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LA NATURE ET LA JUSTICE 191

elle apporte à la morale un appui essentiel et ne permet plus à l'âme humaine de se plaindre de la fragilité des doctrines que ne soutiennent plus les sanctions de la religion. Jusqu'ici l'homme demandait à l'homme de déterminer son destin et sa réponse était dictée par ses désirs ou par ses croyances. Réponse souvent haute qui traduisait de nohles angoisses! Mais aussi la diversité des réponses révélait la multiplicité de nos instincts et déchaînait le vent des batailles. Aujourd'hui la morale humaine se définit, avec une fermeté stricte, de l'observation seule de la vie, car l'homme entend dans la nature non plus le bruit anonyme de l'indifférence mais la montée de l'universelle aspiration. Le droit naturel cesse d'être le vœu de notre race avide de se distinguer de l'univers; il se confond avec la proclamation des devoirs qui sortent de toutes les lois de la vie. Le droit naturel est donc la « mise en demeure » que la nature nous fait entendre. Le sentiment de la justice est « l'injonction » qu'elle nous prescrit. Ainsi la justice est « le principe et l'origine du droit naturel », et le poète ajoute que la Déclaration des droits de l'homme, apportée par la Révolution française , a contresigné par