Pas de bile !Flammarion. (p. 75-76).

ET VERBUM…


Voilà longtemps que la jeune Lily (cinq ans) tourmente sa pauvre mère pour obtenir l’autorisation d’assister à la messe avec sa bonne.

Samedi, sa maman — une charmante femme sujette à la céphalalgie, notez ce détail — a dit à Lily :

— Oh ! que tu es agaçante avec ta messe, ma pauvre petite ! Vas-y demain et fiche-moi la paix !

Lily est radieuse. Elle n’en dort pas la nuit. Au tout petit, tout petit jour, elle réveille sa bonne.

Et les voilà parties pour une messe du matin.

Lily prend le plus vif plaisir à cette nouveauté. Le curé et l’enfant de chœur la charment avec leur costume d’or, de dentelle et de pourpre. Les évolutions hiératiques de ces personnages l’intriguent au plus haut point. La consommation du sacrifice la scandalise un peu : ce prêtre qui boit du vin blanc en tournant le dos au monde lui fait l’effet de manquer d’éducation.

Mais, surtout, c’est la communion des fidèles qui l’amuse le plus.

Et, au déjeuner, comme on l’interroge à ce sujet, Lily explique :

— Eh bien, voilà : il y a des bonnes femmes qui s’a approché et pis qui s’a mis à genoux. Alors, le curé a venu avec un grand pot en or, et pis il a mis un cachet d’antipyrine dans la bouche des bonnes femmes.