Par la Révolution, la Paix/Épilogue


ÉPILOGUE

PAR LA RÉVOLUTION, LA PAIX ![1]


À l’heure d’excitation et de désarroi dangereux où se trouve l’opinion française, livrée à une presse sans scrupules aux mains des puissances d’affaires, c’est le devoir de tout homme qui voit clair de parler clair et de prendre ses responsabilités.

En des jours comme ceux-ci, notre appel d’Amsterdam contre la guerre et le fascisme réalise tout son sens plein et précis.

Nul plus que nous ne hait le fascisme. Nul plus que nous n’est convaincu du danger permanent que constitue pour la France, pour le monde, la dictature hitlérienne. Nul plus que nous n’est certain qu’elle couve un dessein entêté de revanche, d’agression et de conquête, sous le machiavélisme de ses protestations diplomatiques de paix que contredisent ses publications chauvines et ses appels enragés, à l’intérieur du pays. Nul plus que nous ne veut sa ruine.

Mais précisément pour cela, nous ne voulons point que la France, que l’Europe se laissent tomber dans le piège de la guerre, qui lui est tendu par les éternels aventuriers nationalistes et les profiteurs internationaux de la guerre.

La guerre ne peut que servir à la dictature hitlérienne, en faisant autour d’elle la concentration forcée de la nation contre l’étranger. En même temps qu’elle instaurerait dans les pays qui la combattent un état de dictature, qui ne vaudrait pas mieux, et qui est le secret espoir de la réaction.

Ce n’est pas la guerre, c’est la paix qui est mortelle pour l’Hitlérisme, incapable de résoudre par les moyens ordinaires les difficultés économiques et sociales qui le serrent à la gorge. Il suffit qu’il trouve autour de lui une Europe ferme et calme, résolue à l’obliger à la paix, pour que, frappé au cœur de son prestige sans lequel aucun fascisme ne peut vivre, il se trouve en proie aux justes revendications de son peuple qu’il a abusé, trompé, opprimé, dégradé, et mené à la ruine.

La Paix est l’épreuve victorieuse des États qui ont bonne conscience et une organisation saine. L’U. R. S. S. n’a besoin de rien autre, pour prouver sa raison d’être, la puissante vérité de la doctrine qui est sa base, la légitimité des sacrifices qui ont alimenté le large cours de sa vie sociale pour des siècles. La guerre n’est jamais le recours que des États en faillite, l’ultima ratio des joueurs décavés et des désespérés, l’immonde spéculation des profiteurs et affairistes, qui prospèrent comme vermine sur la sale toison des monarchies malades et des démocraties pourries.

Nous battons le rappel de toutes les volontés saines et fermes, afin qu’elles mettent le holà aux périlleuses machinations qui se trament aujourd’hui pour lancer, de nouveau, les peuples d’Occident dans une sinistre aventure de guerre, qui ruinerait l’ensemble des nations, au profit de quelques aventuriers.

Nous voulons la Paix. Elle n’est sincère, elle n’est stable, que par un changement de l’ordre social. Par la Révolution, la Paix !

R. R.

20 mars 1935.

  1. Publié dans « Monde », 29 mars 1935.