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haines profondes. La joie du sacrifice conscient est l'instrument parfait du sacrifice; parfois l'amour en atténue l'amertume, mais le savoir et la conscience exacte de l'étendue et de la portée du sacrifice en assurent toute la valeur. L'ordre qui naît du sacrifice est joyeux, et partant plus durable que l'ordre imposé par la contrainte.

Le sonnet de la mère dans la Justice met en lumière ces idées. La mère varie à l'infini ses soins pour l'enfant délicat et pour l'enfant robuste : elle « sait » que l'enfant débile doit être allaité plus longuement. La justice le réclame, et elle réclame aussi que le robuste fasse au délicat le sacri- fice d'une partie de sa part. La loi implique le sacrifice.

Cette idée de loi est-elle chimérique? Traduit- elle un noble rêve que la réalité ne cessera de démentir? Ou, au contraire, la réalité se soumet- elle, dans la complication croissante de la vie sociale, à faire au sacrifice une part de plus en plus grande? Il semble bien que le sacrifice soit un élément essentiel du droit. L'ordre juridique n'est pas réalisable sans le sacrifice. Le droit, c'est un pouvoir limité. Mon droit de propriété, c'est mon pouvoir sur un certain nombre de biens,