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SULLY PRUDHOMME

ceux qui ne sont plus et à ceux qui, autour de moi, collaborent à mes jouissances. Le monde humain ne se peut plus concevoir comme une col- lection d'êtres qui s'ignorent ou s'exploitent. L'in- dividu, débiteur de la collectivité, a le devoir strict d'acquitter ses dettes.

Doctrine très noble qui met fin à une concep- tion étroite et surannée de l'individualisme et qui semble capable de réaliser dans la paix et le droit les conquêtes réclamées ça et là avec des paroles de haine- et des gestes de menace. Mais pour reposer sur des fondements plus solides, cette doc- trine a besoin d'un appui. Elle serait vite branlante si elle ne s'appuyait par sur les assises inébran- lables de la nature. Elle serait vite effacée, si elle ne manifestait pas les plus profonds désirs de la nature. Or Sully Prudhomme nous apporte un fondement essentiel, en montrant que la solidarité ne doit pas s'exercer dans les limites du monde humain. Il convient en effet d'éviter ces démar- cations si tranchées, qui invitent l'homme à se parer de sa dignité comme d'une conquête per- sonnelle. Pour élargir les bases de nos droits, rendons plus profondes les racines de nos devoirs. Dans une récente étude M. Boutroux écrivait :