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166 SULLY PRUDHOMME

de la doctrine de l'aspiration, fortifie sa pensée qui passa du goût de la nuance à l'âpreté, de la finesse à la puissance. Nous savons que son culte pour « le génie probe et tendre » deMichelet et pour les découvertes « merveilleuses et bienfai- santes » de Pasteur apportait à ses dernières années les plus nobles émotions intellectuelles. Il sentait dans leurs œuvres le souci de l'humanité et cette pitié créatrice qui l'avaient dérobé lui- même au dilettantisme de la mélancolie. Il avait le droit de se rapprocher d'eux comme on se rap- proche des génies familiers et fraternels. Car Sully Prudhomme, qui médite le Bonlieu, rc'est-à- dire une philosophie de la vie, et la Justice, c'est- à-dire une conciliation des lois de la nature et des lois de l'humanité, déplace l'observatoire de la Poésie. Il ne laisse plus la Maison du Berger dans la région du rêve ou dans les lointaines tours d'ivoire, mais il la transporte en pleine vie, parmi les drames de la nature et de l'homme, pour collaborer avec ceux qui font de la pensée la sœur de l'action et la créatrice du progrès. Sully Prudhomme accueillant dans la solitude do sa chambre le souvenir des douleurs terrestres, c'est Pasteur accueillant dans le silence de son