l'idée de loi 247
respecte les exigences des accords ou enrichit la beauté de ces accords par la trouvaille de savantes discordances: tous se plient sans contrainte à des lois primordiales. Les symbolistes ne peuvent pas réclamer la liberté absolue d'un rythme indéter- miné : la liberté, c'est l'aisance dans l'ordre et la facilité des audaces dans le respect des lois néces- saires. S'ils avaient mieux discerné les disciplines essentielles et les servitudes insupportables, leur œuvre serait moins suspendue. Cette vérité semble comprise par ceux qui ont renoncé à leurs pre- mières licences, par Henri de Régnier qui reprend le rythme de Leconte de Lisle pour traduire ses émotions si neuves devant la vie, et par Jean Moréas qui revient, dans ses Stances, à la simpli- cité classique et au vers de Malherbe pour nous ravir dans la grande mélancolie de ses rêveries d'automne.
Sully Prudhomme a raison encore d'invoquer la loi tirée de l'histoire. Car l'histoire nous montre que le génie des artistes ne peut se passer de la collaboration du temps. L'effort concerté des poètes de la Pléiade a été nécessaire pour imposer à nos oreilles l'alexandrin qui semblait prosaïque et lourd. Ce vers alexandrin, encore un peu rigide