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LA SENSIBILITÉ ROMANTIQUE 7

conception romantique de la vie. La Légende des Siècles n'est pas L'épopée de l'humanité, mais le roman de l'imagination du poète se déployant à travers les âges. Toujours et partout Hugo joue le rôle essentiel, le rôle de juge, aux côtés des Eviradnus et des Rodrigue, des Roland et des Elciis, dans le duel qui se prolonge à travers l'histoire et qui déchire l'humanité. Cette épopée est le chant du poète qui, dans la solitude de l'exil et devant le tumulte des flots qui orchestre l'accent de sa voix, a voulu revivre, dans son âme multiforme et retentissante, toute la vie de l'histoire et la vie des hommes.

Le poète romantique ne se détache jamais de lui-même. Par là il continue l'œuvre de .T.-.I. Rousseau, en qui le lyrisme trop pressant énerva la sage méthode, fondée sur l'observation de la nature, — et de Chateaubriand, dont le prestige féconda ce virus romantique que nous avons tant de peine à éliminer de nos âmes.

Le romantisme, étant la négation de la loi, interpréta les plus hauts problèmes de la vie avec une audace inféconde et bruyante. Ses affirma- tions exprimées avec tant d'éclat pèsent encore sur nos sensibilités. Surtout il contribue à main-