Des presses de Vromant & Co, imprimeurs (p. 25-26).

SAINTE ANNE

IDYLLE


D’un pas alerte, à l’heure matinale,
____Méditatif, on s’en allait
Par la traverse ou la route banale
____En égrenant le chapelet.
Sur les épis, l’aurore « aux doigts de roses »
____Mettait une aigrette de feu ;
Les yeux remplis de la beauté des choses,
On s’en allait vers la maison de Dieu.



Voici le temple, aux abords solitaires,
____Comme à l’ombre des bois sacrés,
Humble chapelle où les divins mystères
____Tantôt vont être célébrés.
Devant l’autel, figures ascétiques,
____Deux moines, l’un blanc, l’autre noir,
Le front cerclé de bandeaux symboliques,
Sont prosternés aux pieds de l’ostensoir.


L’officiant en gestes lents et graves
____Évoque le Verbe éternel,
Et l’acolyte en des répons suaves
____Épanche son cœur fraternel.
Joignant les mains, et de sa blanche robe
____Couvrant les degrés qu’il gravit,
À l’humble Hostie où Jésus se dérobe
Il tend la lèvre, en extase ravi.



Mais une enfant, autre âme virginale,
____Qu’au logis cloue un mal sans fin,
Veut du Banquet avoir sa part égale,
____Sa part du remède divin.
Le Viatique au long des champs chemine,
____On fait cortège au guérisseur :
Ainsi jadis, aux champs de Palestine,
On cheminait sur les pas du Sauveur…


Août 1917.