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LA SENSIBILITÉ ROMANTIQUE 17

avec la collaboration des choses. On voit que cette philosophie, commandée par la sensibilité, n'a presque jamais une valeur intrinsèque. Ce qui fait son mérite, ce n'est pas la substance des vérités qu'elle renferme, mais la lumière qu'elle projette sur la force du senti mont et le prestige de ces poètes qui savent intéresser l'univers aux nuances de leur façon de sentir.

En vérité, les poètes romantiques ne nous ont guère fait que des confidences. La magnificence de leurs élans leur interdit le poème philoso- phique, et le tort des plus grands, de Lamartine dans la Chute d'un Ange et de Victor Hugo dans la Légende des Siècles, fut de traiter avec la méthode lyrique, selon les jeux bondissants de l'ignorance et du rêve, un sujet qui réclamait les plus lentes méditations.

Parce que le poète romantique a détruit en lui l'idée de loi, il ne peut comprendre la discipline de la nature. Parce qu'il ne se détache pas de lui- même, il ne sait pas suivre le noble et difficile enseignement imposé par la nature. Au lieu de

SULLY PRUDHOMME. 2