Première offrande.


Près de la lampe douce et rose,
Le long piano se repose,
Vibrant d’une valse, d’un air
De Chopin, de Schümann, d’Heller.

Et nous laissons aller nos rêves
Dans cette exquise intimité
Où les heures se passent brèves
Comme de belles nuits d’été.


Fatigué de sa vocalise
Il sommeille le jeune oiseau
Que le clair de lune hypnotise ;
Et nous, après l’Intermezzo


Ou les poèmes du vieux Dante,
Nous nous endormons étourdis,
Tant cette poésie ardente
Nous grise de son Paradis.

Le bourdonnement d’une mouche
Qui rôde auprès de l’abat-jour
Réveille ce boudoir d’amour,
Mon baiser réveille ta bouche.

Tu parles, tu chantes, tu ris…
Je t’écoute, l’âme légère ;
Ce que tu veux je le transcris,
Mon idéale messagère.


Ce livre tu me l’as dicté,
Je l’ai vécu comme toi-même,
Rendu meilleur par le suprême
Charme de ton autorité.

Lis-le, mon épouse impeccable,
Ma maîtresse, l’ange gardien
Dont la pensée est mon soutien
Pour vivre la vie implacable.