42 SULLY PRUDHOMME
Le fracas des métaphysiques se mêle aux ana- thèmes farouches des religions. Après la Ban- queroute de nos croyances nous constatons le désarroi de nos philosophies. Ainsi la vie de l'humanité, comme la vie de la nature, se mani- feste par d'inévitables défaites. Tout s'écroule sous la puissance invincible de la Mort. La poésie de Leconte de Lisle est essentiellement funé- raire.
Le regard de Maria de Hérédia semblait fait pour refléter la clarté et la joie d'une existence' d'Eden, mais il fut troublé par l'incessante vision de la vie tombant dans le néant. Ce noble artiste, si avide de magnifique, dont l'œuvre paraît surgir dans une gloire d'apothéose, a poursuivi à travers la vie le jeu subtil et féroce du Désir et de la Mort. Son livre, unique et essentiel, garde le souvenir des attitudes les plus Hères prises par les hommes; mais il s'ouvre par un avertissement funèbre et se termine sur un long sanglot. Ainsi ce temple chargé de trophées se dresse entre deux cimetières. La gloire humaine est une aspiration vite étouffée par les angoisses imposées par le Destin. Donc l'humanité est semblable à cette jeune fille, qui, dans sa vie ardente et fragile, n'a connu que