l'idée de loi 251
loi de contrainte. Elle s'offre comme la garantie
des intérêts de tous contre les caprices indivi- duels et les révoltes de l'envie. Elle ne tend qu'à empêcher L'homme d'être la proie de l'homme.
Cette loi ne diffère guère de la loi qui semble régler les êtres de la nature. Elle ne tient pas compte du lent et douloureux effort de la vie vers la justice et vers l'amour. Elle suppose d'ailleurs une conception de la nature pessimiste et incom- plète . Quand nous jetons sur l'univers un regard successif et bref, il semble en effet que la vie soit un jeu de forces. La lutte étend partout son ravage, comme un fléau pressant, invincible. Le premier droit est le droit de tuer pour ne pas mourir. Dans les espèces, cette loi de bataille manifeste sa puissance de dévastation, et l'amour même, qui semble la mort de la guerre, n'est qu'un « appât illusoire », par lequel la nature arrive à ses fins. Parmi 1rs humains il semble que la même néces- sité triomphe. Les désirs de l'homme sont contra- riés par les désirs des hommes, et les faibles s'effacent ou s'écrasent devant la victoire des forts- Entre les Etats, la paix semble un rêve innocent et fragile, car le bruit de la guerre gronde tou-