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56 SULLY PRUDHOMME

de la figure je ne sais quoi d'ailé et d'immatériel qui provoque et prolonge la rêverie.

Le peintre de paysage est plus libre que le peintre de portraits. L'harmonie des plans suc- cessifs, les jeux mobiles de la lumière et de l'ombre, cette fantasmagorie des reflets qui enchante les yeux d'artistes, ces appels émouvants qui sortent de la terre maternelle et pénètrent ceux qui ont le sentiment sacré des origines font jaillir les sources du songe et voilà pourquoi nous médi- tons si longuement devant le Bois sacré de Puvis de Chavannes ou les matins argentés de Corot.

L'architecte est plus libre encore, car « les lignes n'ont pas un langage assez défini pour limiter notre rêve ». Ainsi les temples grecs, par leurs colonnes et leurs frontons, provoquent l'essor de nos âmes. Pourtant cet essor n'est pas infini, car les lignes des colonnes sont coupées par celles de la frise qui arrête leur élan. Nous sentons la rêverie vagabonder à l'aise autour de la grâce et de l'élégance du Parthénon, mais devant une cathédrale gothique, notre aspiration s'abandonne à son essor, parce qu'elle est sou- levée par ces ogives qui montent et emportée