Panthéon égyptien, collection des personnages mythologiques de l'ancienne Égypte, d'après les monuments
Firmin Didot (p. 125-126).

RÉ, RI, PRÉ, PHRÉ, ou PHRI.

(hélios, le soleil.)
Planche 24

Le dieu suprême Ammon-Cnouphis, et son fils, le dieu Phtha, ou Phtah, occupaient les deux premiers rangs parmi les personnages mythiques de la théologie égyptienne ; car Néith, émanation d’Ammon, ne formait, au fond, qu’un seul Être avec le Premier Principe qui l’avait manifestée. Ammon et Phtah régnaient dans le monde intellectuel, dans le monde supérieur ; un Être, moins ancien que les deux autres, gouvernait l’univers matériel, le monde physique : c’était Phré, ou le Dieu-Soleil.

Cet Être divin, l’Œil du Monde et l’Ame de la Nature[1], était fils de Phtha[2], l’Intelligence active qui organisa l’Univers ; Phré régna après son père : c’est le second des dynastes de l’Égypte.

Les représentations de Phré sont très-multipliées dans les sculptures des grands monuments. Il s’y montre sous une forme humaine ; mais avec une tête d’épervier, surmontée d’un disque, habituellement peint de couleur rouge ; c’est l’image du disque solaire. Les Égyptiens donnaient à ce dieu une tête d’épervier « Parce que cet animal est fécond et de longue vie ; il semble, plutôt que tout autre volatile, devoir être l’emblême du Soleil ; car, doué, par la Nature, d’une puissance particulière et occulte, il tient ses yeux fixés sur les rayons de cet astre ; c’est pour cela que le Soleil ; considéré comme le Seigneur de la Vision, est ordinairement représenté Hiéracomorphe (sous une forme d’épervier) » [3].

Cette planche nous offre, en effet, le dieu avec une tête d’épervier ; le disque placé sur sa tête est entouré corps du Serpent uræus, emblême de la puissance suprême, et qui rappelle le règne du dieu avant les dynasties humaines. Cette belle image de Phré est tirée d’un des bas-reliefs du tombeau royal découvert, à Thèbes, par M. Belzoni.

Les deux premiers signes de la légende no 1, sont phonétiques, et forment la syllabe ΡΗ (), qui est le nom du Soleil, et du Dieu, lui-même, en langue égyptienne. Le groupe suivant, dans lequel domine l’épervier, ayant la tête surmontée du disque, est le nom symbolique du Dieu, dont les deux signes précédents indiquent la prononciation ; les quatre derniers caractères répondent aux mots égyptiens, NOUTE NAAF NEB MPÈ, Dieu-Grand, Seigneur du Ciel, titres ordinaires de cette divinité. Les groupes hiéroglyphiques 2 et 3, sont des variantes figuratives des mêmes noms divins, et répondent aux mots NOUTE, le dieu  ; le no 4 n’en diffère que par la forme symbolique du signe final Dieu ; les variantes 5 et 6, montrent le disque du Soleil, décoré de l’uræus, comme celui qui surmonte la tête du Dieu. On a placé, sous le no 7, les formes hiératiques de ce nom divin, qu’on trouve fréquemment tracé en lettres grecques, et écrit ΦΡΗ ou ΦΡΙ, sur les pierres gravées gnostiques ou basilidiennes. ΦΡΗ n’est que le mot égyptien ΡΗ ( ou Ri), précédé de l’article du genre masculin Φ (Ph). On disait ΦΡΗ, Phré ou Phri, en dialecte memphitique, et ΠΡΗ, Pré ou Pri en dialecte thébain.

Comme le dieu Phtah, son père, le dieu Phré était le protecteur spécial des souverains de l’Égypte, que l’on considérait comme membres de la famille de cette divinité : aussi les pharaons, les Lagides, et les empereurs romains, portent-ils constamment, dans leurs légendes hiéroglyphiques, les titres fastueux : Fils du Soleil, Né du Soleil, Fils préféré du Soleil, Approuvé par le Soleil, Roi, comme le Soleil, des régions inférieures et supérieures.


Notes
  1. Iamblique, Mystères des Égyptiens.
  2. Manéthon, cité par Georges le Syncelle, Chronograph.
  3. Horapollon, Hieroglyph., liv. I, §. 6.

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