Des presses de Vromant & Co, imprimeurs (p. 73-74).
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SIC ITUR AD ASTRA


L’homme renaît ; il sent pousser les ailes
Que lui promit quelque vague devin ;
L’ange déchu soupirait après elles,
Le dieu tombé remonte oiseau divin !

Il va, sans doute, ivre d’un vol agile,
Par ciel et mer et par monts et par vaux,
Se rappelant la loi de l’Évangile,
Prêcher l’amour à des peuples rivaux…

Plus de frontière et plus de convoitise !
Que si la terre assignée aux Aryens
N’est qu’un champ-clos où leur haine s’attise,
L’espace s’ouvre aux champs aériens.

Place à la Paix, éthérée en sa marche,
Que l’avion apporte au genre humain !
Telle apparut la colombe de l’arche,
Mais la colombe… est un
Taube germain !

Malheur ! Malheur ! Au Ciel même on guerroie
Et par dessus les clochers et les tours
Voici planer les grands oiseaux de proie,
Le ronflement sinistre des vautours.

Fatal orgueil ! Présent trois fois funeste !
Qui nous rendra l’azur paisible et clair,
Le libre accès de la Cité céleste,
Le silence de l’air ?

4 juin 1918.