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L'ART PARNASSIEN 37

Deux raisons expliquent ce retour à l'imperson-

uabilité des anciens. D'abord Leconte de Lisle eut la force de se plier à la discipline de Louis Ménard, l'auteur méconnu des Rêveries d'un Païen mystique, d'un livre encore neuf sur la Morale a van t les Philosophes, et de quelques sonnets un peu durs, mais chargés de pensées. Ce Louis Ménard, philosophe profond, amant passionné de l'a me grecque, artiste subtil, à qui il ne manqua, pour être aussi glorieux que ses disciples, qu'une plus riche faculté d'invention verbale, a transmis à Leconte de Lisle et à l'Ecole Parnassienne son culte de l'antique, sa compréhension de l'hellé- nisme, sa manière profonde d'interpréter les mythes grecs, et il méritera d'être considéré par la postérité plus avertie comme le Boileau de cette nouvelle Renaissance classique.

D'ailleurs cette réaction du classicisme contre l'esprit romantique s'explique par le mouvement normal de la vie littéraire qui reproduit le mouve- ment même de la vie des choses. Deux générations qui se suivent sont toujours séparées par d'essen- tielles divergences. Des malentendus inévitables séparent les enfants et les pères. La vie se pro- longe à travers ces luttes nécessaires et les triom-