Imprimé au Devoir (p. 23-24).

LA PLUIE


Le ciel a pleuré cette nuit,
Il a pleuré sur la colline,
Et la nature, en deuil, s’incline
Sous ce lourd fardeau, qui luit…


Les petits arbres des clairières
Se sont relevés de leur mieux ;
Pour chasser les pleurs de leurs yeux,
Les fleurs secouent leur tête fière.



Le champ que l’ondée a couvert
De rosée opulente et grise,
Triste et grelottant, sous la brise,
Montre qu’il a beaucoup souffert.


Mais, de cette souffrance même,
Ô nature, tu revivras :
Dieu veut que les pleurs, ici-bas,
Aient une puissance suprême !…


Déjà les vallons enchantés,
Se sont vêtus de nouveaux charmes :
Où le ciel a versé des larmes
Naissent la vie et la beauté !…


Le ciel a pleuré cette nuit…