LA NATURE ET LA JUSTICE 173
lumière dans ce débat qui déchire l'humanité et nous préciserons les rapports de la nature et de la morale, d'ordinaire faussés et travestis par les distinctions arbitraires de l'esprit humain.
La première partie du poème de la Justice est un réquisitoire contre la nature, réquisitoire formi- dable qui se précise d'abord dans ces résumés en prose où la marche du poème se marque en traits décisifs. Retenons quelques-unes de ces formules, si mornes qu'elles semblent sonner le glas de nos illusions sur la bonté de la nature. On dirait les considérants d'une condamnation à mort :
« Les espèces ne subsistent qu'aux dépens les unes des autres par une incessante immolation des faibles. »
« Les relations des individus entre eux, dans l'espèce, sont régies par des affections étrangères à la justice. »
« Les Etats se comportent comme les espèces entre elles, à cela près que la violence s'y com- plique de plus de ruse. »
« Le pur souci de la justice ne règle pas les mutuelles relations des individus dans l'Etat. »
« Les cités se fondent, prospèrent et périssent sous l'action constante du besoin. Les bienfaits