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LA SENSIBILITÉ HOMANTIQIE 33

qui connaît toutes les formes de la misère, mais qui s'arrache au mal et à la nuit, et dégage du fond de lui-même, à travers des luttes innom- brables, ces lueurs de bonté qui signalent la vic- toire de l'amour.

Parce que la poésie romantique est la confi- dence d'une sensibilité qui se plaint ou s'admire, elle dresse, au-dessus de l'univers, dans une apothéose qui s'achève en cérémonie funèbre, la figure de l'homme dévoré d'ambition ou épuisé de mélancolie. La poésie de Sully Prudhomme, parce qu'elle traduit une pensée loyale qui observe avec respect la marche des choses, rat- tache l'homme à la nature et réussit à comprendre que la dignité morale est le devoir dicté à l'homme par la nature elle-même.

La poésie romantique nous accable et nous exalte, mais elle laisse dans l'accablement et ne maintient pas l'exaltation. Elle fait connaître de magnifiques ivresses, mais, après ces ardeurs si brèves, notre abandon est plus accablant. Des Méditations de Lamartine, qui sont les chants de l'exil, sort un cri de plainte, un lamento de nos- talgie. Dans les appels passionnés de Musset, QOUS entendons un tumulte de rafale qui s'achève

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