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SULLY PRUDHO.MME

tenir des préjugés et des chimères en exposant ses erreurs brillantes sur le génie du poète, les rapports de la pensée et du sentiment, et le rôle de la nature dans la vie poétique. Il est utile de les rappeler pour comprendre la nécessité et la force de la réaction accomplie par Sully Prudhomme.

Le poète romantique définit le génie par le délire tle l'imagination. Il reprend l'opinion la plus antique, la plus surannée, la plus insoute- nable,^ l'opinion des poètes primitifs, que nous appellerons l'opinion platonicienne, parce que Platon l'a transmise à la critique alexandrine et moderne.

Le poète primitif, surpris par les ardeurs brusques de sa sensibilité, attribuait ces agitations et ces prestiges à l'influence d'un Dieu, et ses auditeurs, charmés par ces beautés singulières, croyaient entendre l'écho d'une parole divine. Le Poète, c'est l'Inspiré ou le confident des Dieux. Quand Homère veut savoir ce qu'il ignore, il se tourne vers la Muse qu'il imagine auprès de lui, comme une compagne chargée de secrets : «