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ascendante de la vie, a la beauté grave d'une architecture de lois.

Il s'est d'abord heurté à la chaîne du détermi- nisme des phénomènes. Les lois de la science lui ont montré ce qu'il y a de dur et d'infranchissable dans les formes de la nature, et nous savons qu'il a été longtemps assombri par le duel de sa raison et de son cœur, de sa raison conduite par l'exacti- tude et de son cœur entraîné par la beauté de ses désirs. Car il s'est demandé si la loi humaine pouvait s'établir sans être accablée par la fatalité des lois naturelles, et son œuvre a été l'expression de ce drame de la vie qui fait sortir, des lois aveugles et mornes déchaînées dans l'univers, la loi humaine de la liberté, de la justice et de l'amour. Le poète, d'abord défait dans l'incerti- tude, a été enfin guidé par l'élan de l'aspiration, et, devant sa pensée de plus en plus épanouie, il a vu se superposer trois conceptions humaines de la loi correspondant aux trois étapes de la vie morale.

La loi, c'est d'abord la limitation réciproque des appétits. Ainsi comprise, elle est dure comme une