Parisiennes/L’heure grise

(p. 8).

L’HEURE GRISE



Le soir qui monte fait la nature indistincte ;
le bourg et son clocher, le torrent caillouteux
s’étendent adoucis en des contours douteux.
Le paysage a pris une incertaine teinte.

Dans les bouleaux le vent murmure la complainte
de la mort du soleil en souffles ténébreux.
L’air, veuf de la clarté, geint comme un amoureux ;
au vent se joint le pleur d’une cloche qui tinte.

C’est la fin d’un beau jour dans la belle saison.
Tombé, le soleil traîne encore à l’horizon
de grands lambeaux pourprés qui soudain s’interrompent.

L’étoile du berger scintille, et, dans l’air chaud,
parmi les vagues bruits des terres qui s’estompent,
on entend, au lointain, le cri doux d’un crapaud.




Directeur littéraire : ALBERT de NOCÉE, Bruxelles, rue Stévin, 69.