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182 SULLY PRUDHOMME

coursiers lui paraissent des imaginations enfan- tines s'il les compare à « l'effroyable splendeur du soleil que nous connaissons aujourd'hui ». Déjà dans son premier recueil il trouvait de beaux vers pour décrire la poésie du mouvement de la terre :

Ah! les fils de l'IIellade, avec des yeux nouveaux Admirant celte gloire à l'Orient éclose, Criaient : Salut au Dieu dont les quatre chevaux Frappent d'un pied d'argent le ciel solide et rose !

Nous autres nous crions : Salut à l'Infini !

Au grand Tout, à la fois idole, temple et prêtre,

Qui tient fatalement l'homme à la terre uni,

Et la terre au Soleil, et chaque être à chaque être!

Il est tomhé pour nous, le rideau merveilleux Où du vrai monde erraient les fausses apparences : La science a vaincu l'imposture des yeux, L'homme a répudié les vaines espérances;

Le ciel a fait l'aveu de son mensonge ancien, Et depuis qu'on a mis ses piliers à l'épreuve, Il apparaît plus stahle, affranchi de soutien, Et l'univers entier vêt une heauté neuve.

(Le Lever du Soleil.)

Dans le Testament poétique, il avoue encore que les inventions de la nature dépassent tous les désirs des hommes. Il répète après Pascal que notre imagination se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir, et il incline les trouvailles du génie humain devant la splendeur naturelle des choses : « Certes Homère est admirable, mais aucun passage de ses poèmes n'a fait courir dans