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l'art parnassien 47

sources profondes. Sa Correspondance est une longue complainte : élans brisés, ardeurs meur- tries, appels vers le passé, vers l'Orient, vers la Chimère. Il se détourne avec horreur de son temps empli de bourgeois. Il mène l'existence illusoire et frénétique du fumeur d'opium. Il se désespère de ne pouvoir donner des combats de gladiateurs dans son jardin de Croisset. Il vou- drait vivre à lîénarès, dans une nature alourdie de parfums, à Rome dans l'entourage de Néron qu'il appelle le plus grand poète de l'antiquité, ou au Caire, dans le sillage de Cléopàtre, dont les mains lint's hantèrent jusqu'à la douleur cet impassible, ce malheureux qui connut toutes les frénésies du rêve.

L'Impassibilité parnassienne fut une manière subtile et savante de multiplier l'émotion, et de reproduire en des symphonies renouvelées le leitmotiv essentiel de la poésie parnassienne : ce chaut de mort qui est la plainte même de la vie.

Muni de cette énergie assouplie et d'autant plus invincible, le poète Parnassien devait être Tinter-