LA SENSIBILITÉ R0MÀNTIQ1 I 21
prendre le danger de l'orgueil romantique, et il s'efforça d'échapper à cette névrose, que (îœthe a signalée, et qui fait se inèier dans les œuvres Les plus fortes le désespoir et l'audace, la mélancolie et la révolte. Quand il s'écartait des exemples romantiques, le poète obéissait déjà à une énergie intérieure et pressante. Son air anxieux révèle l,i qualité de son souci. Car il ne se contente pas de désirer, comme le romantique. Devant la vie il est simple, candide jusqu'à l'héroïsme, attentif et tremblant. C'est pourquoi sa pensée sera l'aveu de ses anxiétés : son œuvre sera l'analyse et la guérison de son tourment.
Paul Desjardins, qui a parlé de son maître avec la grâce de l'affection, l'appelle justement le Poète du Scrupule. Muni de cette arme invincible, Sullv Prudhomme dissipa vite la triple erreur des romantiques sur le vertige de l'inspiration, la subordination de la pensée au sentiment et le rôle de la nature dans la vie poétique.
D'abord il rejette «cite conception surannée et décevante du génie qui trouve la beauté dans le