personne, et si elle fermait sa porte à clef, elle le faisait parce qu’elle savait que, dans la nuit, des personnes étrangères à la maison circulaient à travers les bâtiments scolaires. Et voilà qu’un soir, devant sa porte, s’arrêta le duc Albert d’Ottinicher. Hilda lui avait été signalée comme un fruit d’une saveur toute particulière, pas vierge sans doute, mais au repos depuis assez de temps. Entré dans la chambre, le bruit de la porte qui se refermait, quoique très léger, réveilla l’ex-favorite. D’un saut, elle bondit derrière son lit, et si elle était moins livide que bien d’autres, son visage très pâle trahissait son effroi et son ennui.

— Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? s’écria-t-elle.

— Pas de bruit, ma belle, cela ne servirait à rien.

— Je suis maîtresse de ma personne.

— Tu n’es maîtresse que de tes paroles. Crois-moi, pas d’histoire, ou je t’ouvre le ventre avec un couteau.

Hilda eut peur. L’homme avait en effet un couteau à la main. Elle n’est plus pucelle, il le lui dit : qui le lui a appris ? Elle murmure :

— Pourquoi m’assassineriez-vous ?

— Qui parle de t’assassiner ! Une simple échancrure à ta cuisse, ou au bas de ton ventre, pour voir la couleur de ton sang ; cela pour me venger si tu résistes.

— Jetez votre couteau.

— Tu viendras sur ton lit ?

— Oui.

Le noble duc d’Ottinicher lança son couteau dans un coin, arme inoffensive, apporté plutôt pour effrayer l’ancienne maîtresse de Jean Sticker. Hilda s’était étendue sur le lit, il l’examinait dans toute sa sexualité avec une attention scrupuleuse. Oui, elle avait cessé d’être fille, mais elle conservait sa gracilité d’enfant : des cuisses joliettes, et des petits, petits nénés ! Des poils blonds et fins ; des hanches solides ; un postérieur rond et bien formé. Il appréciait cet ensemble ravissant, ni entièrement fillette, ni absolument femme, et il ne pensait plus à la petite Lucy, ni à la petite Rosy, qu’il a croquée après la première et qu’il a blessée, au point qu’on ignore si elle se rétablira jamais bien. Qu’importe au noble duc ! Ne faut-il pas qu’il satisfasse sa chair blasée ! Il userait d’une enfant de six ans, si ça lui disait. Mais plus il regardait le corps d’Hilda, et plus il trouvait qu’il avait une femme sous les yeux, non une fillette mièvre et viciée avant l’âge. Une moue de dédain errait sur ses lèvres.

— As-tu une petite amie, toute jeunette, dans la maison, demanda-t-il ?

— Je n’ai plus que mes livres.

Qu’est-ce à dire ! Voudrait-elle lui donner une leçon ! Albert s’irritant de ne pas avoir à sa portée une pucelle interdite, retourna brusquement Hilda sur le ventre, comme s’il allait rendre hommage à ses fesses, et, prenant vivement une badine, un jonc flexible et solide dissimulé dans les plis du peignoir, rejeté à terre en pénétrant dans la chambre, il se pencha sur le lit, laissant supposer qu’il allait faire feuilles de rose au joli cul de la fillette. Mais, clic, clac, la badine siffla, s’abattit sur le derrière si séduisant, et prêt à accepter l’enculage pour en avoir plus vite terminé ! Clic, clac, les coups se précipitaient, le corps d’Hilda se tordait, la badine atteignait les fesses, les reins, le gras des cuisses : folle de douleur et de colère, elle roula à bas du lit, se glissa dessous pour se cacher et éviter la flagellation. Elle n’osait crier, de crainte de s’exposer à pire. Le duc se jeta à quatre pattes pour la saisir : l’attrapant par les pieds, il parvint à l’attirer, mais elle se débattait tellement qu’il roulait par dessus elle. Ce fut la lutte opiniâtre et sans merci. Hilda griffait, giflait, mordait, frappait avec une énergie indomptable, et il la maîtrisait avec beaucoup de peine. Mais dans ses efforts pour la dompter, dans ses heurtements de corps, dans des attouchements imprévus et rapides, il bandait, il s’échauffait, et tout à coup l’embrassant, la léchant, ivre de désir, il la poursuivit pour la posséder, jurant qu’il la laisserait dormir, dès qu’il aurait joui. Elle comprit sa sincérité, et cessant de se défendre, elle s’abandonna. La queue s’enfonça sans trop de difficulté dans son con. Les assauts du coït commencèrent ; elle en possédait l’expérience et tendait le ventre pour qu’il la baisât bien et vite : elle le favorisait de son mieux dans le va-et-vient de la queue. Il n’y avait plus là qu’un homme et une femme, collés l’un à l’autre pour produire la jouissance : et elle arriva fougueuse, ardente. Une fois de plus le cou d’Hilda servait à la décharge d’un amant ! Foin des résolutions de sagesse ! Lorsque la luxure a passé sur l’esprit, il faut la vivre. Le duc ne cachait pas sa joie d’avoir abouti avec cette enfant endiablée. Il la déclarait la fille la plus précieuse de la maison. Et il le pouvait. Quelques semaines plus tard, il l’enlevait et l’emmenait dans ses propriétés, sur le Continent. Quel scandale, si c’eût été un autre personnage. La famille Lauthemann, une famille de trembleurs, capitula devant des propositions sonnantes et trébuchantes. Mais le coup fut terrible pour miss Sticker. Rongée par les soucis et les regrets, elle devenait de plus en plus sauvage et solitaire, ne sortant de son appartement que sous l’invincible besoin de rut, courant droit à la chambre d’une des houris qui lui restaient : Loti Dordan, Hellyett Patters ou Betty de Rosellen. Elle tirait son coup et en avait le remords presque instantané. La vie lui apparaissait insupportable. Elle n’était plus femme, elle ne pouvait affirmer sa qualité d’homme. Devant le flot montant d’impuretés qui souillaient sa maison, elle se résigna à vendre à Clary, offrant un bon prix, et à se retirer en Écosse. L’institution Sticker disparaissait, après avoir instruit plusieurs générations d’élèves dans la candeur, la chasteté et l’honnêteté, emportée par le grain de luxure que sema Reine de Glady, la jolie et gentille Française, enfermée là pour être corrigée, et qui trouva moyen d’y débaucher compagnes et maîtresses.


FIN
  1. L’ouvrage qui précède a pour titre : La Chute des Vierges.