LA NATURE ET LA JUSTICE 195
Le respect de tout homme est la justice même : Le juste sent qu'il porte an commun diadème
Qui lui rend tous les fronts sacrés. Nuire à l'humanité, c'est rompre la spirale Où se fait pas à pas l'ascension morale
bout les mondes smit les degrés.
La nature qui invitait au massacre devient conseillère d'héroïsme, et le poète suit l'élan même de la vie en proclamant qu'un acte juste et une pensée d'amour collaborent à l'aspiration universelle et se prolongent et retentissent à travers l'infini du temps :
Et je sais < j u i' l'ébranlement Qu'en battant pour le bien mon cœur ému fait naître, Humble vibration du meilleur de mon être,
Se propage éternellement.
Un dernier enseignement semble sortir de cette méditation du poète. C'est que le sentiment de la nature ne se confond pas avec ce sentiment de luxe, aujourd'hui si banal, qui orne les âmes oisives, ni avec ce sentiment trop livresque qui offre des divertissements élégants à nos heures mélancoliques. Le véritable amour de la nature est aussi difficile à connaître que le bonheur. Comme le bonheur, il est une conquête, puisqu'il est la récompense d'une ascension. Le poète nous avait appris que le bonheur est l'art d'aimer, c'est-à-dire l'art de monter. Maintenant il ajoute