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soit ce rythme, il doit s'astreindre à un nombre. S'il demeure anarchique, il se dissout dans l'in- détermination, et le poète apporte une prose asso- nancée qui ne constituera jamais des vers. J'ai goûté autrefois la grâce nostalgique des premiers chants d'Henri Je Régnier et la dolence savante des cantilènes de Moréas; je goûte encore aujour- d'hui ce qu'il y a de charme ou de force dans le naturalisme de Paul Fort et la finesse nerveuse de Vielé-Griffin, dans les ingénuités de Francis Jammes et les intuitions souvent puissantes de Paul Claudel. Leur prose musicale est d'une qua- lité singulière et très douce à la sensibilité audi- tive, mais elle est aussi distincte du vers que de la fade prose poétique de Fénelon et de Mar- changy. Sur ce point, la protestation de Sully Prudhomme demeure entière, infranchissable. Tous les arts sont soumis à de précises condi- tions d'expression, et le génie se révèle par la manière dont il les supporte, ou, pour mieux dire, dont il les utilise pour le plus grand effet de sa puissance. Le coloriste le plus éclatant respecte les contours des objets et applique les lois des cou- leurs complémentaires ou des couleurs contras- tées qui s'exaltent. Le musicien le plus impétueux