Paris en l’an 2000/Écoles secondaires

Chez l’Auteur et la Librairie de la Renaissance (p. 100-103).

§ 3.

Écoles secondaires.

Les écoles secondaires, moins nombreuses que les primaires, ne se trouvent que dans les villes et les gros bourgs, où la population est assez agglomérée pour fournir le nombre d’élèves nécessaire à la création d’un établissement.

Ces écoles reçoivent des externes, des demi-pensionnaires et des pensionnaires complets. Du reste, comme tout ce qui concerne l’Instruction, elles sont entièrement gratuites et les parents ne payent pas davantage lorsque leurs enfants sont nourris, couchés et habillés par l’État.

Bien entendu, dans les écoles secondaires, les sexes se trouvent rigoureusement séparés. Les établissements de garçons ne sont jamais voisins de ceux de filles, et l’on veille soigneusement à ce qu’il n’y ait entre eux aucune communication.

Les écoles de jeunes gens sont tenues par des instituteurs. Ceux-ci sont bien payés et fort considérés. Pour obtenir leur position, ils sont obligés de subir des examens sérieux, et le rang qu’ils occupent dans l’estime de leurs concitoyens est tout à fait en rapport avec leur mérite et les fonctions si importantes qu’ils remplissent. Quant aux écoles de demoiselles, elles sont dirigées par des institutrices aidées du concours de quelques professeurs.

En général, les établissements de garçons comptent un grand nombre de pensionnaires et très-peu d’externes, les familles ne demandant pas mieux que de se débarrasser complètement d’enfants très-turbulents, très-difficiles à garder, et qui, une fois en liberté, ne songent qu’à courir au loin ou à tout casser à la maison.

Dans les écoles de demoiselles, il y a, au contraire, peu de pensionnaires et beaucoup de demi-pensionnaires, les parents étant bien aises de passer la soirée avec leurs petites filles, qui, elles, sont douces et sédentaires et ne pensent pas à s’éloigner de leur mère.

Du reste, les pensionnaires des deux sexes se trouvent fort heureux dans les établissements de l’État. Ils sont bien nourris, sainement couchés, ont des cours pour jouer, des jardins pour se promener, reçoivent fréquemment la visite de leurs parents et passent avec eux tous les jours de congé.

Les matières enseignées dans les écoles secondaires sont : la grammaire, la littérature, le calcul, l’histoire, la géographie, l’histoire naturelle, les arts d’agrément, la musique et le dessin, les langues vivantes et les premières notions des sciences exactes. Ces matières sont absolument les mêmes pour les garçons que pour les filles, et l’on a délivré celles-ci de l’obligation où elles étaient autrefois d’apprendre la couture, la marque du linge, la tapisserie et la broderie. Tous ces ouvrages d’aiguille ne sont plus considérés comme le complément indispensable d’une bonne éducation de femme, mais simplement comme des distractions auxquelles les élèves ne se livrent que si cela leur plaît et les amuse.

De même que les élèves des écoles primaires, ceux des écoles secondaires subissent tous les mois des examens et sont subdivisés en classes plus ou moins avancées. Les enfants, qui à cet âge ont déjà beaucoup d’amour-propre, font des efforts surhumains pour ne pas rester en arrière et devenir ainsi la risée de leurs camarades plus instruits, qui ne se gênent pas pour les affubler de noms ridicules. Les professeurs aussi s’intéressent vivement à ces examens, qui sont pour eux des titres à l’avancement, et ils ne négligent rien pour faire travailler leurs élèves et leur donner de l’instruction.

À la fin de chaque année, les enfants les plus instruits passent des examens généraux sur toutes les matières qu’on leur a enseignées. Ceux qui répondent convenablement à ces examens sont seuls admis à entrer dans les écoles supérieures. Quant à ceux qui ont moins profité des leçons de leurs maîtres, ils restent dans les écoles secondaires, où ils terminent leur éducation et atteignent l’âge de choisir une profession.